À la série des mots qui changent de genre d’un côté à l’autre de l’Atlantique — vidéo, porno, loto —, ajoutons country.
Ce sera tout. Merci.
« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
À la série des mots qui changent de genre d’un côté à l’autre de l’Atlantique — vidéo, porno, loto —, ajoutons country.
Ce sera tout. Merci.
Marc Beaudet et Luc Boily, après «Gangs de rues», lancent une nouvelle série de bandes dessinées sur le hockey avec deux titres : Tour du chapeau et le Grand Dégagement. (Il a déjà été question ici d’un des albums de la première série.)
Cette nouvelle série pose un intéressant problème bibliographique. En couverture des albums, on lit «Tatouées hockey !» tout en blanc, sauf pour le e, en orange. En écriture inclusive, on aurait pu, par exemple, écrire «Tatoué(e)s» ou «Tatoué.e.s». (L’écriture inclusive ? Par là.)
Dans son catalogue (il faut cliquer sur «Détails»), Bibliothèque et Archives nationales du Québec a choisi «Tatouées».
L’éditeur a fait le même choix dans ses URL : https://www.ada-inc.com/?s=tatouées.
N’est-ce pas se priver d’une des dimensions du nom de la série ?
Tant de questions (bibliographiques), si peu d’heures.
P.-S.—L’Oreille tendue a opté pour «Tatoué.e.s hockey !»
[Complément du 6 août 2023]
Depuis la rédaction de ceci, l’éditeur a changé d’idée : https://www.ada-inc.com/livres?collections%5B%5D=19.
Références
Beaudet, Marc et Luc Boily, Tour du chapeau, Varennes, AdA, coll. «ScaraB», série «Tatoué.e.s hockey !», 2022.
Beaudet, Marc et Luc Boily, le Grand Dégagement, Varennes, AdA, coll. «ScaraB», série «Tatoué.e.s hockey !», 2022.
(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)
On a déjà eu l’occasion de le constater : en français, le féminin de certains noms peut avoir des connotations sexistes.
Prenons l’exemple du mot entraîneuse, dont il a été question dans les médias montréalais récemment. Au masculin : «Personne qui entraîne» (le Petit Robert, édition numérique de 2014). Au féminin : «Personne qui entraîne» (bis), mais aussi «Jeune femme employée dans les bars, les dancings pour engager les clients à danser […], à consommer» (ter), voire prostituée.
Soit ces deux tweets :
«Notre invitée @VirgiTremblay servait d’entraîneuse à la Canadienne @Bandreescu_ au tournoi d’Auckland en Nouvelle-Zélande.»
«Elle continue de suivre Bianca Andreescu dans son beau parcours en Océanie. Nous avons parlé en direct d’Australie à celle qui est devenue son entraîneure d’une semaine à Auckland la semaine passée.»
Entraîneuse, avec le risque des connotations évoquées ci-dessus ? Entraîneure, pour les éviter ?
Faisons plus simple :
«Notre invitée @VirgiTremblay a entraîné la Canadienne @Bandreescu_ au tournoi d’Auckland en Nouvelle-Zélande.»
«Elle continue de suivre Bianca Andreescu dans son beau parcours en Océanie. Nous avons parlé en direct d’Australie à celle qui l’a entraînée à Auckland la semaine passée.»
À votre service.
Nous avons vu vidéo : masculin au Québec, féminin en France, fréquemment (mais pas toujours).
Et porno : féminin au Québec, masculin en France, bis.
Ajoutons loto, toujours féminin au Québec, pas en France.
Citation bien vilaine dans le Devoir des 22-23 décembre 2012 : «L’introduction au numéro parle […] de “chercheur.es” et aussi de “professeur.es” et d’“étudiant.es”, dans une pure novlangue uqamiennne, pour inclure dans la même faute le masculin et le féminin» (p. E2).
Étrange arithmétique du même journal une dizaine de jours plus tôt au sujet de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue : «Les efforts ont néanmoins porté leurs fruits. Le taux de diplomation universitaire s’est amélioré. Fait à noter : les trois quarts des étudiantes sont des femmes» (p. A2). Commentaire de @MADandurand (merci pour la citation) : «L’autre 1/4 des étudiantes est de quel sexe ?».
La novlangue serait-elle partagée ?