L’oreille tendue de… Albert Camus

Albert Camus, l’Exil et le royaume, 1957, couverture

«Réveillée, elle se dressa dans son lit et tendit l’oreille à un appel qui lui sembla tout proche. Mais, des extrémités de la nuit, les voix exténuées et infatigables des chiens de l’oasis lui parvinrent seules. Un faible vent s’était levé dont elle entendait couler les eaux légères dans la palmeraie. Il venait du sud, là où le désert et la nuit se mêlaient maintenant sous le ciel à nouveau fixe, là où la vie s’arrêtait, où plus personne ne vieillissait ni ne mourait. Puis les eaux du vent tarirent et elle ne fut même plus sûre d’avoir rien entendu, sinon un appel muet qu’après tout elle pouvait à volonté faire taire ou percevoir, mais dont plus jamais elle ne connaîtrait le sens, si elle n’y répondait à l’instant.»

Albert Camus, «La femme adultère», dans l’Exil et le royaume. Nouvelles, Paris, Gallimard, 1957. Édition numérique de 2012.

Accouplements 155

Mordecai Richler, Joshua Then and Now, éd. de 1993, couverture

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Quand un personnage masculin boit trop, il devrait faire attention aux vêtements qu’il emprunte.

Dimanche, Thierry, Cercles de feu. Roman, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 138, 2019, 438 p.

«J’avais mon maudit voyage. Un peu mal à la tête, en fin de compte. Je portais un soutien-gorge rouge. Simonac !» (p. 229)

Richler, Mordecai, Joshua Then and Now, Toronto, McClelland & Stewart, coll. «New Canadian Library», 1993, 375 p. Postface d’Eric Wright. Édition originale : 1980.

«Leaping up to see him to the door, Joshua didn’t realize that his loosely belted dressing gown had fallen open briefly, but one look at McMaster’s startled face was sufficient to remind him that having tumbled into bed drunk last night, he was still wearing that ridiculous pair of black satin panties with the delicate lace trim» (p. 17).