Divergences transatlantiques 043

On vous file un formulaire. Vous en faites quoi ?

Au Québec, on entend encore beaucoup la forme fautive compléter : je complète le formulaire. Explication du Grand dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française : «En français, le verbe compléter signifie : “rendre complet, ajouter quelque chose, parachever, parfaire” et non pas “ajouter les informations demandées”.» Bref, quand on vous remet un formulaire, habituellement, il est déjà complet; ce n’est pas à vous de le compléter.

Il vaut mieux, dès lors, le remplir.

En France, on voit aussi, de plus en plus souvent, renseigner, ainsi que l’atteste le Petit Robert (édition numérique de 2014) : «Remplir avec l’information attendue. Renseigner une fiche. Renseigner une rubrique (questionnaire), un champ (informatique). Formulaire à renseigner et à signer.» Cet emploi n’est pas usuel au Québec.

L’Oreille tendue le déplore, qui a un faible pour ce sens du verbe renseigner.

Bref hommage pronominal à Pierre Lalonde

Portrait de Pierre Lalonde

On entend souvent dire, au Québec, que le pronom indéfini on exclurait «la personne qui parle». Cela n’est évidemment pas vrai. (L’Oreille tendue a souvent abordé la question, par exemple ici.)

Une preuve supplémentaire ? Pierre Lalonde chantait en 1963 «Nous, on est dans le vent».

Pierre Lalonde est mort hier. Il était né en 1941.

 

[Complément du 18 janvier 2022]

Au quotidien le Devoir, on n’écoute pas assez Pierre Lalonde. Le mot croisé du jour le prouve.

On «exclut la personne qui parle», le Devoir, 18 janvier 2022, mots croisés

Pierre Pachet

Pierre Pachet, les Baromètres de l’âme, 1990, couverture

En 1995, l’Oreille tendue pilotait un numéro de la revue Littérales (Université de Paris X-Nanterre) intitulé «L’invention de l’intimité au Siècle des lumières».

Elle avait lu et fort apprécié, quelques années plus tôt, le livre les Baromètres de l’âme (1990) de Pierre Pachet. Elle a lui donc demandé un article, que celui-ci a accepté de lui donner, même s’ils ne se connaissaient pas. Cela s’est appelé «Vers une sténographie de l’intime. Entre Fénelon et Constant : Karl Philipp Moritz».

Pierre Pachet, né en 1937, est mort aujourd’hui.

 

Références

Pachet, Pierre, les Baromètres de l’âme. Naissance du journal intime, Paris, Hatier, coll. «Brèves Littérature», 1990, liv/140 p. Ill. Éditions revues et augmentées : Paris, Hachette, coll. «Pluriel», 1015, 2001, 187 p.; Paris, le Bruit du temps, 2015, 164 p.

Pachet, Pierre, «Vers une sténographie de l’intime. Entre Fénelon et Constant : Karl Philipp Moritz», Littérales, 17, 1995, p. 41-56. Revue publiée par l’Université Paris X-Nanterre.