L’oreille tendue de… Louis Hamelin

Louis Hamelin, Autour d'Éva, 2016, couverture«Manon et Dubois occupent seuls la longue table en bois installée à l’avant en guise de tribune. Par les fenêtres, on aperçoit les rangs serrés d’épinettes noires cachant le lac. La paix du soir est telle que la rumeur de voix et de crissements de pieds de chaise qui monte de l’assistance n’empêche nullement de suivre, sans avoir besoin de tendre l’oreille, l’arrivée de chaque nouveau véhicule motorisé débouchant dans le parking du chalet scout, couvert, comme le chemin d’accès, de sable fauve, de fin gravier et de poussière blanche.»

Louis Hamelin, Autour d’Éva. Roman, Montréal, Boréal, 2016, 418 p., p. 66.

Le niveau baisse ! (1835)

(«Le niveau baisse !» est une rubrique dans laquelle l’Oreille tendue collectionne les citations sur le déclin [supposé] de la langue. Les suggestions sont bienvenues.)

 

«D’où vient qu’une partie des élèves qui ont achevé leurs études, bien loin d’être habiles dans leur langue maternelle, ne peuvent même pas en écrire correctement l’orthographe ?»

Source : L.-G. de Lacombe, Un coup-d’œil sur l’état actuel de l’enseignement en France, Paris, A. Jeanthon, 1835.

 

Pour en savoir plus sur cette question :

Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill.

Benoît Melançon, Le niveau baisse !, 2015, couverture

L’oreille tendue de… Catherine Mavrikakis

«Je ne sais pas s’il y a de l’angoisse dans mon carnet. Je dirais plutôt qu’il y a de l’inquiétude. Je suis inquiète, toujours inquiète, aux aguets, par rapport à l’avenir, par rapport à ce qui peut nous tomber dessus. C’est une forme d’écoute du monde, des autres. Je suis une oreille tendue, oui, très tendue» (Catherine Mavrikakis, entrevue par Dominique Lemieux, les Libraires, 14 septembre 2010).

Le niveau baisse ! (2017)

(«Le niveau baisse !» est une rubrique dans laquelle l’Oreille tendue collectionne les citations sur le déclin [supposé] de la langue. Les suggestions sont bienvenues.)

 

«Il faut prendre la chose au sérieux : le français a besoin d’être protégé. On ne mesure pas à quel point la chose est grave. Le français est un élément essentiel de notre identité. La langue dominante anglaise exerce une pression constante, il nous faut patrouiller constamment et rester vigilants, la langue française est attaquée, maltraitée, méprisée, houspillée, injuriée. Il est primordial de réagir au déclin du français au Québec, car le mal se marque nettement, et de plus en plus.»

Source : Daniel Gagnon, «Le français menacé», le Devoir, 14 février 2017, p. A6.

 

Pour en savoir plus sur cette question :

Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill.

Benoît Melançon, Le niveau baisse !, 2015, couverture

L’oreille tendue de… André Belleau

André Belleau, Notre Rabelais, couverture, 1990

«Si on mettait bout à bout toutes les grossièretés, en oubliant le reste, on finirait par dessiner, au tableau noir, un corps caractérisé par une excroissance prodigieuse du nez, une ouverture abyssale de la bouche et un gonflement énorme de l’étage corporel inférieur. Et ce corps serait dépourvu d’yeux parce que ceux-ci individualisent, renvoient à une singularité. Le regard, reflet de l’intérieur, la vision introspective viendront plus tard avec la littérature bourgeoise. Le corps grotesque se signale au contraire par l’hypertrophie des organes de relation au monde : l’oreille que l’on tend, le nez qui hume.»

André Belleau, Notre Rabelais, Montréal, Boréal, 1990, 177 p., p. 35. «Présentation» de Diane Desrosiers et François Ricard.