Jurons modestement

Il y a les vrais sacres : tabarnac, cibouère, câââââlice, hostie, crisse, sacrament, etc.

Et il y a les versions édulcorées : tabouère, tabaraouette, torpinouche — et câline de bine.

Est-ce à cela que pensait cet entrepreneur de la région (officiellement bilingue) d’Ottawa ?

Conteneur à déchets

P.-S. — L’image vient du blogue de Jean-François Lisée sur le site du magazine l’Actualité par l’intermédiaire de @pimpettedunoyer.

La vie avant l’extrême

Jean-Philippe Domecq, Ce que nous dit la vitesse, éd. de 1994, couverture

Humant l’air du temps à la recherche des mots à la mode, il arrive que l’on lise un texte et qu’à travers lui on entende ce qu’il aurait été s’il avait été écrit aujourd’hui. Exemple.

Le pilote automobile Ayrton Senna se tue le 1er mai 1994 sur le circuit d’Imola en Italie. Jean-Philippe Domecq consacre un texte à cette mort dans son ouvrage, publié la même année, Ce que nous dit la vitesse.

Ce livre rassemble, outre «Senna : pourquoi ce deuil mondial ?», trois textes sur la course automobile. «Quel héroïsme aujourd’hui ? Le cas Lauda» a d’abord paru en 1985. Il contient la phrase suivante :

Quant à l’évolution respective des courses d’endurance et des courses de concurrence limite, elle est différemment ressentie d’une décennie à l’autre, et on constate que l’endurance n’est pas systématiquement valorisée (p. 105).

Il y a fort à parier que, rédigé aujourd’hui, ce texte donnerait à lire courses de concurrence extrême plutôt que limite, tant l’extrême est devenu banal.

 

Référence

Domecq, Jean-Philippe, Ce que nous dit la vitesse. Essai, Paris, Quai Voltaire, 1994, 148 p.

Vraiment beaucoup ?

La Presse, 14 février 2011 : «L’arrondissement de Ville-Marie abrite un magma d’humanités» (cahier Sports, p. 8).

«Un magma d’humanités», l’Oreille tendue imagine que c’est beaucoup (il y a un s à humanités), mais elle n’est pas tout à fait sûre.

Sentiments mêlés

Si l’on en croit le Devoir, l’ancienne ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport du gouvernement du Québec, Michelle Courchesne, qui est aujourd’hui présidente du Conseil du trésor, aurait déclaré ceci : «Maintenant que nous sommes sensibilisés à cette question, soyez assurés que je vais faire moi-même une vérification pour m’assurer que le citoyen sera répondu en français» (10 février 2011, p. A4).

D’une part, on peut se réjouir qu’elle ne soit plus ministre de l’Éducation : elle n’aura plus l’occasion de proposer aux élèves et étudiants son usage du verbe répondre. D’autre part, elle l’a déjà été.

Euphonie révolutionnaire

Sur Twitter et ailleurs, on s’est plaint, au cours des derniers semaines, de l’utilisation, notamment médiatique, de l’expression la rue arabe. C’est cette rue qui manifesterait en Tunisie et en Égypte.

Comme tous les clichés, celui-là a la vie dure. Seul motif de réjouissance : les Russes ne descendent pas en masse sur les places publiques. Imaginez : La rue russe rugit.

 

[Complément du 13 décembre 2011]

Dans la Presse, hier (p. A15), cette (autre) allitération : «La rue russe se rebelle.» L’Oreille tendue, malgré elle, aurait donc été prémonitoire ?

 

[Complément du 26 mars 2012]

La Presse, 26 mars 2012, p. A15 : «La rue sénégalaise exultait hier […].» On n’arrête pas le progrès.

 

[Complément du 21 novembre 2020]

Voyageons : «La rue péruvienne force une démission au sommet» (le Devoir, 16 novembre 2020, p. A1).