Chantons le hockey avec Dominique Michel

Photo de Dominique Michel portant un chandail des Canadiens de Montréal, magazine Time, 1963

(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Dominique Michel, «Hiver maudit : j’hais l’hiver», 1979

 

Ah comme la neige a neigé
Ma vitre est un jardin de givre
Dans la blanche cérémonie où la neige au vent se marie
Mon père a fait bâtir maison
Vienne l’hiver en manteau de froid
Vienne l’envers des étés du roi
Ah que les temps ramènent l’hiver

Comme c’est beau, hein ?
Mais moi voyez-vous…

J’aguis l’hivere
Maudit hivere
Les dents serrées, les mains gercées, les batteries à terre
J’aguis l’hiver
Maudit hivere
Chez nous l’hiver c’comme le hockey
Y a des finales jusqu’au mois d’mai

L’été c’est la saison gênée
On ne l’a ja-mais vue passer
Vacances mouillées, rivière polluée
Un jour on gèle
L’lendemain on crève
Les maringouins font jamais d’grève
Pis l’vent entonne l’hymne à l’automne
Pour me rapp’ler — héhé héhéhéhé — que…

J’aguis l’hivere
Maudit hivere
Les dents serrées, les mains gercées, les batteries à terre
J’aguis l’hiver
Maudit hiver
Chez nous l’hiver c’comme le hockey
Y a des finales jusqu’au mois d’mai

L’automne c’est beau mais court à mort
Un beau deux s’maines multicolore
On monte dans l’nord voir le décor
Le temps d’faire Gran-by Mont-Laurier
Les feuilles ‘taient toutes tombées à terre
L’automne v’nait d’changer en hiver
Pour me rapp’ler — héhé héhéhéhé — que…

J’aguis l’hivere
Maudit hivere
Les dents serrées, les mains gercées, les batteries à terre
J’aguis l’hiver
Maudit hiver
Chez nous l’hiver c’comme le hockey
Y a des finales jusqu’au mois d’mai

Atchou !
Voyons donc

Enfin le printemps nous surprend, les pieds dans’ bouette
La tire au bec
Guéris ta grippe, change tes snow grips
Les verts bourgeons, isolation
Oui mais l’printemps ne dure qu’un mois
Le temps d’dégeler l’été est là
Pour me rapp’ler — héhé héhéhéhé — que…

J’aguis l’hivere
Maudit hivere
Les dents serrées, les mains gercées, les batteries à terre
J’aguis l’hiver
Maudit hiver
Chez nous l’hiver s’rait une horreur
Mais heureusement, oui, ha-ha, y a Guy Lafleur
Tam tam

 

P.-S.—À la fin de 1958 ou au début de 1959, Muriel Millard dresse, sous forme de chanson («Pot-pourri»), un portrait de l’activité artistique québécoise en 1958. Deux mariages de hockeyeurs sont rappelés : celui de Wally Clune avec Andrée Champagne et celui de Camille Henry avec Dominique Michel.

P.-P.-S.—En 2011, la chanson de Dominique Michel a été reprise par Amélie Grenier et Jasmin Roy.

 

 

Références

Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso. ISBN : 978-2-925079-71-2.

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture

Chantons le hockey avec Christine Corneau

Christine Corneau, album En personnes, 1988, pochette

(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Christine Corneau, «La soirée du hockey», En personnes, 1988

 

J’me souviens ben jeune
Quand on jouait dans l’salon
L’hiver passait
C’tait jamais trop long
Samedi soir mon père collait d’vant la tévé

Ma mère faisait cuire du jambon
Maudit qu’le hockey sentait bon
Quand y avait un but
[Choriste] Y avait un but
On criait comme des perdus

Quand j’entends la Soirée du hockey
Avec la voix de Lionel Duval
Qui m’parle «en direct du Forum de Montréal»
Quand j’entends la Soirée du hockey
La foule en délire
C’est plus fort que moi
[Choriste] C’est plus fort que moi
Ça m’fait souvenir

Ma mère v’nait voir le but au ralenti
Le temps s’arrêtait
Nous autres aussi
Mon père devenait heureux
Tout d’un coup

Y s’ouvrait une Mol
Y misait sur les scores
C’tait notre idole
Not’Maurice Richard
Mon père nous aimait
[Choriste] Nous aimait
Si on laissait toute la game en paix

Quand j’entends la Soirée du hockey
Avec la voix de Lionel Duval
Qui m’parle «en direct du Forum de Montréal»
Quand j’entends la Soirée du hockey
La foule en délire
C’est plus fort que moi
[Choriste] C’plus fort que moi
Ça m’fait souvenir

Le samedi soir dans mon appartement
Quand j’me sens seule
Quand j’sens peser le temps
J’passe la veillée la tévé allumée
Ça s’met d’un coup à sentir le jambon
Maudit qu’y a des souvenirs qui sentent bon
J’me sens comme une enfant
[Choriste] Comme une enfant
Je r’tourne à’maison

Quand j’entends la Soirée du hockey
Avec la voix de Lionel Duval
Qui m’parle «en direct du Forum de Montréal»
Quand j’entends la Soirée du hockey
La foule en délire
[Buits de foule]
C’est plus fort que moi
[Choriste] Plus fort que moi
Ça m’fait

Quand j’entends la Soirée du hockey
Avec la voix de Lionel Duval
Qui m’parle «en direct du Forum de Montréal»
Quand j’entends la Soirée du hockey
La foule en délire
[Bruits de foule]
[Musique du Forum]
C’est plus fort que moi
[Choriste] Plus fort que moi
Ça m’fait souvenir

Ça m’fait souvenir

 

P.-S.—Un extrait de cette chanson se trouve en épigraphe au livre de Luc Bertrand, Lionel Duval. Revoyons les faits saillants (Montréal, TVA éditions, 2001).

 

Références

Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso. ISBN : 978-2-925079-71-2.

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture

Chantons le hockey avec Léo LeSieur

Les Canadiens de Montréal, champions de la coupe Stanley en 1931, portrait de groupe

(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Léo LeSieur, «Ah ! le hockey», 1930

 

J’ai pour épouse une petite femme
Tout à fait comme il faut
Elle est jolie, aimable et douce
Elle n’a pas de défauts
Mais lorsque du jeu de hockey
Arrive la saison
Il n’y a plus moyen
De la garder
À la maison

Ah ! Le hockey ! Ah ! Le hockey !
C’est une vraie passion
Ah ! Le hockey ! Ah ! Le hockey !
Quelle ambition
Elle est toujours la première
Tous les sam’dis soirs
Dans la loge des millionnaires
Vous pourrez la voir
Elle s’enflamme, elle acclame
Les deux Mantha,
Joliat, Morenz, Leduc, Mondou
Et cætera
Elle adore tous ses champions
D’la rondelle et du bâton
Pour le hockey, elle peut rester trois jours sans manger

Je ne suis pas jaloux
Et j’ai beaucoup d’admiration
Pour ces braves défenseurs
Du trophée de notre nation
Aussi quand ma femme me dit :
Je sors ce soir, Henri
C’est final
Je n’ai rien à dire
C’est son sport favori

Ah ! Le hockey ! Ah ! Le hockey !
C’est une vraie passion
Ah ! Le hockey ! Ah ! Le hockey !
Quelle ambition !
Elle est toujours la première
Tous les sam’dis soirs
Dans la loge des millionnaires
Vous pourrez la voir
Elle s’enflamme, elle acclame
Les deux Mantha,
Joliat, Morenz, Leduc, Mondou
Et cætera
Elle adore tous ses champions
D’la rondelle et du bâton
Pour le hockey, elle peut rester trois jours sans manger

Elle s’enflamme, elle acclame
Les deux Mantha,
Joliat, Morenz, Leduc, Mondou
Et cætera
Elle adore tous ses champions
D’la rondelle et du bâton
Pour le hockey, elle peut rester trois jours sans manger

 

P.-S.—Cette chanson est une adaptation française de «Hockey» (Eugene Platzman, 1929).

 

 

Références

Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso. ISBN : 978-2-925079-71-2.

 

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture

Accouplements 257

Portraits de Giacomo Casanova et de Denise Filiatrault, collage

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Hoffmann, Benjamin, les Minuscules. Roman, Paris, Gallimard, coll. «NRF», 2024, 285 p.

«Un examen minutieux, inspiré par la jalousie la plus vive qui ne me laissait ignorer ni recoins, ni cachettes, qui me poussait à explorer les pages des livres et le revers du matelas, les profondeurs des chaussures et l’envers des édredons, m’apprit une vérité qui me déchira le cœur : la lettre de ma rivale devait reposer contre le sien puisque je ne la trouvais nulle part. Mon imagination troublée me représentait Giacomo [Casanova] relisant pour la millième fois les mots d’Henriette, les baisant avec des transports passionnés puis les plaçant contre sa peau comme le substitut d’une caresse» (p. 178-179).

Filiatrault, Denise, «Rocket Rock and Roll», 1957, 2 minutes 37 secondes, disque 45 tours et disque 78 tours, étiquette Alouette CF 45-758; repris dans Une simple mélodie. Une anthologie de la chanson québécoise de 1900 à 1960, coffret de dix disques audionumériques, 2007, étiquette Disques XXI XXI-CD 2 1571 et dans les Légendes des Canadiens, Musicor, disque audionumérique, 2009.

«J’ai beau chercher
Tout retourner
Tout chavirer
Je n’peux pas l’trouver

Rock’n’roll Rocket Rocket
Rock’n’roll Rocket Rocket

C’est vraiment bête
De manquer son Rocket
Pour un ticket

Monsieur le placier, quel bonheur
J’ai retrouvé mon ticket
Il était là sur mon cœur
Je vais voir mon Rocket
Ah ! zut ! La partie est finie»

Chantons la langue avec Ivy

Ivy, Hors des sentiers battus, 2012, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Ivy, «My name was», Hors des sentiers battus, 2012

 

J’ai des mots en bouche qui brûlent
D’enflammer les phonèmes
De cette langue que j’aime tant
Mais qui tangue aussi dangereusement
Que la tour de Pise
Quand elle épouse le mauvais angle
Elle préfère l’engrais
Qui l’infecte en la faisant enfler
Au lieu de cultiver ses minces mais profondes racines
Quand j’entends ma langue aujourd’hui
J’hallucine un max
La plante est rendue carnivore
Car elle dévore sa propre syntaxe
Chaque fois qu’a prend une marche
Qu’a marche sur la rue
Qu’elle se rue dans une autobus
Qu’est-ce qu’je pourrais dire de plus ?
Que c’pas correc’ ?
Eh tu m’prends pour qui ?
J’sais ben qu’c’est comme ça qu’on parle au Québec
(That’s how we talk in Québec
Yo Ivy)
Alors j’l’a laisse aller
J’l’écoute parler
J’la sens craquer
Et puis ch’peux pas m’empêcher d’paniquer
Ensuite j’m’irrite
Contre la pratique séculaire
Qui préfère
Coller à ses tiques
Plutôt qu’en son palais
Celle qui fut langue de roi
Est-elle encore celle des valets ?
(Le roé c’est moé)
Celle qui fut langue de roi
Est-elle encore celle des valets ?
C’est don d’valeur
Moi ça m’écœure
Quand a s’donne l’air
De faire des affaires
Alors qu’elle s’asservit
Au lieu d’lutter pour sa survie
(Yo money talks)
Si la langue était vraiment vivante
On la laisserait pas vivre dans cet état
Faque débranchons-la
Ou branchons-nous
Avant qu’le français disparaisse
Faudrait qu’on l’ait parlé entre nous
C’est c’que m’dit l’aïeul
Quand y se r’vire de bord
Dans son cercueil
(L’aïeul quand y s’fait aller la yeule
Quand y s’fait aller la yeule dans son cercueil)
Pis dans son cercueil
Y se r’vire de bord
Parce qu’il y a des tarlas qui posent du clabor
Su’a grammaire
Y a même des jeunes qui disent à leur père
«P’pa, le français, c’est comme l’égalité des sexes
Le combat a été faite, faique : next !»
(Le roé c’est moé)
Faudrait qu’la génératrice reprenne
Qu’la jeune génération comprenne
Qu’y a pas de courant sans l’gars d’Hydro
Pas de lumières sans Volt…aire
Pas d’esprit sans vocabulaire
La langue faut pas juste que ça serve
Faut qu’ça jaillisse en gerbes de verve
Comme autant d’étincelles
À propager
À grandeur du pays
Comme un incendie
Comme quand j’étais p’tit
Et que j’aimais ça
Mettre le foutre le crisser le feu
J’trouvais ça hot hot
J’me serais même fait patriote
Faiseur de marde
Et si j’m’attarde
À t’expliquer
C’est qu’j’ai la langue trop… «sticky»
Dans sa gangue enfirouapée
(Wrapped in fur
And all that crap)
Que j’lâche aux bécosses
(Out house)
Dans un vent de panique
Ô Français
Pendant combien d’temps
Me parleras-tu de l’Amérique ?
(C’est normal qu’y ait de l’anglais dans notre langue
C’est normal
Y en a partout autour
Well we do it too
We say open the lights
Ouvre la lumière
Going to the dep
On s’en va au dépanneur
Nine on ten
Neuf sur dix
C’est ta note
Ivy the Terrible
Ivan le Terrible
J’ai des mots en bouche
So Ivy your name it’s English
It’s kind of weird
Ouais mais c’t’un Anglais qui me l’a donné
Depuis je l’ai adopté
J’trouve ça mieux que French Frog
Pea Soup
Ou Pepsi
So you think you’re gonna cross over into the English market ?
I hope so I hope so can I call you a log [?]
What the fuck does that mean ?
Paul sois poli
T’es sur mon disque
Excuse me
Pardon my French)