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« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
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(Accouplements : une rubrique où l’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)
L’Oreille tendue a déjà cité à plusieurs reprises cette phrase d’André Belleau datée de 1966 :
«J’aime la chanson actuelle de toute ma faiblesse» (éd. de 1986, p. 63).
Comment ne pas y penser en lisant le recueil Autoportrait aux yeux crevés (2016) de Normand Lalonde ?
«Parfois, lutter de toutes ses forces n’est pas suffisant. Il faut alors lutter aussi de toutes ses faiblesses» (p. 9).
P.-S. — Il a été question des aphorismes de Normand Lalonde là.
[Complément du 10 mai 2022]
Saint-Just, dans son poème érotique Organt (1789), a la clé de cela : «Le cœur humain est né pour la faiblesse» (cité par Arnaud Maïsetti, p. 51).
Références
Belleau, André, «La rue s’allume», Liberté, 46 (8, 4), juillet-août 1966, p. 25-28; repris dans Y a-t-il un intellectuel dans la salle ? Essais, Montréal, Primeur, coll. «L’échiquier», 1984, p. 17-19; repris dans Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1986, p. 59-63; repris dans Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Boréal compact», 286, 2016, p. 59-64. https://id.erudit.org/iderudit/30058ac
Lalonde, Normand, Autoportrait aux yeux crevés. Petites méchancetés et autres gentillesses, Montréal, L’Oie de Cravan, 2016, 60 p. Suivi de «Normand Lalonde (1959-2012). Portrait aux yeux mouillés», par Manon Riopel et Jean-François Vallée.
Maïsetti, Arnaud, Saint-Just & des poussières, Bordeaux, L’arbre vengeur, 2021, 327 p.
La 301e livraison de XVIIIe siècle, la bibliographie de l’Oreille tendue, est servie.
Le 24 octobre 1776, revenant d’herboriser, Jean-Jacques Rousseau, alors âgé de 64 ans, est renversé par un grand chien danois (sans majuscule). Il raconte la scène dans la «Deuxième promenade» de ses Rêveries du promeneur solitaire (1782, posthume) :
J’étois sur les six heures à la descente de Menil-montant presque vis-à-vis du galant jardinier, quand des personnes qui marchoient devant moi s’étant tout à coup brusquement écartées je vis fondre sur moi un gros chien danois qui s’élançant à toutes jambes devant un carrosse n’eut pas même le tems de retenir sa course ou de se détourner quand il m’apperçut. Je jugeai que le seul moyen que j’avois d’éviter d’être jetté par terre étoit de faire un grand saut si juste que le chien passât sous moi tandis que je serois en l’air. Cette idée plus prompte que l’éclair et que je n’eus le tems ni de raisonner ni d’executer fut la derniére avant mon accident. Je ne sentis ni le coup, ni la chute, ni rien de ce qui s’ensuivit jusqu’au moment où je revins à moi (éd. de 1996, p. 1004-1005).
Outre Rousseau, au XVIIIe et au XIXe siècle, une quarantaine de personnes ont évoqué, avec plus ou moins de réalisme ou de fidélité, cet événement traumatique.
Parmi elles, il y a la marquise de Créquy, qui fait allusion à la scène dans ses Souvenirs. On la cite dans une brochure du Touring club de France dont la deuxième édition date de 1954 :
Après avoir dit tout le chagrin que lui causait la mort inattendue de Rousseau : «Je ne pouvais, dit-elle, m’empêcher de larmoyer sous mon coqueluchon» elle termine irrévérencieusement par ces mots où pointe son dépit : «Il est inhumé comme un chien danois, au milieu d’une grenouillère, et sur un îlot, dans une manière de sépulcre, à la hauteur de trois ou quatre pieds» (p. 23).
L’Oreille tendue vous l’a déjà dit : elle serait bien en mal de vous expliquer ce que fait cette brochure dans sa bibliothèque.
Références
Promenade à Ermenonville et à ses environs, Paris, Touring Club de France, 1954, 31 p. Ill. Deuxième édition.
Rousseau, Jean-Jacques, les Rêveries du promeneur solitaire, dans Œuvres complètes. I. Les Confessions. Autres textes autobiographiques, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 11, 1996, cxviii/1969 p., p. 993-1099. Édition publiée sous la direction de Bernard Gagnebin et Marcel Raymond. Édition originale : 1782 (posthume).
Souvenirs de la marquise de Créquy, Paris, Fournier jeune, 1834-1835, sept tomes.
La 300e livraison de XVIIIe siècle, la bibliographie de l’Oreille tendue, est servie.