L’oreille tendue de… Pierre Lemaitre

Pierre Lemaitre, Un avenir radieux, 2025, couverture

«Joseph s’était blotti sur elle mais il ne ronronnait pas comme à l’accoutumée. Il se leva, s’avança jusqu’à la porte et lorsque Colette l’eut entrouverte, il fit quelques pas prudents sur le palier et s’arrêta. Colette le suivit. À travers les barreaux de l’escalier, tous deux voyaient, en bas, dans le salon, les silhouettes de papi et mamie. Ils chuchotaient. Colette tendit l’oreille.»

«Colette mesura du regard la longueur qui la séparait du molosse qui aboyait comme un fou, les babines retroussées. Elle s’avança jusqu’à se trouver à moins d’un mètre de lui, ça le rendit dingue, le chien, mais il se calma d’un coup quand elle lui lança des morceaux de sucre. Il se tut, on entendit de nouveau les bruits de la route, les voitures, un tracteur pas loin, elle tendit l’oreille.»

Pierre Lemaitre, Un avenir radieux. Roman, Paris, Calmann-Levy, 2025, 592 p. Édition numérique.

 

P.-S.—Comme l’a noté Luc Jodoin, l’incipit du roman comporte aussi une oreille tendue.

Curiosité voltairienne (et architecturale)

Sur les murs de la Bibliothèque publique de Westmount, une plaque, signée Phyllis Lambert (architecte, historienne de l’architecture, mécène), contient deux citations de Candide (1759), le conte de Voltaire : la première est approximative; la seconde est juste.

Plaque signée Phyllis Lambert, Bibliothèque publique de Westmount, 30 juillet 2025

 

Le troisième chapitre de Candide contient cette phrase : «Il n’y a point d’effet sans cause, répondit modestement Candide, tout est enchaîné nécessairement, et arrangé pour le mieux.»

Au cinquième chapitre, on lit : «Je demande très humblement pardon à Votre Excellence, répondit Pangloss encore plus poliment, car la chute de l’homme et la malédiction entraient nécessairement dans le meilleur des mondes possibles.»

Les derniers mots du conte sont : «Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin.»

 

Voltaire est toujours bien vivant.

L’oreille tendue de… Alain-Fournier

Alain-Fournier, le Grand Meaulnes, éd. de 1972, couverture

«À neuf heures, nous nous disposions à monter nous coucher; ma mère avait déjà la lampe à la main, lorsque nous entendîmes très nettement deux grands coups lancés à toute volée dans le portail, à l’autre bout de la cour. Elle replaça la lampe sur la table et nous restâmes tous debout, aux aguets, l’oreille tendue.»

Alain-Fournier, le Grand Meaulnes, Paris, Fayard, coll. «Le livre de poche», 1000, 1972, 318 p., p. 119. Édition originale : 1913.

Le zeugme du dimanche matin et d’Olivier Norek

Olivier Norek, les Guerriers de l’hiver, 2024, couverture

«Immunisé contre la mauvaise foi, apaisé par la double exécution matinale, Mekhlis avait vite retrouvé toute sa superbe, et le chemin de sa tente pour y faire ses bagages. Il y découvrit le général Habarov, dont le grade et le statut le prémunissaient d’une balle dans la tête davantage qu’un simple officier.»

Olivier Norek, les Guerriers de l’hiver. Roman, Paris, Michel Lafon, 2024, 446 p., p. 209.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)