Trois verbes de la langue de puck

L’Oreille tendue est friande de la langue de puck — c’est du hockey. Elle lui a consacré plusieurs entrées de ce blogue, particulièrement pour son «Dictionnaire des séries», puis un livre.

Ci-dessous, trois verbes qu’on y utilise fréquemment.

Que peut-on compléter au hockey ? Une mise en échec, un échange (une transaction), un dégagement, un blanchissage (un jeu blanc, un zéro), un tir, un tour du chapeau.

Qu’y peut-on servir ? Une mise en échec, un croc-en-jambe (une jambette), une leçon, une feinte, une raclée, un avertissement, un six-pouces, une punition (une pénalité).

Enfin, on peut y sauter : sauter sur un retour de lancer, faire sauter les patins d’un adversaire, sauter une présence ou plusieurs (être cloué sur le banc).

À votre service.

 

Référence

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p. Préface de Jean Dion. Illustrations de Julien Del Busso.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014), couverture

La pensée du sport

Au hockey, il arrive qu’un entraîneur soit congédié. Le congédieur a alors besoin de motifs.

Des exemples ?

Théorie de la (non-)communication : «Le message ne passait plus

Théorie de l’«Ensemble des études, des recherches visant à saisir les causes premières, la réalité absolue ainsi que les fondements des valeurs humaines, et envisageant les problèmes à leur plus haut degré de généralité» (le Petit Robert, édition de 2014) : «Nous avions des divergences philosophiques.»

Il s’en passe des choses dans un vestiaire.

P.-S.— Oui, c’est de la langue de puck.

 

Référence

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p. Préface de Jean Dion. Illustrations de Julien Del Busso.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014), couverture

De la difficulté de savoir si on a scoré

L’Oreille tendue veut être sûre de bien comprendre, histoire d’affiner sa langue de puck.

Quand un but est douteux, c’est qu’il a été marqué. On doute de la chose, mais elle a incontestablement eu lieu.

Quand un but est certain — voir le tweet ci-dessus —, c’est qu’il n’a pas été marqué. On est certain de la chose, mais elle n’a incontestablement pas eu lieu.

C’est bien ça ?

 

Référence

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p. Préface de Jean Dion. Illustrations de Julien Del Busso.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014), couverture

Sport et politique

Gordie Howe dans The Simpsons

Nous avons déjà vu des élus accrocher leurs patins politiques et une première ministre mêler les métaphores sportives.

Dans la Presse+ du 8 novembre 2016, on pouvait lire un nouvel exemple de cette fusion du vocabulaire sportif et du vocabulaire politique : «Un politicien d’expérience comme Denis Coderre […] est reconnu pour jouer les coudes plutôt haut dans les coins de patinoire […].»

Qui joue «les coudes plutôt haut dans les coins de patinoire» — même si la patinoire n’a pas, au sens strict, de coin — ne s’en laisse pas — mais pas du tout — imposer. Gordie Howe, «Mister Elbows», était reconnu pour cela.

Howe et l’omnimaire de Montréal, même combat ?

P.-S. — Oui, c’est de la langue de puck.

Nouvelles (sportives) du passé

Des lecteurs de l’Oreille tendue, connaissant son intérêt pour la culture sportive, viennent de lui transmettre deux documents qui ne pouvaient que l’intéresser.

Il existe une poésie hockeyistique, à laquelle l’Oreille a consacré quelques articles : à propos de Maurice Richard, par Ford, Metro (sans accent) et Guy Lafleur, autour de Walt Whitman et de Jean Béliveau. Un éditeur ferronien vient de découvrir, signé Russell Young, de Grand-Mère (Québec), un poème honorant, au moment de sa mort, le gardien de but Georges Vézina, celui qui a donné son nom au trophée remis annuellement au meilleur cerbère de la Ligue nationale de hockey. (Le surnom que portait Vézina a durablement marqué les esprits : comment oublier «Le concombre de Chicoutimi» ? Ce surnom ne renvoyait pas à son teint, mais à son lieu de naissance et à son calme : He was cool as a cucumber, pour reprendre une expression commune de la langue de Gump Worsley.) Cet éloge funèbre paraît le 8 avril 1926 dans le St. Maurice Valley Chronicle (Vézina est mort le 27 mars).

Georges Vezina, Goal-guardian brave

Now lies silent in the grave.

Peace be o’er his resting soul.

He has reached life’s greatest goal.

Through life he played the game.

Till disease his health did claim

But all must go to that Promised Land.

Whether life be low or grand.

Le gardien de but («Goal-guardian») est dans sa tombe («grave»), mais il a atteint son but («life’s greatest goal») et rejoint la Terre promise («that Promised Land»).

Voilà pour la première trouvaille. La seconde concerne le lieu où se déroulent les matchs. Aujourd’hui, un joueur puni se rend au banc des punitions, également appelé cachot. Le Courrier de Saint-Hyacinthe du 21 décembre 1945 préfère parler de «frigidaire» (rubrique «Nouvelles de la région», article «Les compteurs du Saint-Hyacinthe»). On y aurait envoyé un «badman», le défenseur Marcel Larochelle, s’y rafraîchir les idées. Pourrait-il néanmoins y réchauffer le banc ? Ce serait paradoxal.

L’Oreille tendue se réjouit d’avoir des lecteurs à l’ouïe si fine et elle les remercie.