Le niveau baisse ! (1951)

(«Le niveau baisse !» est une rubrique dans laquelle l’Oreille tendue collectionne les citations sur le déclin [supposé] de la langue. Les suggestions sont bienvenues.)

 

«les maux dont souffre l’Université actuelle, et qui ne sauraient se prolonger sans péril, se répartissent sous deux ordres.

Le premier mal, qui éclate à tous les yeux, qui s’accuse chaque jour comme une sorte de scandale et que les maîtres sentent peser sur eux comme une espèce de condamnation, c’est la baisse du niveau et de la qualité des études. Baisse relative, pour sûr — et l’on sait bien que la comparaison serait écrasante entre le bachelier d’aujourd’hui et celui du siecle dernier. Mais baisse absolue, en quelque sorte, et qui n’a pas besoin de comparaison chronologique pour apparaître, tellement l’état intellectuel de l’élève courant se situe au-dessous du plus pauvre minimum. L’école primaire présente au lycée, en priant qu’on ne regarde pas trop à l’orthographe, des enfants qui vont faire du latin ou des langues sans savoir distinguer un attribut d’un complément. Les grands élèves du secondaire cultivent le contresens, et pas seulement dans la version latine : les textes français eux-mêmes leur deviennent incompréhensibles.»

Source : la Croix, 15 février 1951, cité par @TractLinguistes

 

Pour en savoir plus sur cette question :

Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill.

Benoît Melançon, Le niveau baisse !, 2015, couverture

Accouplements 213

Philippe Didion, «note palindrome, Épinal (Vosges), 6 décembre 2014»

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Le premier collectionne les tickets de caisse. Le second, les grammaires.

«Grâce aux moyens de communication dont on dispose aujourd’hui, on finit toujours par apprendre que quelqu’un est allé plus loin que soi dans n’importe quel domaine, quelle que soit l’originalité dont on pensait avoir fait preuve en croyant le découvrir ou l’inventer. C’est magique» (Philippe Didion, Notules dominicales de culture domestique, 10 septembre 2023).

«Le plus étonnant est que ce vice solitaire, dont je crains qu’il ne déclenche des réactions d’exaspération parmi les linguistes (une bibliothèque d’autodidacte comme la mienne n’a sans doute aucun sens pour eux), peut créer ou renforcer des liens. Avec un peu de temps et d’énergie, il serait tout à fait possible de lancer un club, une franc-maçonnerie, une mafia, une secte — l’une des leçons qu’on apprend à force de fréquenter Internet, c’est qu’aucun cinglé n’est seul de son espèce» (Jean-Pierre Minaudier, Poésie du gérondif. Vagabondages linguistiques d’un passionné de peuples et de mots, Le Rayol Canadel, Le Tripode, 2014, 157 p., p. 13).

Le premier ? Par ici.

Le second ? Par .

L’oreille tendue de… Alain Mabanckou

Image tirée de Refrancisons-nous, 1951 (deuxième édition), p. 97

«Le déclin de la langue française est une obsession inventée par ceux qui pratiquent la politique de la citadelle assiégée — une citadelle dans laquelle je ne me trouve pas car j’ai appris à tendre l’oreille du côté de la rumeur du monde.»

Alain Mabanckou, mai 2023

 

Illustration : J.-F., F. [Frère Jean-Ferdinand], Refrancisons-nous, s.l. [Montmorency, Québec ?], s.é., coll. «Nous», 1951 (deuxième édition), 143 p., p. 97.

Le niveau baisse ! (depuis Babylone)

(«Le niveau baisse !» est une rubrique dans laquelle l’Oreille tendue collectionne les citations sur le déclin [supposé] de la langue. Les suggestions sont bienvenues.)

 

«Cette jeunesse est pourrie depuis le fond du cœur. Les jeunes gens sont malfaisants et paresseux. Ils ne seront jamais comme la jeunesse d’autrefois. Ceux d’aujourd’hui ne seront pas capables de maintenir notre culture.»

Source : inscription sur une poterie, Babylone, il y a 3000 ans, citée dans Jean-Marie Petitclerc, Y’a plus d’autorité !, Toulouse, Érès, coll. «Même pas vrai !», 2007 (2003), p. 9, cité dans Francis Dupuis-Déri, Panique à l’université. Rectitude politique, wokes et autres menaces imaginaires, Montréal, Lux éditeur, 2022, 315 p., p. 68.

 

Pour en savoir plus sur cette question :

Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill.

Benoît Melançon, Le niveau baisse !, 2015, couverture