«C’est à ce moment qu’il commence à écrire des chansons inspirées de sa propre vie : il traite de son enfance au sein d’une famille monoparentale à s’partager les troubles, les vagues à l’âme, pis les matelas […].»
Lisant le Chemin d’en haut, le roman récent de J. P. Chabot (2022), l’Oreille tendue tombe sur cette phrase tout à fait mystérieuse pour elle : «Personne d’autre connaissait ces groupes-là, à l’école, tout le monde écoutait de la musique de poil» (p. 167).
«Musique de poil» ?
L’Oreille consulte alors un moteur de recherche connu, où elle découvre un article de Jean Dion paru en 2011 : «Puis, à tête reposée, je songeai à cet autre génie qui faisait jouer de la musique de poil à fond la caisse dans son bazou et j’en arrivai à une conclusion provisoire : l’humain ne se sent jamais autant exister que lorsqu’il fait du bruit.» Autre citation : «Musique de drogués, musique de poil, musique de fucké !»
Cela fait bien peu pour essayer de comprendre. L’Oreille s’est alors tournée vers Twitter; on lui a offert plusieurs éléments de réponses. Que conclure de cette consultation ?
Le «poil» renvoie tantôt à la richesse pileuse de ses praticiens, tantôt à celle de ses fans, tantôt aux deux groupes.
Ce «poil» se prononcerait souvent «pouèl», «pouèle», «pouel» ou «pwell».
La «musique de poil» serait riche en décibels, d’où son association avec les «métalleux».
Jusque-là, ça va à peu près. Les choses se compliquent quand on essaie de donner des exemples ou de définir plus précisément un genre musical.
On peut procéder par la négative. Pour J. P. Chabot, la «musique de poil» n’inclurait pas Thursday, The Used, Underoath, Thrice ou Rufio; «Personne d’autre connaissait ces groupes-là, à l’école» (p. 167).
Parmi les exemples évoqués : Bon Jovi, Europe, Metallica, Slayer, Twisted Sister, Poison, Megadeth, Voivod, Anthrax, Judas Priest, Lamb of God.
Led Zeppelin ? Iron Maiden ? Ça se discute(rait).
Pour terminer, trois vidéos à voir sur YouTube.
Des élèves de l’école Saint-Jean-de-Bosco, selon RBO :
Connaissez-vous l’expression être sur le balan ? En Suisse, elle signifie hésiter ! Quelle expression utilisez-vous lorsque vous êtes indécis ? #PetitRobertpic.twitter.com/prIrjJaZT8
Tweet récent des Éditions Le Robert : «Connaissez-vous l’expression être sur le balan ? En Suisse, elle signifie hésiter !»
Cette expression ne paraît pas avoir cours au Québec. En revanche, le mot balan et son homonyme ballant y sont parfois utilisés pour désigner l’équilibre.
D’où ceci, tiré de la célèbre chanson «Lindberg» (paroles de Claude Péloquin, musique de Robert Charlebois, interprétation de Robert Charlebois et Louise Forestier, 1968) :
Y avait même une compagnie qui engageait des pigeons qui volaient en-dedans
Et qui faisaient le balan pour la tenir dans le vent
C’était absolument, absolument, absolument très salissant
En 1972, Trevanian parlait de «beau pétard» (p. 11).
Dans les deux cas, il s’agissait de louanger la plastique de personnes du sexe.
L’expression est plus ancienne encore. On la trouve en 1953 chez Paul Verchères :
Le grand vieux se pencha vers son compagnon et lui dit assez haut, pour que les filles l’entendent :
— Deux beaux pétards, hein Aristide (p. 25).
Ce sera tout pour l’instant.
P.S.—Il a été question du contact des langues chez Trevanian ici et de la langue de puck chez Verchères là.
[Complément du 6 décembre 2021]
«Les deux pétards» de Richard Desjardins (l’Existoire, 2012) sont une «déesse» et un «loup alpha en cuir d’agneau». On les retrouvera morts dans une chambre d’hôtel :
Le coroner lit le verdict
Ça s’est passé vers les minuit
Je suis formel catégorique
Nos beaux pétards
Sont morts d’ennui