Les zeugmes du dimanche matin et de Jean-Philippe Chabot

Jean-Philippe Chabot, le Livre de bois, 2017, couverture

«Ainsi, quand les engagés furent sur le point de sortir pour s’embarquer dans ce qui, à cinq lieues de là et à travers de mauvaises lunettes, avait l’air d’un canot raboté en écorce de pin, Côté se trouva désamanché, comme confronté à la véracité de son sentiment et à la clarté syntaxique du dire de l’autre» (p. 21).

«Le chien n’eut pour ainsi dire pas de deuxième chance ni le dessus sur sa proie et se retrouva sous l’eau» (p. 43).

«Au reste, elle n’était pas jolie, car elle n’avait pas de cou ni d’envergure et elle avançait le menton en gargouille» (p. 76).

«Un coup coupé et cordé, le bois pouvait suivre plusieurs parcours. On en cordait une partie directement sur le lac gelé pour qu’il s’engage dans la rivière aussitôt le lac calé. Au petit printemps, on voyait les hommes dévaler le paysage et les rivières, mille billes devant, mille autres derrière, comme un tapis de bois séculaire. Draver, c’était un métier qu’on semblait avoir inventé pour la beauté de l’image. Certains n’en revenaient pas» (p. 88).

«Les âmes sensibles comme les héros d’un livre dont vous êtes le héros seront libres de prétendre qu’ils ne chient pas et de passer au chapitre suivant sans s’enfarger dans ce que Luc Larouche du rang d’Anjou décida de conter, ce soir de février là, autour de la truie chaude dans laquelle allaient se consumer, tout au long de l’hiver, autant de cordes de bois que d’histoires douteuses» (p. 94-95).

Jean-Philippe Chabot, le Livre de bois. Roman canadien-français, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 114, 2017, 135 p., p. 21.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Les zeugmes du dimanche matin et de David Turgeon

David Turgeon, le Continent de plastique, éd. de 2017, couverture

«Odette alla chercher une bouteille de rosé dont un commis-associé nous avait assuré plus tôt ce jour-là qu’elle accompagnerait finement les soirées chaudes et les viandes rouges grillées» (p. 79).

«J’avais une ampoule à la main et beaucoup de kilométrage en vue» (p. 130-131).

«Je ne voyais plus Paul, qui avait abandonné d’un coup toute vie sociale (y compris, un temps, sa maîtresse, dont il faudra bien que je dise quelques mots en temps et lieu) pour s’occuper d’elle [Stéfanie]» (p. 247).

David Turgeon, le Continent de plastique. Roman, Montréal, Le Quartanier, coll. «Écho», 16, 2017, 298 p. Édition originale : 2016.

 

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Le zeugme du dimanche matin et de la chanson française

Soit la chanson «Tétèoù» (1984), paroles et musique de Boris Bergman et Alain Chamfort, interprétation de Lio et Jacky (Jacques Jakubowicz).

Première citation : «Ce jour-là, j’avais descendu 227 marches, trois maris en fuites et 17 Jack Daniels / On ne devrait jamais faire de mélanges.»

Seconde citation : «On a écumé les bars, bières, bistrots.»

Allez, tous en chœur !

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L’Oreille tendue pavoise

Exposition Echenoz, Paris, 2017, signalétique

Une exposition parisienne célèbre ces jours-ci l’œuvre de Jean Echenoz.

L’Oreille tendue, qui, ses lecteurs le savent, est une fan de l’écrivain, n’a pas vu cette exposition, mais son réseau international de taupes ouvre l’œil.

Voilà pourquoi elle a pu étudier attentivement, à distance, cet exemplier, «Le zeugme et autres appariements incongrus».

Exposition Echenoz, Paris, 2017, zeugmes

Elle est heureuse de pouvoir dire qu’elle avait repéré, toute seule comme une grande, l’«hôtel chinois» et l’«allure confuse». Elle n’en est pas peu fière.

P.-S.—Merci, et merci, à Martine Sonnet.

P.-P.-S.—Il y a un autre ami de l’Oreille qui parlait Echenoz pas plus tard qu’hier.

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Les zeugmes du dimanche matin et de Nicolas Bouvier

«Nous avions deux ans devant nous et de l’argent pour quatre mois» (p. 10).

«Beaucoup d’entre eux [les revenants des beaux quartiers], revenus au pays après l’amnistie d’octobre 1951, occupaient la plus petite pièce de leur ancien logis et les situations les plus imprévues» (p. 20).

«Le désarroi, la solitude sont des choses que les Serbes reconnaissent au premier coup d’œil, et ils sont là tout de suite avec une bouteille, quelques petites poires meurtries et leur bonne présence à vous offrir» (p. 28).

«À des allures d’animaux de trait ils cheminent [des camions], parfois pendant des semaines, vers un bazar perdu, vers un poste militaire, et tout aussi sûrement vers des pannes et des ruptures qui les immobilisent pour plus longtemps encore» (p. 206).

«Bien loin de l’outrager, nous lui faisons fête, compliment de son français, offrande de cigares baloutchs tandis qu’il chantonne, l’air absent, battant la mesure sur sa chaise» (p. 320).

Nicolas Bouvier, lUsage du monde, Montréal, Boréal, 2014, 375 p. Édition originale : 1963.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)