L’École de la tchén’ssâ a un an

La mienne

C’était le 19 mai 2012. L’Oreille tendue voulait célébrer la publication de son millième billet. L’idée lui vint alors de consacrer un texte à des romans qu’elle avait lus récemment. L’École de la tchén’ssâ était née.

Son succès, elle l’avoue sans fausse modestie, fut instantané. Deux mois plus tard, le 18 juillet, elle résumait la «Fortune de la tchén’ssâ» et il lui est arrivé de mettre ce texte à jour.

Où en sommes-nous un an plus tard ?

La critique universitaire n’hésite pas à employer l’expression. Elle est dans la bouche de Francis Langevin en introduction à une conférence intitulée «La régionalité dans les fictions contemporaines au Québec» et sous sa plume dans l’article «La régionalité dans les fictions québécoises d’aujourd’hui. L’exemple de Sur la 132 de Gabriel Anctil». Un cours donné au trimestre d’hiver 2013 à l’Université de Sherbrooke (ELC 105, Littérature québécoise : de 1940 à nos jours) comportait (au moins) une allusion à l’École de la tchén’ssâ. En tournée en Inde, le professeur et romancier Samuel Archibald, lui-même membre de l’École, tient un blogue (conjugal). Ce que ça donne ?

La littérature québécoise en IndeSur Facebook, le 7 février 2013, les Éditions Nota bene félicitent l’Oreille tendue pour sa création. (Elle n’en demandait pas tant.)

Chez les Éditions Nota bene

William S. Messier, dans son texte destiné à l’abécédaire «Contre le bavardage» du site Poème sale, passe aux aveux : «j’suis de l’École de la tchén’ssâ». Le même Messier fera un grand plaisir à l’Oreille quand, sur Twitter, il écrira : «Pour un rasage de près, optez pour la chainsaw de @benoitmelancon ! https://oreilletendue.com/2013/04/03/le-vocabulaire-de-lecole-de-la-tchenssa/

On peut le dire : l’École de la tchén’ssâ doit désormais être considérée, en elle-même, comme un objet d’étude pour l’histoire de la littérature. Ce n’était pas prévu.

P.-S. — La tchén’ssâ qui se trouve au début de ce billet est celle de l’Oreille tendue : elle sort du placard.

Dictionnaire des séries 04

Roy, MacGregor, Wayne Gretzky’s Ghost and Other Tales from a Lifetime in Hockey, 2011, couverture

Il peut arriver que l’agitateur, cette petite peste, se batte. Ce n’est pourtant pas son rôle principal. Il est essentiellement là pour embêter l’adversaire, lui faire perdre patience, le faire sortir de ses gonds.

Il fait partie de la catégorie (vague) des joueurs d’énergie. Il évolue le plus souvent au sein du quatrième trio des joueurs offensifs. (Y a-t-il des agitateurs parmi les défenseurs ? L’Oreille tendue se le demande.) C’est dire qu’il est le 10e, le 11e ou le 12e attaquant de son équipe, voire pire.

L’excellent Roy MacGregor a plaidé pour l’abolition de ce quatrième trio. Il n’a manifestement pas été entendu. C’est dommage.

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)

 

Référence

MacGregor, Ray, «Death to the Fourth Line», The Globe and Mail, 6 octobre 2010, repris dans Wayne Gretzky’s Ghost and Other Tales from a Lifetime in Hockey, Toronto, Random House Canada, 2011, p. 204-206.

Autopromotion 066 — Dictionnaire des séries 01

Le cube Rubik et la hockey

Les séries éliminatoires — il fut un temps où on disait «le détail» — de la Ligue nationale de hockey commencent ce soir. D’ici à la victoire finale, l’Oreille tendue définira un mot par jour du lexique hockeyistique; ce sera son Dictionnaire des séries. Cela devrait s’ajouter à son entrée quotidienne, pas s’y substituer. On verra bien.

***

À tout seigneur tout honneur : faut-il dire hockey ou hockey sur glace ?

Pour David Adams Richards, dans Hockey Dreams. Memories of a Man who Couldn’t Play (1996), c’est clair : vous dites ice hockey, au lieu de hockey, et c’est le signe incontestable que vous êtes un péquenaud (en matière de sport).

Selon Simon Grondin, dont l’érudition en ce domaine force l’admiration, on peut décrire le Hockey vu du divan (2012) et parler, sans rougir, de hockey sur glace.

Que choisir ?

Il est légitime de penser que ceux qui disent hockey sur glace utilisent cette expression pour éviter la confusion entre ce sport et le hockey sur gazon.

Pour simplifier les choses, l’Oreille tendue propose de réserver le mot hockey pour le sport qui se pratique au froid et d’appeler hockey avec pas d’glace toute autre activité (plus ou moins) vaguement apparentée.

Voilà une bonne chose de faite. Passons aux autres.

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)

 

Références

Grondin, Simon, le Hockey vu du divan, Sainte-Foy (Québec), Presses de l’Université Laval, 2012, xvi/214 p. Ill.

Richards, David Adams, Hockey Dreams. Memories of a Man who Couldn’t Play, Toronto, Doubleday Canada, 1997, 238 p. Édition originale : 1996.

L’être, ne pas en avoir l’air ni le faire

Soit les possibilités suivantes.

Être smatte : être aimable, attentionné, gentil.

Avoir l’air smatte : faire bonne impression.

Exemple : Ta nouvelle dulcinée a l’air smatte; Justin Trudeau n’a pas l’air smatte.

Avoir l’air smatte : se retrouver dans une position désavantageuse, souvent par sa propre faute.

Exemple : «Moi qui ne sais même pas réparer une crevaison. J’ai l’air smatte. #velomtl #smatte #flat http://t.co/IyesdYW0PG» (@LucieBourassa).

Faire son smatte : rouler les mécaniques.

«Au Québec, désigne quelqu’un qui se considère très supérieur et qui ne se gêne pas pour le faire savoir» (Un Québec si lointain, p. 211).

On ne les confondra pas.

Remarques grammatico-orthographiques

On peut employer le mot smatte comme nom ou comme épithète.

«@PimpetteDunoyer Que dire des smattes qui sortent déjà, à 8 degrés, en short (version cuissarde ou standarde) et en camisole ? #VeloMtl» (@LucieBourassa).

Le mot vient de l’anglais smart (intelligent, malin, futé, astucieux, habile, etc.).

À côté de smatte, on trouve donc, à l’occasion, la graphie smarte.

Albert Chartier et Claude-Henri Grignon mêlent les deux («smarte», p. 171; «smatte», p. 207).

Albert Chartier, Séraphin

Albert Chartier, Séraphin

 

[Complément du 29 avril 2013]

Daniel Lavoie a interprété une «Danse du smatte».

 

Références

Dubois, Richard, Un Québec si lointain. Histoire d’un désamour, Montréal, Fides, 2009, 213 p.

Grignon, Claude-Henri et Albert Chartier, Séraphin illustré, Montréal, Les 400 coups, 2010, 263 p. Préface de Pierre Grignon. Dossier de Michel Viau.

Adverbialement, donc

Limite, dans la phrase suivante : «Une nouvelle, limite insignifiante, capte mon attention» (le Compteur intelligent, p. 9).

Rare, dans ce tweet : «Les militants qui jouent à “mon parti est plus souverainiste que le tien”, c’est non seulement bête, mais c’est contreproductif rare» (@Hortensia68).

Ici, noir : «Au lieu de me regarder noir, selon la coutume, il me lâchait cent propos goguenards, auxquels je ne comprenais rien» (les Confessions, seconde partie, livre neuvième, p. 529).

Des mots qui ne sont pas des adverbes, mais qu’on utilise comme si.

 

Références

Rousseau, Jean-Jacques, les Confessions, Paris, Garnier, coll. «Classiques Garnier», 1980, cxlii/1094 p. Ill. Introduction, bibliographie, notes, relevé des variantes et index par Jacques Voisine, édition révisée et augmentée. Édition originale : 1782 et 1789 (posthume).

Sylvestre, Daniel, le Compteur intelligent. Carnets libres, volume II, Montréal, La mèche, coll. «Les doigts ont soif», 2013, 92 p. Ill.