Autopromotion 068

Autour de 9 h 20 ce matin, l’Oreille tendue participera, dans le cadre de l’émission radiophonique Médium large de Catherine Perrin (Radio-Canada), à une table ronde sur les mots et expressions que, les uns et les autres, nous ne pouvons plus souffrir. Ce n’est pas le choix qui va manquer.

 

[Complément du jour]

On peut (ré)entendre l’entretien ici.

L’Oreille tendue avait droit à trois expressions.

En deuxième place, elle est revenue sur son perroquet d’argent de 2012, le mot urbain — pour de nouveaux exemples, voir le blogue Vivez la vie urbaine —, puis, en troisième, sur l’expression faire du pouce sur.

En premier lieu, elle avait retenu les décaleurs temporels d’énoncés : tous ces mots qui servent à dire que l’on va parler, mais qui, du fait même de leur existence, retardent le moment où l’on va enfin dire ce que l’on aurait à dire. Les exemples sont nombreux : écoutez, j’ai le goût de vous dire que, je vous dirais que, je voudrais vous dire que, j’ai envie de vous dire que, j’aurais envie de vous dire que, on parle de, etc.

Ces décaleurs et urbain sont des médiatics, plus que faire du pouce sur.

Il a aussi été question de festif, de je l’aime d’amour, de problématique, de citoyen, de ça l’a, des internets, de lol, de au niveau de, de check, de l’avenir nous le dira, de songé, de 2.0, de trop c’est comme pas assez, de O My God, de dans mon livre à moi, de ça fait du sens, de dans le paysage, de péter une coche, de on s’entend, de moi, personnellement, je, de plusieurs autres mots et expressions.

Si l’on se fie au nombre de courriels d’auditeurs et à leurs commentaires, ce sujet a touché une corde très sensible.

 

[Complément du 2 janvier 2014]

L’Oreille vient de repérer un nouveau décaleur temporel d’énoncé : on va se le dire.

On va se le dire, dit Pénélope McQuade

Autopromotion 067

Serge Bouchard inaugure ce soir, à la radio de Radio-Canada, une nouvelle série de son émission les Chemins de travers.

L’Oreille tendue y sera, durant toute la troisième heure, pour parler hockey et culture.

On y entendra notamment une composition de Georges Karam, «Allez allez les Canadiens» (2010), interprétée par «les enfants du Liban».

 

[Complément du 13 mai 2013]

On peut (ré)entendre l’entretien ici.

Autopromotion 065 et esprit d’escalier

Dans le champ lexical, émission de radio, logo

L’Oreille tendue sera à l’émission Dans le champ lexical cet après-midi, entre 13 h et 14 h, sur les ondes de CIBL, pour parler murs. Il sera question de Montréal, Paris et Bangkok; de Maurice Richard, de Charles Baudelaire, de Jean-François Vilar et de Jean Echenoz; de graffitis, d’affiches et de publicités; de mots, d’images et de sons; de la ville comme livre, bref.

 

[Complément du 30 avril 2013]

On peut (ré)entendre l’émission ici ou sur iTunes.

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Ce n’est pas la première fois que l’Oreille a le plaisir de collaborer à cette émission. Le 24 janvier 2012, elle y a lu un texte sur les clichés du sport. Le voici.

On pourrait avoir l’impression que les choses sont simples. D’un côté, il y aurait les gens qui aiment le sport, les amateurs de sport, comme on dit à la radio, voire les gérants d’estrade, quand ce ne sont pas carrément des puck bunnies. De l’autre, il y aurait ces personnes qui ont tort de ne pas aimer le sport, qui pensent que le stade a remplacé l’église, bref que nous sommes soumis à un nouvel opium du peuple.

Mais les choses, vous le savez, ne sont jamais simples. Cette opposition entre croyants et mécréants masque une vérité fondamentale : nous baignons tous, que nous le voulions ou non, dans la culture du sport. C’est même elle qui nous unit parfois.

On pourrait faire savant et prouver cela en remontant à l’Antiquité et en dissertant sur les représentations d’athlètes qui ornent les vases grecs ou romains. Concentrons-nous plutôt sur le sport moderne, celui qui a été institutionnalisé à compter du XIXe siècle grosso modo. Plus précisément encore, parlons des images, des sons et des mots du sport professionnel d’aujourd’hui.

Souvenez-vous. C’était le 16 avril 1953. Au Forum de Montréal, les Canadiens remportent 1 à 0 leur match contre les vilains Bruins de Boston, et par le fait même la coupe Stanley. Elmer Lach marque le but gagnant tôt au cours de la première période de prolongation, sur une passe de nul autre, évidemment, que Maurice «Le Rocket» Richard. Le photographe Roger Saint-Jean rate le but lui-même, mais sa photo de Lach et Richard en train de s’envoler pour se féliciter va devenir célèbre. La preuve ? Quand le quotidien le Devoir choisit huit photos «connues par la grande majorité des Québécois», la première retenue est celle prise par Saint-Jean. Vous avez bien entendu : «la grande majorité des Québécois», pas «la grande majorité des Québécois de souche» ni «la grande majorité des amateurs de hockey» — non : «la grande majorité des Québécois».

Souvenez-vous maintenant du dernier match de baseball auquel vous avez assisté. Qu’est-ce que vous avez fait au milieu de la septième manche ? Vous avez fait comme tout le monde : vous vous êtes levé et vous vous êtes mis à chanter : «Take me out to the ball game / Take me out with the crowd.» Vous faussez ? Peu importe. Vous ne connaissez pas les paroles ? Tournez-vous vers le tableau d’affichage : elles sont là. Mais surtout regardez autour de vous, regardez vos semblables, vos frères, tous unis dans une même chanson parfaitement banale et parfaitement nécessaire.

Voici le moment venu d’ouvrir votre journal. Vos joueurs favoris, ceux du bleu blanc rouge, ne sont pas en déplacement; ils font un périple de quelques matchs. Vous êtes déçu de leurs résultats ? Soyez indulgent : ils donnent leur 110 %, mais la puck ne roule pas pour eux; leur gardien paraît mal et il donne des buts douteux; il contrôle mal son biscuit et il a une faiblesse entre les jambes. L’entraîneur, quelle que soit sa langue, a bien essayé de couper son banc, mais sans succès : personne n’est capable de déjouer le cerbère de l’autre équipe. Il va falloir vous faire une raison : la sainte flanelle n’est plus ce qu’elle était, les glorieux sont une espèce en voie de disparition et ça ne sent plus du tout la coupe dans la Mecque du hockey. Les bras meurtris des joueurs du tricolore ne sont plus capables de passer le flambeau; les fantômes du Forum sont inconsolables.

Vous venez d’entendre une série de clichés. Vous les avez compris ? Allez allez : dites la vérité. Ces lieux communs jouent exactement le même rôle que les images et que les sons dont il a été question tout à l’heure. Ils servent à créer des communautés : la communauté des partisans d’une équipe; la communauté des passionnés d’un sport; la communauté soudée derrière un joueur; la communauté d’une ville, d’une province, d’un pays.

Vous pouvez bien essayer de vous isoler de cette communauté, mais vous n’y arriverez pas. Que vous y croyiez ou non, que vous le vouliez ou non, que vous le sachiez ou non, le sport, c’est vous.

Les zeugmes du dimanche matin, des Papous et des illusions

Des papous dans la tête

Aux Papous dans la tête, sur France Culture, on aime les zeugmes (exemples du 22 janvier 2012, du 15 avril 2012, du 10 juin 2012, du 25 novembre 2012, du 16 décembre 2012 et du 31 mars 2013).

Deux occurrences récentes, l’une parlée, l’autre chantée.

Durant l’émission du 31 mars 2013, Pascal Fioretto parle de la «perte de ses clefs et de ses illusions».

Dans celle du 7 avril, Guy Ciancia chante «En voiture Arthur» de François Caradec :

C’est dans un trou à Charleville
Qu’il a perdu ses illusions
Ses tifs, ses yeux, ses agobilles
On peut dire qu’il a pas eu d’fion

N.B. Qui est ce «il» ? Rimbaud, bien sûr.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)