Vraiment ?

L’Oreille tendue n’hésite pas à avoir recours au Grand dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française. Elle y trouve généralement des réponses précises à ses questions. Elle n’est pas toujours d’accord avec ces réponses, mais, au moins, les choses sont claires.

Puis, un jour, des sources conjugales proches attirent son attention sur la définition suivante :

Se dit des emballages munis d’un trou ou d’une fente permettant de suspendre les articles aux broches d’un panneau de présentation.

Quel est le mot ainsi défini, dont le «quasi-synonyme» serait «brochable» et qui vient de «l’anglais pegboard désignant le panneau de présentation permettant l’accrochage des objets» ? Pegboardable.

Subitement, l’Oreille a une petite crainte. Pegboardable ? Vraiment ?

P.-S. — Pendant que nous y sommes : ça se prononce comment ?

 

[Complément du 14 juillet 2014]

La question se pose maintenant en France, écrit Loïc Depecker en 2013 : «Cet exercice d’adaptation du français n’est pas sans risque. Ainsi du terme peg-board, en cours de traduction : “présentoir garni de supports pour accrocher des articles”. La traduction proposée pour l’instant est celle de panneau d’accrochage. Soit. Mais comment traduire peg-boardable (“se dit des articles dont le conditionnement permet la présentation sur un panneau d’accrochage”). Faut-il préférer accrochable, panneautable, autre chose ? C’est là qu’on aperçoit les changements qui sont en cours dans le français d’aujourd’hui. Des termes apparaissent, qu’on n’aurait pas cru devoir être créés en français. Comment faire panneautable, si on n’a pas panneauter ? À moins que panneauter existe quelque part dans une entreprise ou dans l’esprit d’un grand penseur ! C’est là une autre affaire !» (p. 58).

 

Référence

Depecker, Loïc, «Le français est-il une langue moderne ?», dans François Gaudin (édit.), la Rumeur des mots, Rouen, Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2013, p. 43-60.

Les joies de la poste

Gilles Duceppe n’est plus chef du Bloc québécois, le parti souverainiste du Québec qui siège au gouvernement fédéral du Canada (ce serait un peu long à expliquer). Maria Mourani veut l’être à sa place.

Pour des raisons que l’Oreille tendue ne s’explique pas, Mme Mourani vient de lui écrire pour lui annoncer la nouvelle.

Courriel de Maria Mourani, 2011

Les destinataires de ce courriel sont invités à lire sa déclaration de candidature. Malheureusement, il n’y est pas question du statut de la langue française dans le monde numérique. Il y a un «mailman», celui de quebec-hebergement.com, qui s’en tire à bon compte.

La loi de la gravité

Avant la grève étudiante au Québec, il y a un préalable : la levée de cours.

Exemple ces jours-ci à l’Université de Montréal :

«Levée de cours en histoire de l’art», affichette, 2010

Traduction libre : les étudiants qui ne sont pas dans la classe essaient de forcer ceux qui y sont à en sortir.

Autre levée, philanthropique celle-là : la levée de fonds (anglicisme calqué sur fund raising, pour collecte de fonds ou campagne de financement).

L’Oreille tendue se livrerait à ce genre d’activités qu’elle aurait une légère crainte. Tout ce qui monte doit redescendre, non ?

Un rendez-vous svp

L’Oreille tendue apprend que le Canada a un «agenda», ce «Carnet sur lequel on inscrit jour par jour ce qu’on doit faire, ses rendez-vous, ses dépenses, etc.» (le Petit Robert, édition numérique de 2010).

Publicité pour une conférence de Peter Van Loan

Elle imagine qu’il doit être volumineux.

 

[Complément du 20 juin 2024]

Cet emploi, directement emprunté à l’anglais, n’est pas propre au Québec. On le trouve, par exemple, dans la traduction hexagonale d’un roman norvégien : «À l’homme qui suit toujours son propre nez, son propre agenda […]» (le Sauveur, p. 73).

 

Référence

Nesbø, Jo, le Sauveur. Une enquête de l’inspecteur Harry Hole, traduction d’Alex Fouillet, Paris, Gallimard, coll. «Folio policier», 552, 2012, 669 p. Édition originale : 2005.