Dessert du jour

Jules Verne, le Pays des fourrures, éd. de 1873, couverture

«Sur la table s’élevait un pudding pyramidal, que Mrs. Joliffe avait confectionné de sa main; c’était un énorme cône tronqué, composé de farine, de graisse de renne et de bœuf musqué, auquel manquaient peut-être les œufs, le lait, le citron recommandés par les traités de cuisine, mais qui rachetait ce défaut par ses proportions gigantesques. Mrs. Joliffe ne cessait de le débiter en tranches, et cependant l’énorme masse résistait toujours. […] Aux sandwiches succédaient les tranches de l’inépuisable pudding !»

Jules Verne, le Pays des fourrures. Le Canada de Jules Verne — I, Paris, Classiques Garnier, coll. «Bibliothèque du XIXe siècle», 77, 2020, 549 p., p. 56. Édition critique par Guillaume Pinson et Maxime Prévost. Édition originale : 1872-1873.

Autoportrait au pardessus

Antoine Brea, l’Instruction, 2021, couverture

«Dans les panneaux transparents et les verrières étincelantes, je surprenais partout la silhouette du même homme discret en costume neutre, au pardessus sans teinte porté sur le bras pour ne pas transpirer, du même homme jeune plutôt bien de sa personne mais à l’allure rébarbative, avec des mouvements lents, précis d’homme fatigué, d’homme fatigué mais attentif. Un homme dont l’œil était las, dont tout le corps était engourdi, et pourtant le fait d’avoir passé une sale nuit cette fois n’y était pour rien, ni la douceur tout estivale de cet après-midi de fin novembre, c’était plutôt comme si moi, Favre Patrice, qui étais cet homme que je croisais et que j’avisais en étranger, comme si je me laissais aller, que je mollissais après avoir suivi trop nerveusement un but presque touché du doigt.»

Antoine Brea, l’Instruction. Roman, Montréal, Le Quartanier, série «QR», 154, 2021, 310 p., p. 271-272.

Les zeugmes du dimanche matin et de Tristan Saule

Tristan Saule, Mathilde ne dit rien, 2021, couverture

«le calme de grands jardins qui tiennent les routes et les indésirables à distance» (p. 20).

Les aiguillages «existent toujours, sous la végétation et l’indifférence» (p. 46).

«Elle a l’agréable sensation que l’air purifie son intérieur, qu’il aspire les poussières, les odeurs, les regrets, et qu’il les emporte dehors avec lui» (p. 138).

Tristan Saule [pseudonyme de Grégoire Courtois], Mathilde ne dit rien. Roman. Chroniques de la place carrée. I, Montréal, Le Quartanier, coll. «Parallèle», 02, 2021, 280 p.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

L’oreille tendue de… Antoine Brea

Antoine Brea, l’Instruction, 2021, couverture

«S’ils savaient, non pas les provocateurs qui répandent à dessein ces bruits stupides, mais ceux qui tendent l’oreille, qui au tribunal s’en régalent, vers quel état recroquevillé a évolué ma libido depuis des mois, même des années, sans parler des effets maintenant des médicaments.»

Antoine Brea, l’Instruction. Roman, Montréal, Le Quartanier, série «QR», 154, 2021, 310 p., p. 116.