Sur le site RFI, le 11 juillet 2024, on lisait ceci : «“Gardez-moi de mes amis, mes ennemis, je m’en charge”», disait Voltaire.» Selon la base de données Tout Voltaire, non, il ne disait pas ça.
Voltaire est toujours bien vivant.
« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
Sur le site RFI, le 11 juillet 2024, on lisait ceci : «“Gardez-moi de mes amis, mes ennemis, je m’en charge”», disait Voltaire.» Selon la base de données Tout Voltaire, non, il ne disait pas ça.
Voltaire est toujours bien vivant.
Soit la phrase suivante : «Notre rival — l’Anglais —, jadis et aujourd’hui encore, trop souvent, est le même.»
Quand cette phrase a-t-elle été écrite ?
En 1725 ?
En 1825 ?
En 1925 ?
En 2025 ?
Réponse dans le Devoir.
Illustration : J.-F., F. [Frère Jean-Ferdinand], Refrancisons-nous, s.l. [Montmorency, Québec ?], s.é., coll. «Nous», 1951, 143 p., p. 86. Deuxième édition.
«Et ça fonctionne. Lisez vos journaux, tendez l’oreille, regardez les médias sociaux, partout sur le globe la démagogie sonne l’hallali. La chasse est ouverte. Les réactionnaires le clament sur tous les tons, sur toutes les tribunes, tous les jours, à toute heure. Ils sentent l’odeur du sang. Ils vont la prendre, leur Bastille. Il n’y a plus que des ennemis et des intérêts communs. Et l’exécution de leurs adversaires est imminente» (p. 22).
Mark Fortier, Devenir fasciste. Ma thérapie de conversion, Montréal, Lux éditeur, coll. «Lettres libres», 2025, 137 p.
(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)
Oscar Thiffault et Marcel Martel, «Boom Boom», 1955
Voici une ‘tite histoire
Concernant un canon
Il tire en désespoir
Il porte bien son nom
C’est Boom Boom qu’on l’appelle
Il lance comme un boulet
Passez-lui la rondelle
C’t’un défonçeur de filet
Boom Boom !
C’est pas pour rien qu’on l’appelle qu’on l’appelle
Boom Boom !
Guettez-vous bien car il tire comme un canon
Boom Boom !
Quand il était bébé
Comme couche il portait bien
En hiver comme en été
Un gilet du Canadien
Comme écolier on dit
Y était un petit bonhomme
Tous ses devoirs il fit
Dans le rush [?] du Forum
C’est pas pour rien qu’on l’appelle qu’on l’appelle
Boom Boom !
Guettez-vous bien car il tire comme un canon
Boom Boom !
Ses études terminées
Et son cours en latin
Tout d’suite il met d’côté
Et court vite en patins
Pour jouer du hockey
Sur la glace dans les ruelles
La police l’a empêché
V’là qu’il joue professionnel
Boom Boom !
C’est pas pour rien qu’on l’appelle qu’on l’appelle
Boom Boom !
Guettez-vous bien car il tire comme un canon
Boom Boom !
Jouant pour Canadien
La joute fut diffusée
L’annonceur fut d’entrain
Avala son dentier
Au jeu de ce [sic] recrue
Tout le monde émerveillé
Et l’autre gardien de but
Y était pas là y était caché
Boom Boom !
C’est pas pour rien qu’on l’appelle qu’on l’appelle
Boom Boom !
Guettez-vous bien car il tire comme un canon
Boom Boom !
Quand Boom Boom et Maurice
Ainsi que le Gros Bill
Jouent cont’ une aut’ équipe
Ces joueurs qu’ont du style
On préfère Béliveau
Juliette [?] a bien compris
Ainsi que Maurice
En autant qu’c’est Duplessis
Boom Boom !
C’est pas pour rien qu’on l’appelle qu’on l’appelle
Boom Boom !
Guettez-vous bien car il tire comme un canon
Boom Boom !
On sait que l’or est rare
Aussi que l’uranium
C’qui est de plus rare encore
C’est un billet pour le Forum
J’espère qu’un jour viendra
Avant de quitter ce monde
Que je pourrai z’être là
Lorsque Boom Boom lance et compte
C’est pas pour rien qu’on l’appelle qu’on l’appelle
Boom Boom !
Guettez-vous bien car il tire comme un canon
Boom Boom !
C’est pas pour rien qu’on l’appelle qu’on l’appelle
Boom Boom !
Guettez-vous bien car il tire comme un canon
Boom Boom !
Références
Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751
Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso. ISBN : 978-2-925079-71-2.
L’Office québécois de la langue française n’apprécie pas que les autobus de la Société de transport de Montréal appuient les Canadiens de Montréal — c’est du hockey — en utilisant le verbe «Go» (voir ici, en français, et là, en anglais).
L’Oreille tendue en causera vers 15 h 15, au micro d’Annie Desrochers, dans le cadre de l’émission le 15-18 de la radio de Radio-Canada.
Lecture recommandée : Laflamme, Élisabeth, «Go Habs Go ! Les Habitants, plus qu’un surnom, une légende !», Québec français, 129, printemps 2003, p. 103-105. https://id.erudit.org/iderudit/55765ac
[Complément du jour]
On peut (ré)entendre l’entretien de ce côté.
[Complément du 25 avril 2025]
Deux rebondissements (déjà).
Sur Twitter, à 11 h 10, Dominique Malack, la présidente-directrice générale de l’OQLF, déclare ceci :
Une intervention menée par l’Office québécois de la langue française auprès de la Société de transport de Montréal (STM) a été rapportée dans le journal The Gazette, hier, puis dans plusieurs autres médias.
Je tiens à m’adresser à vous à ce sujet. D’abord, en aucun cas, l’Office ne s’est opposé à l’usage de l’expression Go Habs Go, qui est ancrée dans notre histoire et fait partie de notre spécificité québécoise. Il m’apparaît important de distinguer cela du devoir d’exemplarité de l’État imposé par la Charte de la langue française pour tout organe de l’Administration.
Je me permets aussi de revenir sur la situation plus précise qui fait l’objet d’une grande attention médiatique. L’intervention auprès de la STM n’a pas été faite à l’initiative de l’Office, mais à la suite de la réception d’une plainte d’un citoyen concernant la diffusion du message «GO ! CF MTL GO !» sur un autobus. L’Office a alors communiqué avec la STM pour l’aviser de la plainte et lui rappeler ses obligations en lien avec la Charte.
Le terme go se trouve dans un dictionnaire français et fait partie de l’usage dans la langue courante. Toutefois, il s’agit d’un anglicisme. Or, la Charte exige que l’Administration soit exemplaire en matière d’utilisation du français. Un organisme de l’Administration, comme c’est le cas de la STM, ne peut utiliser que le français dans son affichage, sauf exception, par exemple pour des raisons de santé et de sécurité.
La Charte est claire quant aux obligations qui incombent à l’État en matière d’usage du français de façon exemplaire, et l’Office a le mandat de veiller à son application.
Bonne partie ce soir !
Quelques minutes plus, par le même canal, le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, lui répond :
Go Habs Go ! : une expression qui fait partie de notre ADN, notre identité !
Il est important pour moi de prendre la parole pour remettre les pendules à l’heure concernant l’utilisation de cette expression bien chère à tous les partisans du Canadien de Montréal, ainsi qu’à tous les Québécois.
Présentement, il y a des employés de l’OQLF qui reçoivent des menaces. C’est complètement inacceptable. Cela doit cesser.
Jamais l’OQLF n’a déconseillé l’utilisation de l’expression Go Habs Go ! Je tiens à le dire.
C’est une expression rassembleuse, ancrée dans notre histoire, qui s’inscrit dans notre spécificité culturelle et historique. Elle est utilisée depuis des décennies. C’est un québécisme et on en est fiers !
Après plusieurs échanges avec l’OQLF, il est clair pour nous que cette expression consacrée ne doit jamais être remise en doute. Je vous l’annonce, à l’avenir, si une plainte est adressée à l’OQLF concernant l’utilisation de cette expression, elle sera jugée comme non-recevable.
Maintenant que les choses sont claires, je souhaite une victoire du Canadien ce soir.
Go Habs Go !
Au moins, ils s’entendent quant au match de ce soir. (Mais la journée n’est pas finie.)
[Complément du 19 juillet]
L’Oreille tendue a donné une entrevue à Maura Forrest, de la Presse canadienne, sur cette question. L’article qu’elle en a tiré a été repris par plusieurs médias, en français comme en anglais.