Dictionnaire des séries 38

Si vous n’avez pas un talent naturel, vous devrez travailler plus fort que les autres, toujours donner votre 110 %, ne pas économiser vos efforts, surtout le deuxième.

On dira alors de vous que vous êtes un plombier. Vous évoluerez, le plus souvent, au sein du quatrième trio. Attention : ce n’est pas (complètement) péjoratif.

Exemples

parfois au bout d’une campagne
longue comme une gestation
avoir enfin le droit de disputer la finale
au bon endroit au bon moment
ce qu’ont raté bien des grands
et réussi bien des plombiers
(Bernard Pozier, «La coupe», p. 61)

Et ceux qui comparent [Maxim] Lapierre à un plombier
Peuvent bien aller se promener
Car ce jeune homme sera le deuxième centre
Et il aura une carrière marquante
(expos-habs, «Reprise du poème à Lapierre», RSD.ca, 1er octobre 2007)

Antonyme : compteur naturel.

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)

 

Référence

Pozier, Bernard, Les poètes chanteront ce but, Trois-Rivières, Écrits des Forges, coll. «Radar», 60, 1991, 84 p. Ill. Réédition : Trois-Rivières, Écrits des Forges, 2004, 102 p.

Tout tout proche

L’Oreille tendue ne manque jamais une occasion de le dire : ses lecteurs ont l’oreille tendue.

L’un d’eux, lisant Pierre Foglia dans la Presse, remarque l’expression de proximité.

Il se passe quelque chose et je ne parle plus ici d’édition. Je parle d’un changement qui va pas mal plus loin que le bio. Un intérêt, les 10 000 exemplaires en témoignent, pour une agriculture différente, de proximité, notamment dans la grande couronne de Montréal, sur des petites surfaces, sans machinerie lourde, une autre idée d’envisager le territoire, même une autre façon de remuer le sol, en surface sans en bouleverser la structure chaque fois… (1er juin 2013).

Ce lecteur ne s’arrête pas en chemin et il multiplie les exemples :

De quoi s’occupent donc les municipalités ? De questions bien concrètes et terre-à-terre comme la circulation, le transport public, le déneigement, la cueillette des ordures, les services de proximité sportifs et culturels (la Presse, 28 mai 2013, p. A17).

Le maire «fait le trottoir» régulièrement et pratique une politique de proximité. Lui-même locataire — pas les moyens d’acheter dans son propre fief —, il vit sur le Plateau depuis une quinzaine d’années et y pédale dix mois par année (le Devoir, 3 mai 2013, p. B10).

Les deux équipes ont joué un hockey de proximité en 2e période, avec comme résultat que chacune marque une fois, de telle sorte que la situation au tableau principal ne change pas, les locaux gardant leur priorité de deux buts après 40 minutes de jeu (l’Avantage, 3 décembre 2010).

Bruno [Roy] s’est créé des parents après les avoir trouvés… une mère d’amour de proximité, un père qu’il a choisi et à partir duquel il a façonné son destin d’écrivain (le Devoir, 18 janvier 2010, p. A7).

Il serait également nécessaire de favoriser une médecine de proximité en offrant davantage de services à domicile (le Devoir, 5 novembre 2007, p. A3).

Le milieu est d’autant plus convivial que les aînés et les enfants ont le loisir de profiter des lieux et des rues sans limite et avec l’usage, un urbanisme de proximité s’installe pour assurer une meilleure sécurité (la Tribune, 26 septembre 2005, p. A10).

Tout cela est probant. Danger : cliché.

P.-S. — Ce n’est pas pour se vanter, mais l’Oreille avait déjà un exemple dans sa sébile : «Vers un terrorisme de proximité ?» (le Devoir, 25-26 mai 2013, p. B1). On n’est jamais mieux servi que par ses proches.

Dictionnaire des séries 37

Tableau des joueurs blessés, la Presse+, 11 décembre 2021

Ce n’est pas difficile à imaginer : on se blesse facilement au hockey.

Depuis un certain temps, histoire de ne pas fournir d’informations qui pourraient leur nuire face à leurs adversaires, les équipes ont divisé leurs joueurs en deux : on peut être blessé au haut du corps ou au bas du corps; le milieu du corps paraît épargné.

Dans un passé pas très ancien, les porte-couleurs des Canadiens de Montréal étaient beaucoup moins cachottiers. Yvon Lambert (?) Jacques Laperrière se plaignait d’un mal de tête «lancinant et péniiiiiiiiiiiiible», Henri Richard avait mal à «la laine» et Bernard Geoffrion a dû être traité pour une «surbite» (ci-dessous, vers une minute quinze secondes).

Il n’y a pas que les joueurs qui se blessent. Dans la belle ville de Québec séviraient, par exemple, l’arénalose et la zambonellose.

Faites attention svp.

 

[Complément du 19 mars 2014]

C’est à la laine d’Henri Richard que pensait sans doute Jean Dion dans le Devoir du 18 mars quand il parlait d’«une laine d’une flexibilité à faire peur» (p. B6).

 

[Complément du 28 mai 2014]

Le sommet de la cachotterie a-t-il été atteint durant les séries éliminatoires de 2013 lorsque l’entraîneur des Bruins de Boston, Claude Julien, a déclaré en conférence de presse qu’un de ses joueurs, Patrice Bergeron, était blessé «au corps» ?

Selon le journaliste Marc-Antoine Godin, de la Presse, Michel Therrien, l’entraîneur des Canadiens de Montréal, aurait utilisé la même formule hier soir, s’agissant d’Alexei Emelin : «It’s a body injury

Votre imagination fera le reste.

 

[Complément du 19 décembre 2021]

À qui attribuer la paternité de cette bipartition corporelle ? Selon Curtis Rush, Pat Quinn, sans l’avoir inventée, l’aurait popularisée en 1999.

Richard Labbé en veut encore à Quinn si l’on en croit la Presse+ du jour.

Texte de Richard Labbé, la Presse+, 19 décembre 2021

 

[Complément du 26 février 2023]

Vous ne savez plus quoi choisir : bas du corps, haut du corps, corps ? Il y a, foi de la Presse+ du jour, partie du corps.

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)

Dictionnaire des séries 36

Le hockey est un sport où tout peut se jouer en une fraction de seconde. C’est dire que les nombres y sont importants.

Celui qui donne son 110 % fournit tous les efforts attendus, et même plus.

Hey Scotty Bowman
Hey Scotty Bowman
Pourtant j’ai du cœur au ventre
J’donne mon 110 %
(Zéphyr Artillerie, «Scotty Bowman», chanson, Chicago, 2008)

Le 110 % correspond, grosso modo, au deuxième effort.

I reste pus beaucoup d’joueurs francophones
Qui nous donnent le deuxième effort
(Réal Béland, «Hockey bottine», chanson, 2007)

Les matchs se jouent sur la glace, tout le monde vous le dira, mais les décisions des hommes de hockey, elles, se prennent au deuxième étage. (Peu importe que, dans la réalité, les bureaux des dirigeants soient bel et bien situés au deuxième étage.)

Au nom du dollar tout-puissant
Au nom de la modernité
Le deuxième étage tramait des plans
Pour déménager le temple du hockey
(Mes Aïeux, «Le fantôme du Forum», chanson, 2008)

Une formation aligne normalement six joueurs : un gardien, deux défenseurs, trois joueurs d’avant. Quand la foule s’en mêle, cela lui donnerait un septième joueur.

Howie ! On a un septième homme su’a glace
Howie ! Un vrai de vrai, de l’époque pas d’casque
Howie ! L’adversaire shake dans ces culottes
Howie ! Tout le monde a peu de sa méchante garnotte
(Mes Aïeux, «Le fantôme du Forum», chanson, 2008)

Remarque

Une chanson de 1985, sur les Nordiques de Québec, parle de «sixième joueur».

Les rues de la capitale s’embourbent
I a de l’électricité dans l’air
Les lignes ouvertes, les prédictions
Animent les conversations
Nordiques, Nordiques, Nordiques, Nordiques
Le Colisée ouvre ses portes
Le sixième joueur fait son entrée
(Mario Chénard et France Duval, «Nordiques jusqu’au bout !»)

Tout le monde ne sait pas compter.

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)

Dictionnaire des séries 35

«Mais j’travaillais fort dans les coins»
(Pierre Bertrand, «Hockey», chanson,
dans Beau dommage, Passagers, 1978)

 

«Angle formé par l’intersection de deux lignes ou de deux plans», dit le Petit Robert (édition numérique de 2010) pour définir le coin. Stricto sensu, il ne peut donc pas y avoir de coin dans une patinoire.

Pourtant, tout joueur qui se respecte ne doit pas hésiter à aller dans les coins. Il y travaillera fort.

Le hockey est un sport géométrique, sans l’être.

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)