Pourvu que ça dure

Adjectif à surveiller : durable.

On connaissait le développement durable. Il y maintenant des territoires durables, la finance durable, l’investissement durable, l’agriculture durable, l’ingénierie durable, voire la santé durable.

Tendons l’oreille.

 

[Complément du 26 octobre 2021]

N’oublions ni l’aréna durable, ni les industries durables.

 

[Complément du 13 décembre 2021]

Pourquoi se contenter d’une durabilité sectorielle (en quelque sorte) ? Allons-y pour la totale, comme dans cette publicité parue dans le Devoir des 11-12 décembre 2021 (p. E2).

Publicité pour une «société durable», le Devoir, 11-12 décembre 2021, p. E2

Alerte lexicale

Il fut un temps, pas très éloigné, où le mot tsunami était sur toutes les lèvres. (Voyez ici et .)

S’il en faut en croire @machinaecrire, ce mot pourrait bientôt être remplacé par un autre :

 

À ses deux exemples, ajoutons «une pandémie de plaintes» (Libération, 11 avril 2020).

Et tendons l’oreille.

L’insoutenable légèreté de la titraille

Milan Kundera, l’Insoutenable Légèreté de l’être, éd. de 2019, couverture

L’Oreille tendue aime bien se considérer comme un service public. C’est pourquoi il lui arrive de proposer des moratoires, notamment en matière de titraille : ne pas s’inspirer de Laclos, de Gabriel García Márquez (ici ou ), de Marivaux, de Houellebecq, de Denys Arcand ou de Réjean Ducharme, ne pas marier la tradition à la modernité, ne pas pratiquer le chiasme, ne pas adresser des lettres d’amour.

Accueillons aujourd’hui, dans ce club sélect, Milan Kundera.

«L’insoutenable inutilité de l’être» (le Devoir, 3 avril 2020).

«L’insoutenable légèreté de l’être occidental» (le Devoir, 21 mars 2020).

«Investiture démocrate. L’insoutenable dangerosité du (mot) socialisme» (la Presse+, 5 mars 2020).

«L’insoutenable légèreté du sentiment» (Fabula, janvier 2020).

«“Celle que vous croyez” : l’insoutenable légèreté du virtuel» (le Devoir, 27 septembre 2019).

«L’insoutenable légèreté de Jason Kenney» (la Presse+, 17 juin 2019).

À votre service.

 

[Complément du 22 mars 2022]

Ajoutons encore ceci, pour ceux qui n’écoutent pas dans le fond de la salle…

«Le psy et l’insoutenable légèreté» (le Devoir, 21 mars 2022).

«L’insondable légèreté du sondeur» (la Presse+, 25 septembre 2021).

«L’insoutenable lenteur des tests rapides» (la Presse+, 26 août 2021).

«L’insoutenable lourdeur du marketing» (le Devoir, 29 avril 2021).

«L’insoutenable légèreté du capitalisme vis-à-vis de notre santé» (le Nouvel Observateur, 23 mars 2020).

La saveur du jour

«Budget à saveur de transport collectif»

À l’occasion (2009, 2010, 2011, 2013, 2014, 2015, 2017, 2017), l’Oreille tendue pratique un tri sélectif dans sa corbeille de à saveur, ce fléau québécois.

Histoire de varier les plaisirs — façon de parler —, regroupons aujourd’hui les à saveur selon leur syntaxe.

Avec un adjectif

«film à saveur médiévale» (le Devoir, le D magazine, 21-22 mars 2020, p. 5)

«à saveur sanitaire» (Twitter)

«texte à saveur techno-environnementale» (Twitter)

«à saveur internationale» (la Presse+, 10 mars 2020)

«Gourmandises à saveur musicale» (la Presse+, 7 août 2019)

«une comédie romantique costumée à saveur féministe» (le Devoir, D le magazine, 30 juin-1er juillet 2018, p. 13)

«un hamburger à saveur montréalaise» (la Presse+, 28 novembre 2017)

«des œuvres d’art à saveur sportive» (le Devoir, 24 novembre 2017, p. B2)

«Le Parti libéral a tenu un Conseil général à saveur préélectorale, ce week-end» (le Devoir, 5 juin 2017, p. A3).

«discours à saveur électorale» (le Devoir, 17 janvier 2011, p. B1)

Avec complément introduit par de

«Cabrera était venu à Montréal pour prendre la relève de Rémi Garde, congédié quelques jours après un match nul de 3-3 à saveur de défaite, le 17 août contre le FC Dallas au stade Saputo» (la Presse+, 25 octobre 2019).

«Le programme du Parti québécois. Maintenant à saveur de gouvernance souverainiste» (le Devoir, 1er novembre 2011, p. A8, caricature de Garnotte).