«On ne les voit pas, ces images, mais pour peu que l’on tende l’oreille, les mots et les musiques déclenchent nos projecteurs» (le Devoir, le D magazine, 21-22 mars 2020, p. 18).
L’oreille tendue de… Grégoire Courtois
«Solveig est pâle. Elle avance tête baissée comme les autres. Les agents ici réunis tendent l’oreille afin d’identifier le moindre bruit qui puisse être synonyme de danger, mais Solveig, elle, semble ailleurs, torturée par une peur bourdonnante, qui l’empêche d’entendre, de voir ou de sentir.»
Grégoire Courtois, les Agents. Roman, Montréal, Le Quartanier, coll. «Parallèle», 01, 2019, 292 p., p. 170.
P.-S.—L’Oreille tendue a présenté ce texte le 18 mars 2020.
Le niveau baisse ! (2010)
(«Le niveau baisse !» est une rubrique dans laquelle l’Oreille tendue collectionne les citations sur le déclin [supposé] de la langue. Les suggestions sont bienvenues.)
«After my daughter was born, I’d considered buying a shotgun to ward off potential suitors fourteen or so years up the road. Now, as I listened to these girls babble and imagined Gabby one day talking with the same banality and ignorance of the English language, I thought of buying the same shotgun to blow my own fucking head off.
Five thousand years of civilization, more or less, twenty-three hundred years since the libraries of Alexandria, over a hundred years since the invention of flight, wafer-thin computers at our fingertips, which can access the intellectual riches of the globe, and judging by the girls in that room, the only advance we’d made since the invention of fire was turning like into an omni-word, useful as a verb, a noun, an article, the whole sentence if need be» (p. 124).
Source : Dennis Lehane, Moonlight Mile. A Kenzie and Gennaro Novel, New York, Harper, 2011, 348 p. Édition originale : 2010.
Pour en savoir plus sur cette question :
Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill.
L’oreille tendue de… Arnaldur Indridason
«Thorson ne répondit pas. Ses assaillants chuchotaient sans qu’il parvienne à entendre ce qu’ils se disaient. Ils semblaient se disputer. Apparemment, ils n’étaient pas d’accord. Il avait beau tendre l’oreille, il ne distinguait pas ce qu’ils disaient.»
Arnaldur Indridason, la Femme de l’ombre. Trilogie des ombres, tome 2. Roman, Paris, Seuil, coll. «Points. Policier», P4832, 2018, 384 p., p. 186. Traduction d’Éric Boury. Édition originale : 2016.
L’oreille tendue de… Mauricio Segura
«Elle conduisit en tendant une oreille distraite au babillage de Samantha qui, comme à son habitude, lui faisait un compte rendu détaillé de sa journée, en n’omettant aucun jeu auquel elle avait participé, aucune collation qu’elle avait prise, aucune consigne de l’éducatrice, aucun commentaire de ses amies.»
Mauricio Segura, Viral. Roman, Montréal, Boréal, 2020, 294 p., p. 77.




