Chronique faunique

Passage étonnant dans un texte du Devoir consacré à la pornographie numérique :

Couples hétérosexuels, homosexuels, transsexuels, jeunes collégiennes en chaleur, couguars, cuirette et compagnie, tout est là en provenance des productions d’aujourd’hui, comme des studios des années 70.

Faut-il entendre, couguars obligent, une allusion à la zoophilie ?

Que nenni : les couguars sont ces femmes, moins jeunes qu’elles ne l’ont déjà été, qui prennent des amants (beaucoup) moins âgés qu’elles.

La morale est sauve (en quelque sorte).

 

[Complément du 11 septembre 2012]

La couguar pourrait aussi se faire pygmalionne. Qu’on se le dise.

 

[Complément du 5 juin 2018]

Dans Gens du milieu, de Charles-Philippe Laperrière (2018), l’accord en genre, dans la phrase suivante, ne porte donc pas à confusion :

Héritier déserteur, fils de grande fortune magnétisé par son propre écrasement, ce Gaétan-là aurait trouvé tout de suite son content dans la fumée épaisse des Craven A, la bonne vieille bohème soûlographique, la fraternité de comptoir et, au fond de la nuit, la joie, futile et fugitive, en cette sorte d’affection froide qu’offrent les péripatéticiennes et les cougars blessées (p. 170-171).

Oui, on peut dire couguar ou cougar, selon le Petit Robert (édition numérique de 2014), qui propose la définition suivante : «Femme quadragénaire ou quinquagénaire qui recherche et séduit des hommes beaucoup plus jeunes qu’elle.»

 

Références

Guglielminetti, Bruno, «Technologie. L’industrie de la pornographie en ligne se sent menacée par le piratage», le Devoir, 10 mai 2010, p. B7.

Laperrière, Charles-Philippe, Gens du milieu. Légendes vivantes, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 121, 2018, 178 p.

Cassures

Stéphanie Kaufmann, Ici et là. Récits, 2009, couverture

 

Stéphanie Kaufmann, l’auteure d’Ici et là (2009), aime les maisons. Certaines expressions doivent la heurter, dont celle-ci : «Ils voulaient casser maison — enfin, ils y songeaient» (p. 30).

Casser maison ? Qu’on se rassure : il ne s’agit pas de vandalisme, du moins pas au sens strict. Mais alors ?

Qui casse maison abandonne un type de vie pour un autre. Cette personne met fin à une forme d’expérience domestique, elle se défait de (presque) tout. Cela se dit surtout de ceux qui quittent la vie active pour la (maison de) retraite.

La perte n’est pas moins grande.

 

Référence

Kaufmann, Stéphanie, Ici et là. Récits, Québec, L’instant même, 2009, 110 p.