L’oreille tendue de… Jean-Simon DesRochers

Jean-Simon DesRochers, les Inquiétudes, 2017, couverture

«Malgré les nettoyages intensifs, le cumul de désinfectants ainsi que deux couches de peinture aux murs et au plafond, l’ancienne chambre de Pénélope garde un relent d’odeur médicamenteuse. L’oreille tendue en direction du plafond, Pauline déduit que le bois du plancher a probablement absorbé sa part d’effluves.»

Jean-Simon DesRochers, les Inquiétudes. L’année noire – 1. Roman, Montréal, Les Herbes rouges, 2017, 591 p., p. 517.

P.-S. — L’auteur ne cache pas d’où vient son intention.

L’oreille tendue de… Akos Verboczy

Akos Verboczy, Rhapsodie québécoise, 2016, couverture«Je suis certain qu’il y a des chefs-d’œuvre littéraires à pondre sur l’éprouvante inspiration [que la Philippine] va prendre, là, tendez bien l’oreille, comme chaque matin avant d’aller s’occuper du ménage chez les Johnson de la rue Victoria, nourrir leur chien, sortir leurs enfants. Je suis convaincu que cette inspiration est celle de milliers d’autres femmes de toutes origines, chaque matin, chacune dans son parc, sur son banc. J’aimerais qu’elles puissent un jour se rencontrer, être ensemble, pour qu’on les entende toutes. Je suis sûr que pour y arriver, il faut d’abord en revenir. En revenir de la différence qui semble en obséder tant et qui cache l’humanité.»

Akos Verboczy, Rhapsodie québécoise. Itinéraire d’un enfant de la loi 101, Montréal, Boréal, 2016, 240 p. Édition numérique.

L’oreille tendue de… Pierre Michon

Pierre Michon, Vies minuscules, 1984, couverture«Peine perdue : elle parlait, les yeux requis au loin par on ne savait quoi, que j’avais peur de voir; et c’était aussi de dérobades qu’elle parlait, des corps disparaissants et de nos âmes toujours en fuite, des absences visibles dont nous suppléons l’absentéisme des êtres chers, leur défection dans la mort, dans l’indifférence et les départs; ce vide qu’ils laissent, elle le fécondait des mots pressés, jubilants et tragiques que le vide aspire comme le trou d’une ruche attire l’essaim, et qui dans le vide prolifèrent; elle créait de nouveau, pour elle-même, pour son petit témoin et pour un dieu dédommageant qui peut-être tendait l’oreille, pour tous ceux aussi qui dans les larmes avaient à ce jour tenu cet objet, elle fondait et consacrait, éternellement, comme l’avaient fait ses mères avant elle et comme je vais le faire ici une dernière fois, la sempiternelle relique.»

Pierre Michon, Vies minuscules, Paris, Gallimard, coll. «Folio», 2895, 1984, 249 p., p. 34-35.

L’oreille tendue de… Simenon

Georges Simenon, le Président, 1965, couverture

«Dans son lit, il tressaillit, car il avait entendu du bruit dehors. En tendant l’oreille, il reconnut le pas d’un des inspecteurs qui battait la semelle pour se réchauffer.»

Georges Simenon, le Président, Paris, Presses de la Cité, 1965, 183 p., p. 106. Édition originale : 1958.