Québécogermanisme de bon aloi ?

L’Oreille tendue n’hésite jamais à se dévouer pour ses bénéficiaires. Elle vient donc de mener un sondage scientifique auprès d’un échantillon représentatif de jeunes de 17 ans (n = 1), histoire de voir quelle expression est à la mode dans sa cohorte.

Résultat ? «Ça, c’est la heiss.» Traduction libre : «Ça, c’est l’enfer.»

Cela concorde avec la connotation de chaleur du mot allemand heiß. Mais comment l’expression s’est-elle acclimatée sur les rives du Saint-Laurent ?

 

[Complément du 10 septembre 2018]

La Presse+ publiait hier un article intitulé «Le nouveau joual de la métropole». Entrée en matière : «Oubliez le franglais. Montréal est plus multiculturel que jamais et l’argot de la métropole est désormais de plus en plus mâtiné de créole et d’arabe. Regard sur un phénomène linguistique qui s’étend dans tous les quartiers de l’île.»

Dans le «Petit glossaire de l’argot montréalais» qui accompagne l’article, on lit ceci : «(A) Hess = misère», «(A)» renvoyant à «Arabe».

Cela confirme ce qui se trouve dans les commentaires ci-dessous.

Les zeugmes du dimanche matin et de Daniel Grenier

Daniel Grenier, l’Année la plus longue, 2015, couverture

«Les femmes portaient des enfants, et des châles pour se protéger des vents en tourbillons» (p. 12).

«Huit cents kilomètres plus loin les attendaient les terres fertiles que le président lui-même leur avait octroyées en 1830, et qui resteraient à jamais les Territoires indiens, selon toute vraisemblance et plusieurs traités ratifiés par le Sénat et les différents membres du Congrès» (p. 15).

«Elle s’imaginait partir du Tennessee avec de l’eau et de bons souliers, partir et croiser au milieu de cet univers de couleurs automnales, après cent un jours de marche, un jeune homme avec une barbe et des projets aussi grandioses que les siens» (p. 38-39).

Daniel Grenier, l’Année la plus longue. Roman, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 10, 2015, 422 p.

 

[Complément du 11 novembre 2015]

P.-S.—L’Oreille tendue a présenté ce texte le 11 novembre 2015.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Deuils

L’Oreille tendue remercie tous les jours l’inventeur de la baladodiffusion (le podcast) de ce qu’il a fait pour l’humanité. Mais il lui arrive (trop) souvent d’être submergée par des vagues de tristesse.

On a en effet retiré de ses écouteurs, au fil du temps, Place de la toile, les Lundis de l’histoire, Tire ta langue, la chronique de son pote Michel Porret dans les Matinales de la radio publique suisse, Du jour au lendemain, Oreille gauche / Oreille droite. Ce matin, elle apprend que The New Yorker : Out Loud, c’est fini.

Et si c’était une conspiration ?

P.-S. — Oui, bien sûr, The New Yorker : Out Loud est remplacé par The New Yorker Radio Hour, mais ce n’est pas pareil.

P.-P.-S. — Oui, bien sûr, il reste C’est fou…, le Masque et la plume, The Vinyl Cafe, Digital Campus, Des Papous dans la tête, mais ce n’est plus pareil.

Marivaudage du samedi matin

Portrait de Marivaux, 1743

Sur une île déserte, s’il ne fallait prendre qu’un seul dramaturge du XVIIIe siècle, ce serait évidemment Marivaux. Au Siècle des lumières, personne ne lui arrive à la cheville.

Lui, pourtant si grand, est ramené aujourd’hui, au Québec, à une seule formule (à un seul titre) :

«Le jeu de l’épargne et du hasard» (la Presse, 6 juin 2015, cahier «Affaires», p. 6);

«Le jeu de l’humour et du hasard» (la Presse+, 10 octobre 2015);

«Je connaissais son penchant [celui de Denise Bombardier] pour les jeux de l’amour et du hasard, un pied dans l’eau bénite, l’autre dans le Cream Soda de son enfance» (le Devoir, 30 octobre 2015, p. B10).

Pauvre Marivaux.

 

[Complément du 26 mars 2016]

Livraison du jour :

Madeleine Ouellette-Michalska, Jeux de hasard et de désir, Montréal, XYZ éditeur, coll. «Romanichels», 2015, 224 p.

«Jeux de l’amour et de la férocité», le Devoir, 26-27 mars 2016, p. E9.

 

[Complément du 20 juin 2019]

Encore une fois, réjouissons-nous, en quelque sorte, de la fortune de Marivaux, qui n’est pas que québécoise.

«Les jeux de hasard et d’argent», site Fabula, 2016.

«L’économie du jeu et du hasard», France Culture, 2017.

«Le jeu de l’amour et du hasard», le Devoir, 1er-2 décembre 2018.

Marie-France Bru et Bernard Bru, les Jeux de l’infini et du hasard, 2019.

Laurent Pujo-Menjouet, le Jeu de l’amour sans le hasard. Mathématiques du couple, 2019.

 

[Complément du 31 mai 2021]

Triplé du jour :

«Dépendance aux jeux de hasard et d’argent» (le Devoir, publireportage, 2-3 novembre 2019, p. A6).

«Loteries royales, les jeux de l’État et du hasard», France Culture, 14 décembre 2020.

«2Fik. Le jeu de l’amour et des avatars» (la Presse+, 31 mai 2021).