Truculence de l’Oreille tendue

«Quelle est l’expression québécoise la plus truculente ?», la Presse+, 23 novembre 2025, manchette

«Quelle est l’expression québécoise la plus truculente ?» se demande la Presse+ du 23 novembre.

L’Oreille tendue tient à rassurer ses bénéficiaires : elle a déjà dit un mot des quatre expressions retenues.

Rien qu’à voir, on voit bien («Yinqu’à woèr, on woé ben !», en graphie folklorique)

Accrocher ses patins

Patente à gosse

Être habillé comme la chienne à Jacques

À votre service.

P.-S.—La semaine suivante, dans le même quotidien, des lecteurs offrent la leur. L’Oreille, sans être parfaite, continue à bien s’en tirer : rare comme de la marde de pape, le crayon le plus aiguisé de la boîte, avoir le cordon du cœur qui traîne dans la marde, les bottines doivent suivre les babines, assez fou pour mettre le feu, mais pas assez fin pour l’éteindre.

S’en servir

«Cocologie», spectacle de Coco Belliveau, affiche, métro de Montréal, 25 novembre 2025

Publicité, dans le métro de Montréal, pour le spectacle de l’humoriste Coco Belliveau. Son titre ? «Cocologie (n.f.)».

Cocologie ?

On l’a vu : le coco, dans le français populaire du Québec, c’est la tête. La cocologie, nom féminin (n.f.), c’est ce qui se trouve à l’intérieur de la tête : l’intelligence. Faire preuve de cocologie, c’est bien.

Bon spectacle.

Épluchage du jour

Publicité dans le métro de Montréal, 20 novembre 2025

Épluchons, si vous le voulez bien, cette publicité de la région de Lanaudière («Osez grand • Voyez grand»), vue dans le métro de Montréal.

Cette région est juste à l’extérieur des grands centres : l’air y est plus frais.

Il n’est donc pas étonnant que ses légumes, à leur tour, soient frais.

Qui a «l’air frais», dans le français populaire du Québec, n’est guère apprécié : ce peut être, en effet, un frais chié. C’est un peu plus inattendu.

À votre service.

 

P.-S.—Ce devait être à l’école primaire. Quelqu’un a reproché à l’Oreille d’avoir «l’air frais» («l’air fraîche» ?). Était-ce vrai ? Était-ce nécessaire ?

Des histoires de famille

Victor-Lévy Beaulieu, Ma Chine à moi, 2021, couverture

Soit la phrase suivante, tirée du livre Ma chine à moi (2021), du Québécois Victor-Lévy Beaulieu : «ça sent le roussi, ça sent le lard de cochon oublié sur le rond d’un poêle à bois parti en peur par temps de verglas, ça sent le grand-père gardé trop longtemps dans son brûlant sirop d’érable» (p. 98).

Évoquant ce «grand-père», l’auteur des Grands-pères (1971) parle-t-il d’un aïeul ? Non, ainsi que le rappelle utilement le dictionnaire numérique Usito : le grand-père, en cuisine québécoise, est un «Dessert constitué d’une boule de pâte cuite dans un liquide bouillant (eau, sirop d’érable, bouillon, etc.).»

À votre service.

P.-S.—L’Oreille tendue a présenté ce texte le 10 novembre 2025.

 

Référence

Beaulieu, Victor-Lévy, Ma Chine à moi. Candiderie, Paroisse Notre-Dame des Neiges, Éditions Trois-Pistoles, 2021, 306 p. Ill.