Ce soir, vers 17 h 40, au micro d’Annie Desrochers, à l’émission le 15-18 de la radio de Radio-Canada à Montréal, l’Oreille tendue ira causer de l’ouvrage Dérapages poétiques. Volume 1, dont elle signe la préface.
Sur le projet Dérapages poétiques, on peut lire le Devoir ou Métro.
La réception de l’ouvrage ? Voyez ici ou là. Elle est bonne.
Cela a commencé, anonymement, sur Facebook, en 2013. Puis ce fut Twitter. Dérapages poétiques était né. C’est aujourd’hui un livre, publié par Atelier 10, sous une belle couverture rigide, toujours sans signature.
À la page des «Remerciements», à la dernière ligne du livre, on peut lire ceci : «Nous sommes tous Dérapages poétiques.» C’est d’autant plus vrai pour l’Oreille tendue qu’elle en signe la préface.
Référence
Dérapages poétiques. Volume 1, Montréal, Atelier 10, 2017, 222 p. Préface de Benoît Melançon.
(Accouplements : une rubrique où l’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux textes d’horizons éloignés.)
Le samedi, tu vas au Musée d’art contemporain de Montréal pour l’exposition de Sophie Calle, «Pour la dernière et pour la première fois». Tu en profites pour visiter itou celle de Simon Starling, «Métamorphologie». Dans celle-ci tu vois, au mur, l’œuvre intitulée «Flaga 1972–2000» (2002) : il s’agit d’une voiture Fiat 126 rouge et blanche, mêlant pièces italiennes et pièces polonaises.
Le dimanche matin, tu ouvres la Presse+ et tu tombes sur la photo suivante, de Karam Al-Masri, de l’Agence France-Presse, dont la légende est «Un jeune garçon passe devant une barricade de fortune faite d’épaves d’autobus à Alep, en Syrie» :
Et tu te dis que les images du monde, de l’horizontalité à la verticalité, dialoguent parfois entre elles de façon inopinée.
Pensez aux chapitres 95 et 96 de Tarmac (2009) de Nicolas Dickner. Dans une enveloppe, le narrateur reçoit un emballage vide. Après la réception de cette lettre d’amour, il part au Japon retrouver celle qu’il aime, Hope Randall.
Puis imaginez un ballon de foot, celui que décrit Jean-Marc Huitorel dans la Beauté du geste (2005) :
On signalera encore le travail de Priscilla Monge, dont certains des objets ont à voir avec l’univers du sport. Elle a ainsi fait réaliser un ballon de football aux pentagones noirs découpés dans des cuirs très élégants, ceux utilisés pour les vêtements et les chaussures de luxe, et dont les pentagones blancs sont constitués de serviettes hygiéniques. Dans cette intrusion du féminin, y compris dans ce qu’il a de plus intime, dans un univers largement dominé par les hommes, et en particulier dans cette symbolique implicite du sang, on peut lire une volonté d’opposer le sang des menstrues au sang des guerriers. On peut aussi y voir une dénonciation de l’usage sanguinaire que les dictatures d’Amérique du Sud (l’artiste est née au Costa Rica), au Chili ou en Argentine, ont pu faire des stades (p. 173).
Le Michel «Mickey» Bauermann de Nicolas Dickner ne reçoit pas un morceau de cuir.
Tonitruance : plusieurs dictionnaires Web le connaissent, mais pas les usuels que l’Oreille tendue a sous la main.
Le mot est néanmoins sous la plume de Jean-Marc Huitorel, dans son magnifique et passionnant ouvrage sur l’art contemporain et le sport, la Beauté du geste : «Quant aux planches à voile [de Gérard Deschamps], elles constituent un formidable point de jonction entre les constituants mêmes de la peinture et les joyeuses tonitruances de l’époque» (p. 76).
Adopté.
P.-S. — Comme dans le plus récent L’art est un sport de combat, il est déjà question de «lutte d’appartement» dans l’ouvrage de 2005 (p. 155).