Chantons la langue avec Francine Raymond

Francine Raymond, les Années lumières, 1993, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Francine Raymond, «Y a les mots», les Années lumières, 1993

 

Y a les mots qui amusent et ceux qui abusent
Les mots qui blessent comme autant de morsures
Les mots qu’on pleure et crache en venin dans le chagrin
Et ceux qu’on échange en poignées de main

Y a les mots qui nous lient sous le sceau du secret
Et ceux qui déchirent et séparent à jamais
Les mots qui nous hantent pour un instant de folie
Et ceux qui disparaissent dans l’oubli

Dans tous ces mots qui m’entourent et m’appellent
J’entends des enfants jouer dans la ruelle
Je vois des ponts bâtis au bout des hommes
Au bout des chaînes là où y a les mots

Y a les mots qu’on soupire pour passer aux aveux
Ceux qu’on murmure pour mieux parler à son Dieu
Les mots qui frappent pour nous aider à tout comprendre
Et ceux qu’on échappe qu’on aimerait bien reprendre

Dans tous ces mots qui m’entourent et m’appellent
J’entends des enfants jouer dans la ruelle
Je vois des ponts bâtis au bout des hommes
Au bout des chaînes là où y a les mots

Dans tous ces mots qui m’entourent et m’appellent
J’entends des enfants jouer dans la ruelle
Je vois des ponts bâtis au bout des hommes
Au bout des chaînes là où y a les mots

Dans tous ces mots
Oh oh oh oh
Oh oh oh oh
Oh oh oh oh
Au bout des chaînes
Là où y a les mots

 

Chantons la langue avec Plume Latraverse

Plume Latraverse, album Plume pou digne, 1974, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Plume Latraverse, «Encore des mots», Plume pou digne, 1974

 

Encore des mots qui veulent pus rien dire
Encore une batch de vieux souvenirs
Encore des mots quand y a tellement d’aut’choses à faire
Que d’garrocher son dictionnaire

Tout l’monde veut blower tout l’monde
Faut toujours charrier plus loin
On parle d’une même longueur d’onde
Jusqu’à c’qu’on comprenne pus rien
Faqu’on remet toutte ça au lendemain

Encore des mots, des ballounes de cire
Qui pètent en l’air, le temps de l’dire
Encore des mots qui ont mis leurs culottes à l’envers
Comme le vieux bon roi Dagobert

Tout l’monde veut blower tout l’monde
Au lieu d’prendre ça comme ça vient
On parle d’une même longueur d’onde
Jusqu’à c’qu’on comprenne pus rien
Faqu’on remet toutte ça au lendemain

Encore des mots, faudrait ben finir
C’te p’tite chanson qui veut rien dire
Encore des mots qui s’pavanent sans vouloir se taire
En compliquant l’vocabulaire
En compliquant l’vocabulaire

 

P.-S.—L’Oreille tendue l’a souvent dit : elle a un faible pour Plume.

 

Les rustines des Hells

Kevin Lambert, Tu aimeras ce que tu as tué, éd. de 2021, couverture

Soit la phrase suivante, tirée du premier roman de Kevin Lambert, Tu aimeras ce que tu as tué : «Toutes les bâtisses de Chicoutimi sont construites sur une faille patchée par du béton et de l’asphalte» (p. 191).

Cela peut être appliqué à la pompe sanguine : «mon cœur / Y est patché plein de trous», chantait Gerry Boulet, du groupe Offenbach, dans «Faut que j’me pousse» (1969).

Patché(e) ? Rapiécé(e), dans le français populaire du Québec. Le mot y est féminin : une patch.

Ce n’est pas tout. Le patch, en informatique, c’est la rustine. En médecine, un médicament. Le mot est alors masculin, du moins en français de référence. Pas au Québec, où on a surtout recours au féminin. (Oui, c’est une divergence transatlantique.)

Ne nous arrêtons pas en si bon chemin. Qui, dans la hiérarchie des motards criminels, qu’on dit parfois parfois et bizarrement criminalisés, grimpe les échelons gagne ses patchs. Le mot est dangereux.

À votre service.

 

Référence

Lambert, Kevin, Tu aimeras ce que tu as tué. Roman, Montréal, Héliotrope, «série P», 2021, 209 p. Édition originale : 2017.

Chantons la langue avec Émile Bilodeau

Émile Bilodeau, Grandeur mature, 2019, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Émile Bilodeau, «Candy», Grandeur mature, 2019

 

Mon nom c’est Andy mais tout le monde m’appelle Candy
Même quand j’suis sûr comme un?bonbon, j’ai jamais raison
Parce?que j’connais pas grand-chose dans vie
J’fais des affaires illégales de manière très amicale
Je sais qu’le monde va mal mais pour moi tout est normal
Parce que j’connais pas grand-chose dans vie
À part que le rose c’est joli
Autant sur les gens qu’en dedans
Là j’parle des vêtements et du sang
Bien évidemment que
J’connais pas grand-chose dans vie
À part qu’les chauve-souris ont des cheveux
C’est curieux
Est-ce qu’elles nous auraient menti ?
Candy, can’t you see
Que je suis candide
Qu’en dis-tu, toi ?
Quand tu m’vois pleurer de joie
La vie est vide de sens si
On n’saisit pas la chance qu’on a
De vivre à fond à chaque fois
T’as raison
Arrêtons de s’prendre la tête
Sortons et allons faire la fête
Certes, on vit dans un certain confort
Faique, ça sert à rien de s’faire du tort
Avec nos trolls au Sénat
Pis le pétrole d’Alberta
Dans les deux cas ça pue pis ça coûte cher
Ici on a des gars qui auront pu de salaire
Parce que demain la shop va fermer
Pourtant tout le monde sait que c’tait ben subventionné
La crosse est finie
Les boss sont partis
Vers leur retraite dorée
Avec la poudre d’escampette et la poudre au nez
Après ça on dit
Qu’c’est moi l’criminel ici
Candy, can’t you see
Que je suis candide
Qu’en dis-tu, toi ?
Quand tu m’vois pleurer de joie
La vie est vide de sens si
On n’saisit pas la chance qu’on a
De vivre à fond à chaque fois

Arrêtons de s’prendre la tête
Sortons et allons faire la fête
Arrêtons de s’prendre la tête
Sortons et allons faire la fête
Okay d’abord
J’vais arrêter d’m’en faire avec le sort de ma communauté
Même si en Ontario y’en ont pas trop, trop d’école franco
S’excuser de vivre en français
C’est comme demander
J’peux tu respirer là s’il-vous-plaît
Mais jamais nous nous mettrons à genoux
Whatever you tell us to do
Mais jamais nous nous mettrons à genoux
Whatever you tell us to do
Sortons et allons faire la fête
Arrêtons de s’prendre la tête
Sortons et allons faire la fête

 

Chantons la langue avec Gilles Vigneault

Gilles Vigneault, «I went to the market», 1976, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Gilles Vigneault, «I went to the market», 1976

 

I went to the market
Mon p’tit panier sous mon bras
I went to the market
Mon p’tit panier sous mon bras
The first girl I met
C’est la fille d’un avocat
I love you vous n’m’entendez guère
I love you vous ne m’entendez pas
(I love you vous n’m’entendez guère
I love you vous ne m’entendez pas)
She said what have you got
Dans ce beau p’tit panier-là
She said what have you got
Dans ce beau p’tit panier-là
I have got some eggs
N’en achèteriez-vous pas
I love you vous n’m’entendez guère
I love you vous ne m’entendez pas
(I love you vous n’m’entendez guère
I love you vous ne m’entendez pas)
I’ll taken two dozen
Pis l’bonhomme te paiera ça
I’ll taken two dozen
Pis l’bonhomme te paiera ça
I gave her two dozen
Mais l’bonhomme y payait pas
I love you vous n’m’entendez guère
I love you vous ne m’entendez pas
(I love you vous n’m’entendez guère
I love you vous ne m’entendez pas)
Such is the business
Avec la fille d’un avocat
Such is the business
Avec la fille d’un avocat
But she hatched my eggs
Elle a fait tout couver ça
I love you vous n’m’entendez guère
I love you vous ne m’entendez pas
(I love you vous n’m’entendez guère
I love you vous ne m’entendez pas)
Should have seen the chicken
Qui sont sortis de l’là
Should have seen the chicken
Qui sont sortis de l’là
To collect my money
Ils ont fondé un syndicat
I love you vous n’m’entendez guère
I love you vous ne m’entendez pas
(I love you vous n’m’entendez guère
I love you vous ne m’entendez pas)
And they fly like ducks
Pis parlent comme des avocats
And they fly like ducks
Pis parlent comme des avocats
When they fly over the barn
Me reconnaissez-vous pas
I love you
(I love you vous n’m’entendez guère
I love you vous ne m’entendez pas)
I took you to the market
Mon p’tit panier sous mon bras
I took you to the market
Mon p’tit panier sous mon bras
Comment vous me r’connaissez pas
Oh ben sacrement
Oh pis vous comprenez pas ce que je dis en plus
Oh ben
I go and get my gun
J’en vise un pis je l’abats
I love you vous n’m’entendez guère
I love you vous ne m’entendez pas
(I love you vous n’m’entendez guère
I love you vous ne m’entendez pas)
And just before he died
Il a l’temps de m’dire tout bas
And just before he died
Il a l’temps de m’dire tout bas
I must speak English
À partir de c’te hauteur-là
I love you vous n’m’entendez guère
I love you vous ne m’entendez pas
(I love you vous n’m’entendez guère
I love you vous ne m’entendez pas)
Un canard même à l’orange
Ça fait pas tout un gros r’pas
Un canard même à l’orange
Ça fait pas tout un gros r’pas
Never seen the girl again
J’pense que j’la marierai pas
I love you c’est d’valeur qu’a m’comprenne guère
I love you c’est d’valeur qu’a m’comprenne pas
I love you c’est d’valeur qu’a m’comprenne guère
I love you c’est d’valeur qu’a m’comprenne pas