La clinique des phrases (118)

La clinique des phrases, Charles Malo Melançon, logo, 2020

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Du temps où elle enseignait, l’Oreille tendue ne cessait de rappeler à ses ouailles qu’il fallait apprendre à s’affirmer, surtout aux cycles supérieurs. Foin des certains, des sembler, des paraître ! (Il en est question ici.)

Elle s’est fait la même remarque devant un récent titre de presse :

Victimes des faibles salaires qu’ils peuvent offrir à leurs employés, des CPE ne peuvent pas fonctionner au maximum de leur capacité.

Si on lui avait demandé son avis, elle aurait économisé les pouvoir :

Victimes des faibles salaires qu’ils offrent à leurs employés, des CPE ne fonctionnent pas au maximum de leur capacité.

On ne le lui a pas demandé.

Accouplements 230

Couvertures de Martin Robitaille et David Turgeon, collage

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Dans le roman les Déliaisons, de Martin Robitaille (Montréal, Québec Amérique, coll. «Littérature d’Amérique», 2008, 240 p.), le narrateur travaille brièvement à la revue Parallaxe.

Dans le Roman d’Isoline, de David Turgeon (Montréal, Le Quartanier, «série QR», 186, 2024, 196 p.), la narratrice travaille brièvement à la revue Paradoxe.

À quand un roman avec des titres de revues comme Parataxe, Parallèle ou Parachute ?

Réussite titrologique du jour

«Comment casser sans être cassée», titre, la Presse+, 6 août 2023

Dans le français populaire du Québec, qui rompt (une relation amoureuse) casse (avec le ci-devant être aimé).

Qui a peu d’argent est cassé (parfois comme un clou).

Quand on casse, on peut se retrouver cassé(e)(s).

Titre de la Presse+ du 6 août 2023 : «Comment casser sans être cassée.»

Bravo et merci.

Pour la suite du monde, ou pas ?

«Pour la suite du monde», meme, 2022

Au début des années 1960, le cinéaste Pierre Perrault lance Pour la suite du monde. C’est un titre apprécié au Québec (et ailleurs).

Exemples récents :

«Une invitation à marcher pour la suite du monde» (la Presse+, 4 mai 2022).

«Pour la suite du monde» (la Presse+, 2 mai 2022).

«Relance de la culture. Pour la suite du monde» (le Devoir, 12 avril 2022, p. A6).

«Pour la suite du monde» (la Presse+, 8 avril 2022).

«Pour la suite du monde de l’information» (la Presse+, 28 août 2019).

Suivons Nicolas Krief (à qui l’Oreille tendue doit l’illustration ci-dessus; merci) et demandons-nous s’il n’y a pas lieu de laisser tomber ce genre de titre, au moins pour les articles sur le cinéma documentaire.

P.S.—Contre-exemple : le spectacle théâtral Contre la suite du monde.

 

[Complément du 24 mars]

L’expression ne se trouve pas que dans les titres de presse. Que crie le narrateur trop imbibé du roman La soif que j’ai (2024) dans un bar de Sherbrooke ? «Pour la suite du monde !» (p. 105)

 

Référence

Dufour-Labbé, Marc-André, La soif que j’ai. Roman, Montréal, Le Cheval d’août, 2024, 139 p.

Moratoire roulant du jour

Tramway de Québec, dessin préparatoire

 

Un fidèle informateur de l’Oreille tendue, l’Oreille québecquoise, habite la vieille capitale. Courriel d’icelui ce matin : «Vous le saviez ? Il y aura peut-être un tramway à Québec, à moins que l’on continue à faire dérailler le projet.»

De nombreux exemples accompagnent ce message.

«Le tramway de Québec pourrait-il dérailler ?» (Radio-Canada)

«Tramway : “Ça déraille !” déplore le PLQ» (le Soleil).

«L’harmonie déraille entre la CAQ et Québec» (le Devoir).

«À Québec, comment faire dérailler le tramway» (le Devoir, bis).

«Le projet de tramway déraille» (Blvd 102.1).

«“Le train de Québec 21 n’a pas seulement déraillé, il a explosé”, dit Bruno Marchand» (le Carrefour de Québec).

Laissons-lui le dernier mot : «Trop c’est trop.»