Les douze néologismes du mercredi matin

Dans le monde du numérique. «Podcastiner : remettre au lendemain l’écoute d’une émission de radio» (Jean-Yves Duhoo, cité par @Jean_no).

Dans le monde du bling-bling. «Et, surtout, elles n’ont pas peur d’amener ce que j’appelle du “glumour” dans leur travail, c’est-à-dire un mélange de glamour et d’humour» (la Presse, 2 février 2013, cahier Maison, p. 7).

Dans le monde du voyage. «Après le “surbooking”, le “surluggaging” ? Une entrée de blogue de Lio Kiefer http://bit.ly/Uv5HXe» (@LeDevoir).

Dans le monde de l’âge d’or : «Des géronto-GPS pour boomers presbytes» (la Presse, 14 mai 2012, cahier Auto, p. 5).

Dans le monde de la musique : «La chanson Fuck You [de Bad Religion] est particulièrement “rentre-dedans” et défoulatoire» (la Presse, 26 janvier 2013, cahier Arts, p. 12).

Dans le monde numérique, bis et de l’alimentation. «Le #baguetting à l’Université de Montréal. #UdeM. #Montréal http://t.co/CdUPP8aG» (@uMontreal_news).

Dans le monde de l’alimentation (en quelque sorte), bis. «Les végésexuels sont ceux qui choisissent de n’avoir des relations intimes qu’avec des végétariens» (Radio-Canada, via @PimpetteDunoyer).

Dans le monde familial. «JPRosenczweig, pdt du trib. pour enfts de Bobigny: les enfts font les frais d’une société “adultocentrée@f_inter http://www.rosenczveig.com/» (@ademorel).

Dans le monde urbain. «Un projet de “vélorues” à l’étude» (la Presse, 9 janvier 2013, p. A6).

Dans le domaine de l’aptonymie et de la toponymie. «Se faire voler son chapeau à Latuque, #aptoponymie ? http://ow.ly/gW76g» (@ChroniquesTrad).

Dans le domaine de l’aptonymie, bis. «En passant, voulez-vous un “contraptonyme” ? Bureau de la Fédération de l’âge d’or à MTL est située… rue LAJEUNESSE» (@Ant_Robitaille). Autre exemple : Mme Samson, professeure de musique.

Dans le domaine du livre. Publier beaucoup, pour un écrivain, c’est souffrir de bibliorrhée, dit (disent) Marc Zaffran / Martin Winckler (p. 285 et 299).

 

Référence

Winckler, Martin et Marc Zaffran, «Alter et Ego sont dans un bateau», @nalyses, 8, 1, hiver 2013, p. 284-301. https://doi.org/10.18192/analyses.v8i1.847

Les treize néologismes du jeudi matin

Martin Winckler, Petit éloge des séries télé, 2012, couverture

Les gens s’intéressent vraiment à toutes sortes de choses. Ces choses, arrive un moment où il faut les (re)nommer.

Vous voulez «participer à la création d’une base de données scientifique à partir des millions de photos des plantes de l’herbier de Paris» ? Vous ferez partie des herbonautes.

Des gens de bon sens ont démontré depuis plusieurs années l’existence du sous-financement dans les universités québécoises, mais vous refusez de les croire ? «Pour les recteurs, il faut parler de sous-financement. Pour les étudiants, de “malfinancement”» (le Devoir, 17 janvier 2013, p. A8).

Vous pensez que l’opinion «littéraire» de Gildor Roy est de bien peu de poids ? Vous en aurez probablement contre la «gildorisation de la critique littéraire».

Vous trouvez que l’expression «Il n’y a pas de problème» est trop banale ? Préférez-lui «Ça n’existe même pas». Cela viendra de l’anglais : «OH [overheard] at Starbucks, new (to me) expression : “not even a thing” to mean “no problem”» (@foundhistory).

Vous aimez les séries télévisées et vous souhaitez bien les distinguer les unes des autres ? «Les épisodes de dramas durent en général une heure (publicité incluse); ceux des comedies, trente minutes. Le mot dramedy désigne les fictions hybrides, flirtant avec les deux genres. Ally McBeal (FOX, 1997-2002) et Sex and the City (HBO, 1998-2004) furent les premières associées à ce mot-valise que l’expression française “comédie dramatique”, une fois n’est pas coutume, traduit parfaitement» (Petit éloge des séries télé, p. 87).

Vous trouvez votre téléphone (phone) trop petit, mais votre tablette (tablet) trop grosse ? Optez pour la phablet.

Vous êtes un col bleu de la bonne ville de Québec et vous vous faites porter pâle au travail ? Attention ! Votre maire, Régis Labeaume, pourra se moquer de votre arénalose comme de votre zambonellose (le Devoir, 6 novembre 2012). La première maladie se terre dans les arénas; la seconde frapperait, du moins on peut le croire, les conducteurs de surfaceuses (Zamboni).

Vous regarderez le Super Bowl du 3 février, qui mettra un terme à la saison 2012-2013 de football américain ? Les frères Jim et John Harbaugh s’y affronteront. Ce sera donc le Super Baugh. (On voit aussi Har Bowl et Super Bro.)

Vous appelez l’être cher sweetheart ? Sur Twitter, pourquoi ne pas parler de tweetheart ? Cela fera plaisir à Oprah.

Amateur de Twitter, vous préférez ne plus parler de hashtag ? La Commission générale de terminologie et de néologie du gouvernement français vous propose (Journal officiel du 23 janvier 2013) de mettre mot-dièse à la place. (Au Québec, on a plutôt, et plus tôt, choisi mot-clic.) Si l’Oreille tendue se fie à ses abonnés sur Twitter, hashtag a encore de belles années devant lui.

 

Référence

Winckler, Martin, Petit éloge des séries télé, Paris, Gallimard, coll. «Folio 2 €», 5471, 2012, 116 p.

Deux ou trois choses qu’ils savent du bows

Depuis maintenant plus d’un an, le texte le plus populaire de l’Oreille tendue porte sur le swag.

Plus récemment, ses lecteurs ont beaucoup consulté la définition de yolo.

Le 11 janvier, elle annonçait cela sur Twitter : «Pour la première fois, yolo (http://bit.ly/U1Cu2s ) éclipse swag (https://oreilletendue.com/2011/04/12/du-postcool/ ).»

Réponse de @PimpetteDunoyer : «selon @mlleAinee yolo est out, swag, ça va encore, mais là, c’est “bauss” qu’il faut dire http://t.co/w10QF2WT.» Un débat s’ensuivit, auquel participa @maxdenoncourt.

Quelques précisions s’imposent quant à «bauss».

Phonétique. Les sources pré-adolescentes et adolescentes consultées par l’Oreille tendue (n=3) sont formelles : un z final doit être bien audible. Voilà pourquoi on préférera à bauss, du moins en français, la graphie bows ou baws.

Historique. Le chanteur Rick Ross serait «The Boss»; c’est pour lui qu’on aurait d’abord parlé de bauss / baws / bows. Lonely Island a aussi une chanson intitulée «The Boss».

Sémantique : contrairement au swag, qui serait largement affaire d’apparence (style, tenue vestimentaire), le bauss / baws / bows serait, lui, affaire d’action, de geste (bien vu).

Grammaire. Le mot peut être un substantif («Salut, le Baws»; «C’est un baws»), un adjectif («Il est bows») ou une interjection («Bauss» !).

Genre. Épicène, bauss / baws / bows ne saurait cependant être utilisé hors de sa communauté sexuelle d’origine. Un garçon peut en trouver un autre bauss / baws / bows; de même, une fille envers une autre fille. En revanche, un garçon ne pourrait utiliser l’expression pour désigner une fille, ni vice versa. C’est comme ça.

Gestuelle. À la question de @PimpetteDunoyer («paraît qu’il faut le dire en donnant un léger coup de tête sur le côté, est-ce ds la gestuelle filiale?»), la réponse est catégorique chez les membres de l’échantillon scientifiquement choisi par l’Oreille : non. Peut-être est-ce affaire de géographie urbaine ou, de façon plus plausible, de fossé des générations (un an, à l’adolescence, est une génération).

Synonymie. Comme pour swag, cool est un synonyme possible de bauss / baws / bows.

Anatomie. Certains lient le mot à l’appareil reproducteur masculin (balls). Tous ne sont pas d’accord.

Suffixation. Certains croient qu’il est possible d’ajouter -er à bauss / baws / bows, pour faire bowser (souvenez-nous du vilain dans le jeu vidéo Mario Bros). Tous ne sont pas d’accord.

C’est tout pour l’instant.

Bows, swag, cool