Florilège belléen

Portrait d’André Belleau

Un colloque se tiendra les 17 et 18 septembre sur l’œuvre d’André Belleau (le programme est ici). L’Oreille tendue, qui y participera, a relu cette œuvre. Pour Twitter, elle en a extrait quelques phrases. Les voici rassemblées.

«Le pianiste de Prague», Liberté, 22 (4), avril 1962, p. 218-224. [Nouvelle] https://id.erudit.org/iderudit/30133ac

«Nous les rédacteurs sportifs sommes les derniers poètes épiques de l’espèce» (p. 218).

«La rue s’allume», Liberté, 46 (8, 4), juillet-août 1966, p. 25-28; repris dans Y a-t-il un intellectuel dans la salle ? Essais, Montréal, Primeur, coll. «L’échiquier», 1984, p. 17-19; repris dans Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1986, p. 59-63; repris dans Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Boréal compact», 286, 2016, p. 59-64. https://id.erudit.org/iderudit/30058ac

«J’aime la chanson actuelle de toute ma faiblesse» (p. 28).

«Kid Sentiment», Liberté, 57 (10, 3), mai-juin 1968, p. 204-205. [Compte rendu du film Kid Sentiment de Jacques Godbout, 1968] https://id.erudit.org/iderudit/60378ac

«Mais voilà, il faut se tuer à rappeler des évidences» (p. 204).

«D’un navet…», Liberté, 59-60 (10, 5-6), septembre-décembre 1968, p. 80-83. [Compte rendu de le Cinéma canadien de Gilles Marsolais, 1968] https://id.erudit.org/iderudit/29566ac

«Quand donc le ridicule va-t-il finir par tuer ?» (p. 82)

«L’automate comme personnage de roman», Études françaises, 8, 2, mai 1972, p. 115-129; repris dans Y a-t-il un intellectuel dans la salle ? Essais, Montréal, Primeur, coll. «L’échiquier», 1984, p. 28-34. https://doi.org/10.7202/036513ar

«il faut tenir compte des rapport entre les technologies de pointe d’une époque et la littérature en général» (p. 120).

[s.t.], Liberté, 109 (19, 1), janvier-février 1977, p. 91. [Sur Françoise Loranger] https://id.erudit.org/iderudit/30877ac

«la langue, ce n’est pas un vieux meuble»

«Culture populaire et culture “sérieuse” dans le roman québécois», Liberté, 111 (19, 3), mai-juin 1977, p. 31-36; repris dans Y a-t-il un intellectuel dans la salle ? Essais, Montréal, Primeur, coll. «L’échiquier», 1984, p. 141-144; repris dans Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1986, p. 159-165; repris dans Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Boréal compact», 286, 2016, p. 157-163. https://id.erudit.org/iderudit/30808ac

«Chez nous, c’est la culture qui est obscène» (p. 31).

«Portrait du prof en jeune littératurologue (circa 1979, détails)», Liberté, 127 (22, 1), janvier-février 1980, p. 29-33; repris, sous le titre «Portrait du prof en jeune littératurologue (circa 1979, détails)», dans Y a-t-il un intellectuel dans la salle ? Essais, Montréal, Primeur, coll. «L’échiquier», 1984, p. 107-109; repris, sous le titre «Portrait du prof en jeune littératurologue (circa 1979, détails)», dans Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1986, p. 91-95; repris, sous le titre «Portrait du prof en jeune littératurologue (circa 1979, détails)», dans Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Boréal compact», 286, 2016, p. 89-94. https://id.erudit.org/iderudit/29834ac

«Enseigner la littérature, c’est faire en sorte que certains textes ne s’achèvent pas» (p. 31).

«L’effet Derome ou Comment Radio-Canada colonise et aliène son public», Liberté, 129 (22, 3), mai-juin 1980, p. 3-8; repris, sous le titre «L’effet Derome», dans Y a-t-il un intellectuel dans la salle ? Essais, Montréal, Primeur, coll. «L’échiquier», 1984, p. 82-85; repris, sous le titre «L’effet Derome», dans Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1986, p. 107-114; repris dans Laurent Mailhot (édit.), l’Essai québécois depuis 1845. Étude et anthologie, Montréal, Hurtubise HMH, coll. «Cahiers du Québec. Littérature», 2005, p. 187-193; repris, sous le titre «L’effet Derome», dans Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Boréal compact», 286, 2016, p. 105-112. https://id.erudit.org/iderudit/29869ac

«Décidément, [Bernard] Derome a l’anglais obscène» (p. 5).

«André Belleau. 11 novembre 1981», Montréal, Entreprises Radio-Canada, Les transcriptions radio, coll. «Le travail de la création», 8, 1981, 10 p. Recherchiste et interviewer : Marcel Bélanger. Réalisateur : Fernand Ouellette.

«On est Rimbaud à dix-huit ans, on ne peut pas être un essayiste à dix-huit ans» (p. 8).

«Maroc sans noms propres», Liberté, 149 (25, 5), octobre 1983, p. 129-134; repris dans Y a-t-il un intellectuel dans la salle ? Essais, Montréal, Primeur, coll. «L’échiquier», 1984, p. 59-62; repris dans Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1986, p. 49-55; repris dans Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Boréal compact», 286, 2016, p. 49-55. https://id.erudit.org/iderudit/30604ac

«Le malheur d’être touriste alors qu’il faudrait être un voyageur !» (p. 131)

«Petite essayistique», Liberté, 150 (25, 6), décembre 1983, p. 7-10; repris dans Y a-t-il un intellectuel dans la salle ? Essais, Montréal, Primeur, coll. «L’échiquier», 1984, p. 7-9; repris dans Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1986, p. 85-89; repris dans Lise Gauvin et Gaston Miron (édit.), Écrivains contemporains du Québec depuis 1950, Paris, Seghers, 1989, p. 72-73; repris dans Marie Malo, Guide de la communication écrite au cégep, à l’université et en entreprise, Montréal, Québec/Amérique, 1996, p. 269-270; repris dans Jean-François Chassay (édit.), Anthologie de l’essai au Québec depuis la Révolution tranquille, Montréal, Boréal, 2003, p. 205-208; repris dans François Dumont (édit.), Approches de l’essai. Anthologie, Québec, Nota bene, coll. «Visées critiques», 2003, p. 159-163; repris dans Laurent Mailhot (édit.), l’Essai québécois depuis 1845. Étude et anthologie, Montréal, Hurtubise HMH, coll. «Cahiers du Québec. Littérature», 2005, p. 182-187; repris dans Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Boréal compact», 286, 2016, p. 83-87. https://id.erudit.org/iderudit/30652ac

«Un écrivain est toujours d’abord et avant tout un réécriveur» (p. 7).

«Entretien autobiographique avec Wilfrid Lemoine», Liberté, 169 (29, 1), février 1987, p. 4-27. Transcription par François Ricard d’un entretien radiophonique du 4 mai 1978 dans la série «À la croisée des chemins» (réalisation d’Yves Lapierre). https://id.erudit.org/iderudit/31100ac

«L’administrateur est un créateur de discours, comme un écrivain, au fond» (p. 17).

«Le lecteur de polars. Extraits des Cahiers de lecture (1969-1986)», dans Benoît Melançon et Pierre Popovic (édit.), Miscellanées en l’honneur de Gilles Marcotte, Montréal, Fides, 1995, p. 219-237. Texte édité et présenté par Benoît Melançon et Pierre Popovic.

«Je suis sans doute un lecteur naïf» (p. 233).

Cahiers de lecture III, 20 mai 1980-1er juillet 1986, inédits.

«Les mensonges sans lesquels on ne peut vivre sont des vérités» (11 août 1980).

Le fils de son père ?

Il y a actuellement des élections fédérales au Canada.

Le chef du Parti libéral, Justin Trudeau, est le fils d’un ancien chef du même parti et premier ministre du pays, Pierre Elliott Trudeau.

On reproche souvent au fils de mal parler français, de moins bien maîtriser cette langue que son père.

Les difficultés linguistiques de Justin Trudeau sont incontestables; n’y insistons pas (pour l’instant). Mais est-il vrai que Pierre Elliott Trudeau ait si bien maîtrisé le français ?

Ce n’est pas ce que pensait André Belleau, lui qui écrivait ceci en 1974 :

C’est que la prononciation (dont l’accent), plus sans doute que le choix des mots, est un phénomène de classe. L’exemple le plus éclairant en est le fameux «lousy French» lancé dédaigneusement naguère par Pierre Elliott Trudeau. La langue de Trudeau abonde pourtant en incorrections grossières : «matières agricoles» (i.e. produits…), «gouverner pour un petit passage» (i.e. un court laps de temps), «faire introduire une loi», «on a été élu sur un programme fédératif», «si ces conditions seraient remplies»… (ces exemples notés à l’occasion de quelques interviews à la télé). Mais Trudeau, voilà l’essentiel, n’a pas la prononciation du peuple, notamment des paysans. Cela suffit à inspirer un sentiment de supériorité. […] La vérité, c’est que Trudeau, ô scandale, parle moins bien français que ne le faisait [Maurice] Duplessis qui, lui, avait l’accent paysan (éd. de 1974, p. 36-37).

Puis de nouveau en 1980 :

Prenons l’exemple fort instructif du français de Pierre Elliott Trudeau, fréquemment erroné tant du point de vue de la syntaxe que du lexique. Ce caractère n’est curieusement pas perçu dans les situations concrètes de parole où l’on entend Trudeau : ce qui opère réellement alors, c’est l’absence de la prononciation paysanne (que la grande majorité des Québécois a gardée de ses ancêtres). Cette simple «non-présence» d’une marque énonciative suffit, dans la situation socio-linguistique qui est la nôtre, à créer l’impression que Trudeau parle bien, mieux en tout cas qu’un autre Québécois dont le français serait, lui, correct mais grevé de l’accent paysan (éd. de 1980, p. 3-4).

«Incorrections grossières», syntaxe et lexique fautifs, jeu sur l’accent : il y a une chroniqueuse du quotidien la Presse qui a dû être triste en lisant ces lignes, elle qui idolâtrait (et idolâtre toujours) celui qui a donné son nom à l’aéroport international de Montréal.

P.-S. — L’Oreille tendue a déjà cité d’autres passages du texte de Belleau paru en 1980, «L’effet Derome ou Comment Radio-Canada colonise et aliène son public», s’agissant de la prononciation des noms étrangers dans les médias.

 

Publicité du Parti libéral du Canada, août 2015

 

Références

Belleau, André, «La langue de la Sagouine», avant-propos à Antonine Maillet, la Sagouine, Montréal, Leméac, coll. «Théâtre acadien», 2, 1974, p. 35-38; repris, sous le titre «Quelle langue parle la Sagouine ?», dans Y a-t-il un intellectuel dans la salle ? Essais, Montréal, Primeur, coll. «L’échiquier», 1984, p. 68-69.

Belleau, André, «L’effet Derome ou Comment Radio-Canada colonise et aliène son public», Liberté, 129 (22, 3), mai-juin 1980, p. 3-8; repris, sous le titre «L’effet Derome», dans Y a-t-il un intellectuel dans la salle ? Essais, Montréal, Primeur, coll. «L’échiquier», 1984, p. 82-85; repris, sous le titre «L’effet Derome», dans Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1986, p. 107-114; repris dans Laurent Mailhot (édit.), l’Essai québécois depuis 1845. Étude et anthologie, Montréal, Hurtubise HMH, coll. «Cahiers du Québec. Littérature», 2005, p. 187-193; repris, sous le titre «L’effet Derome», dans Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Boréal compact», 286, 2016, p. 105-112. https://id.erudit.org/iderudit/29869ac

Accouplements 30

«Parlez ici devant l’hygiaphone»

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux textes d’horizons éloignés.)

Le Belge Jean-Marie Klinkenberg s’intéresse depuis (au moins) le début des années 1990 à l’hygiaphone :

j’ai toujours admiré la petite mention, ératépiste elle aussi [de la RATP], m’enjoignant de «parler dans l’hygiaphone». Comme si je pouvais communiquer avec le préposé autrement que par ces petits trous, dont j’apprends le nom, du coup ! Et comme si, à moins d’avoir une imagination vraiment perverse, je pouvais faire autre chose avec cet instrument que d’aller au-delà de lui par la parole ! Je soupçonne fort une telle inscription, sans fin pratique réelle, de n’avoir d’autre rôle que de rappeler sans cesse le règne bigbrotheresque de l’écrit parmi nous (éd. de 2015, p. 168).

Une décennie plus tôt, le Québécois Jean Larose ouvrait précisément son dialogue entre «L’écrit» et «L’oral» sur le même appareil. Le premier est un brin guindé :

Pas un mot n’atteindra le guichetier du métropolitain, dans sa guérite climatisée, qu’il n’ait subi la chicane d’un étrange filtre. Comment le décrire ? L’ouverture désignée au commerce des voix, afin de garantir l’employé d’une infection, fut ménagée en zigzag, de manière que le seul son touche l’oreille laborieuse, l’air de millions de souffles peut-être pas sains se heurtant au bouclier de plexiglas, marqué, au-dessus d’une flèche impérieuse : «Parlez ici, devant l’hygiaphone» (éd. de 1984, p. 95-96).

Le second devisant est plus direct :

c’est français typique comme invention. Maniaque au coton, dans le genre bouche en cul de poule. La flèche ben autoritaire, puis l’ordre : «Parlez law, pis jusse law» (éd. de 1984, p. 96).

Savoir où parler n’irait pas de soi ? Avons-nous toujours besoin de filtres ? De prescriptions ?

 

Références

Klinkenberg, Jean-Marie, «Le français : une langue en crise ?», dans le Français en débat, Bruxelles, Communauté française, Service de la langue française, coll. «Français et société», 4, 1992, p. 24-45. Repris dans Études françaises, 29, 1, printemps 1993, p. 171-190, dans Jean-Marie Klinkenberg, la Langue et le citoyen. Pour une autre politique de la langue française, Paris, Presses universitaires de France, coll. «La politique éclatée», 2001, p. 98-122 et dans la Langue dans la Cité. Vivre et penser l’équité culturelle, Bruxelles, Les Impressions nouvelles, 2015, p. 153-179.

Larose, Jean, «Frais de représentation», Liberté, 138 (26, 3), novembre-décembre 1981, p. 65-87. Repris, sous le titre «Frais de représentation. Du Québec et de la France», dans la Petite Noirceur. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1984, p. 95-117. https://id.erudit.org/iderudit/60327ac

Aide bibliographique demandée

Illustration tirée de Refrancison-nous, 1951, deuxième édition

Dans son prochain livre, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), l’Oreille tendue aimerait bien reproduire l’illustration ci-dessus.

Malheureusement, elle n’arrive pas à en trouver la source.

Gilles Pellerin la reproduit dans Récits d’une passion (1997, p. 110) et donne Refrancisons-nous (1951) comme source. Or l’Oreille a cet ouvrage dans sa bibliothèque et l’image ne s’y trouve pas.

Ça vous dit quelque chose ?

 

[Complément du 5 août 2015]

Mystère éclairci : en 1951, il y a eu deux éditions de Refrancisons-nous. La première — celle que possède l’Oreille — n’a qu’une illustration. La seconde, plusieurs. C’est elle que Gilles Pellerin a utilisée. L’illustration ci-dessus y est reproduite à la p. 14.

 

Références

J.-F., F. [Frère Jean-Ferdinand], Refrancisons-nous, s.l. [Montmorency, Québec ?], s.é., coll. «Nous», 1951, 142 p. Ill. Première édition.

J.-F., F. [Frère Jean-Ferdinand], Refrancisons-nous, s.l. [Montmorency, Québec ?], s.é., coll. «Nous», 1951, 143 p. Ill. Deuxième édition.

Pellerin, Gilles, Récits d’une passion. Florilège du français au Québec, Québec, L’instant même, 1997, 157 p. Ill.