«Elle cherche de tous côtés et, la nuit venue, sous la neige, qui s’entasse sur sa tête et y forme un cône […].»
Benjamin Péret, «Pulchérie veut une auto», 1922.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
«Elle cherche de tous côtés et, la nuit venue, sous la neige, qui s’entasse sur sa tête et y forme un cône […].»
Benjamin Péret, «Pulchérie veut une auto», 1922.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
Certaines planètes perdent du galon; cela est arrivé à Pluton il n’y a pas si longtemps. D’autres en prennent.
Exemples
«Innovante planète design» (la Presse, 16 mars 2013, cahier Maison, p. 7).
«En attendant la fin du conflit, le DG du Canadien voyage aux quatre coins de la planète hockey» (la Presse, 9 novembre 2012, cahier Sports, p. 1).
«La “planète goût” à Turin» (la Presse, 3 novembre 2012, cahier Voyage, p. 4).
«Sur la planète vélo on aime aimer Cadel même s’il n’est pas beau» (la Presse, 30 juin 2012, cahier Sports, p. 4).
«les meilleurs espoirs de la planète hockey» (la Presse, 23 juin 2012, cahier Sports, p. 3).
«Tremblant arrive sur la planète Ironman» (la Presse, 23 juin 2012, cahier Sports, p. 6).
«il convient de regarder les éléments de la planète Gretzky» (le Hockey vu du divan, p. 191).
Planète Zoockey (2012)
Autour de quelle étoile ces planètes (surtout) médiatiques tournent-elles ? L’espace doit être encombré.
P.-S. — Le phénomène n’est pas nouveau : en 1996, Jean-Claude Guédon publiait la Planète cyber.
P.-P.-S. — C’est la deuxième fois que l’Oreille tendue explore la planète planète.
Références
Grondin, Simon, le Hockey vu du divan, Sainte-Foy (Québec), Presses de l’Université Laval, 2012, 214 p. Ill.
Guédon, Jean-Claude, la Planète cyber. Internet et cyberespace, Paris, Gallimard, coll. «Découvertes Gallimard. Techniques», 280, 1996, 128 p. Ill.
Sirois, Shawn et Jean-François Vachon, Planète Zoockey, Montréal, Le petit homme, 2012, 50 p. Idée originale de Bob Sirois. Bande dessinée.
L’Oreille tendue n’a pas manqué d’occasions de le dire : swag et yolo sont des mots à la mode chez les jeunes, et leur succès à la bourse lexicale se maintient depuis plusieurs mois.
Un de ses lecteurs, @profenhistoire, a attiré son attention sur une nouveauté : «“Vagg” (i.e. qqn ou ses propos inconséquents ou dérisoires).»
N’écoutant que sa conscience linguistique, l’Oreille a abordé la question auprès de son spécimen préféré d’adolescent — appelons-le «Le Spécimen». Quid de ce mot ?
Le Spécimen ne connaît d’utilisation de vagg seul que dans l’exclamation «Ah ! Vagg !». Dans son milieu, on dit plutôt vagg sur.
Que cela signifie-t-il ? Une forme de refus : ne pas aimer quelque chose; ne pas être d’accord avec quelqu’un; ne pas vouloir faire quelque chose.
Exemples
«— À La Ronde, je vais faire le Goliath dans la première rangée.
— Vagg sur ça.» [Traduction libre : «Pas moi».]
«—Je vais écrire un poème.
— Ah ! Vagg !» [Traduction libre : «Jamais !»]
L’acception «propos inconséquents ou dérisoires» est inconnue du Spécimen. L’île de Montréal semble comporter plusieurs microclimats linguistiques.
[Complément du 10 septembre 2018]
La Presse+ publiait hier un article intitulé «Le nouveau joual de la métropole». Entrée en matière : «Oubliez le franglais. Montréal est plus multiculturel que jamais et l’argot de la métropole est désormais de plus en plus mâtiné de créole et d’arabe. Regard sur un phénomène linguistique qui s’étend dans tous les quartiers de l’île.»
Vag apparaît trois fois dans le texte, sous la forme vag, dont une fois dans le «Petit glossaire de l’argot montréalais» : «Vag (sur) = laisser tomber.» Ailleurs, «vag sur lui» est rendu par «je m’en fous de lui» et «Vag sur ce neg-là» par «Oublie ce type-là».
[Complément du 14 juin 2024]
Quelle est l’origine de vag ? Selon la balado de Jérôme 50 Ainsi soit chill (2023, deuxième épisode), le mot viendrait du créole haïtien.
Le 20 mars est la Journée internationale de la francophonie.
Ladite francophonie, quel que soit son ancrage géographique, est unie à plusieurs égards. Elle partage des inquiétudes, elle cherche ses mots, elle a les mêmes tics universitaires (ici, là, encore ici, toujours là, de ce côté, de l’autre), qui sont souvent des «atlantics», malgré nombre de «divergences transatlantiques», et elle succombe aux même effets de mode (le swag, les mots de l’année).
Fêtera qui le souhaite cette unité dans la diversité.