Oreilles latines

Ken Dryden, The Class, éd. de 2024, couverture

Dans The Class, Ken Dryden offre une autobiographie de groupe, celle des 35 élèves d’une classe du Etobicoke Collegiate Institute (1960-1965), «the Brain class».

À cette époque, on étudiait encore le latin. Un professeur demandait alors à ses élèves de traduire la phrase «semper ubi sub ubi» (p. 85). En anglais, cela donnait, littéralement, «Always where under where» («Always wear underwear», «Portez toujours des sous-vêtements»). Les élèves n’oublieront jamais cette phrase.

Quelques années plus tard — c’est dire son âge canonique —, l’Oreille tendue étudiera à son tour le latin dans une école publique. Son professeur — celui-là — pratiquait un exercice semblable. «Abeille agile» ? «Agilis apis» («a pisse» => «elle pisse»). L’Oreille n’oubliera jamais cela.

P.-S.—Oui, c’est le Dryden dont il a été question, par exemple, ici et .

 

Référence

Dryden, Ken, The Class. A Memoir of a Place, a Time, and Us, Toronto, McClelland & Stewart, 2024, 479 p. Édition originale : 2023.

Chantons le hockey avec Anna McGarrigle

Henri Richard, publicité de Kik Cola

(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Anna McGarrigle, «Hommage à Henri Richard», 1974

 

Henri Richard, vous êtes bien correcte
Henri Richard, prenez pas votre retraite

Salut Henri, petit bonhomme brave
Capitaine de notre équipe gagnante

Henri Richard, vous êtes bien correcte
Henri Richard, prenez pas votre retraite

Cheveux gris, visage cicatrisé
Pocket Richard, nous sommes vos amis

Henri Richard, vous êtes bien correcte
Henri Richard, prenez pas votre retraite

Numéro 16, vous nous mettez à l’aise
Vous serez bientôt canonisé

Henri Richard, vous êtes bien correcte
Henri Richard, prenez pas votre retraite

Vous comptez trop et la bière est gratuite
Tavernier vous allez faire faillite

Henri Richard, vous êtes bien correcte
Henri Richard, prenez pas votre retraite

Bâton d’hockey pour em’ner d’une rondelle
Son épée est le cœur du Canadien

Henri Richard, vous êtes bien correcte
Henri Richard, prenez pas votre retraite

Henri Richard, vous êtes bien correcte
Henri Richard, prenez pas votre retraite

 

P.-S.—On trouve sur l’autre face du disque 45 tours contenant «Hommage à Henri Richard» la chanson «Complainte pour Sainte-Catherine» (Kate & Anna McGarrigle). On y entend ceci : «Le samedi c’est l’soir du hockey.»

 

 

 

Références

Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso. ISBN : 978-2-925079-71-2.

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture

Esprit d’escalier

Tombe de Patrick Caulfied, cimetière de Highgate, Londres, mars 2025

L’Oreille tendue ne partage pas la passion raisonnée du Notulographe pour les cimetières. Néanmoins, en visite à Londres, elle est passée par celui de Highgate.

Comme tout le monde, elle y allait pour voir la tombe de Karl Marx. Elle en gardera surtout le souvenir de la pierre tombale conçue, pour lui-même, par Patrick Joseph Caulfield (1936-2005).

Rien de tel pour dire la mort, en anglais, que les lettres D-E-A-D.

Mais le monument évoque aussi un escalier. Un des fils de l’Oreille, en voyant la photo ci-dessus, a tout de suite pensé à une chanson : «Stairway to heaven

En effet.

Panneau indicateur («Toilets», «Marx»), cimetière de Highgate, Londres, mars 2025

Chantons le hockey avec Denise Filiatrault

Denise Filiatrault, «Rocket Rock and Roll», 1957, disque 45 tours

(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Denise Filiatrault, «Rocket Rock and Roll», 1957

 

[Bruits de foule]

On veut pas m’laisser entrer
Car je n’trouve pas mon ticket
À la porte je vais rester
J’veux pourtant voir le Rocket
Monsieur l’placier, laissez-moi entrer ce soir au Forum
Je veux entrer
J’aimerais tellement, tellement voir mon surhomme
J’veux pas rester toute la soirée dans les coulisses
Je suis venue pour voir Maurice

Ne restez pas planté d’vant moi, je vais devenir folle
À la pensée qu’vous m’empêchez d’aller voir mon idole
J’veux pas rester toute la soirée dans les coulisses
Je veux crier «Vas-y Maurice»

Rock’n’roll Rocket Rocket
Rock’n’roll Rocket Rocket
J’suis énervée
J’suis excitée
Je veux m’enrouer
À force de crier

Rock’n’roll Rocket Rocket
Rock’n’roll Rocket Rocket

C’est vraiment bête
De manquer son Rocket
Pour un ticket

Monsieur l’placier, je vois qu’vous souriez
Vous êtes un brave homme
Soyez gentil, laissez-moi entrer, car dans le Forum
J’entends les gens qui crient, qui hurlent et applaudissent
«Vas-y, vas-y, vas-y Maurice»

[Bruits de foule]

Je vais vous gifler
J’vais vous griffer
J’vais me rouler par terre
Si vous continuez de vous moquer
J’pique une crise de nerfs
C’est pas l’armée ni les pompiers ni la police
Qui m’empêcheront de voir Maurice

Rock’n’roll Rocket Rocket
Rock’n’roll Rocket Rocket
J’ai beau chercher
Tout retourner
Tout chavirer
Je n’peux pas l’trouver

Rock’n’roll Rocket Rocket
Rock’n’roll Rocket Rocket
C’est vraiment bête
De manquer son Rocket
Pour un ticket

Monsieur l’placier, quel bonheur
J’ai retrouvé mon ticket
Il était là sur mon cœur
Je vais voir mon Rocket

Ah ! zut ! La partie est finie

 

Références

Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso. ISBN : 978-2-925079-71-2.

 

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture

Division peu prévisible

Derrières de vache

Soit la phrase suivante, dans la Presse+ du jour : «Mais on a des gars qui se fendent le derrière en quatre au quotidien.»

Se fendre le derrière en quatre : dans le français populaire du Québec, se donner du mal, faire des efforts.

Dans ses «Expressions contenant le mot fendre», le dictionnaire numérique Usito relève deux expressions qui se croisent ici. En français (de référence) «familier», se fendre en quatre : «Se donner beaucoup de mal.» En français (du Québec) «vulgaire», se fendre le cul : «Déployer de grands efforts à faire quelque chose.»

Se fendre le derrière / le cul en quatre fait partie de ces choses qu’il vaut peut-être mieux ne pas se représenter. On trouvera un autre exemple ici.

À votre service.