Curiosité voltairienne (et gazonneuse)

Cette publicité de Healthy Yards a été reprise sur Instagram, par le compte Philosophy Matters, avec le texte suivant : «Leibniz took Voltaire’s criticism to heart and became a garden expert… now he helps you have the best of all possible gardens

Publicité de Healthy Yards, avec un personnage en costume du XVIIIe siècle

 

Au cinquième chapitre de Candide (1759), le conte de Voltaire, on lit : «Je demande très humblement pardon à Votre Excellence, répondit Pangloss encore plus poliment, car la chute de l’homme et la malédiction entraient nécessairement dans le meilleur des mondes possibles.»

Les derniers mots du conte sont : «Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin.»

 

Voltaire est toujours bien vivant.

Curiosité voltairienne (et bédouine)

Bernard Arcand et Serge Bouchard, Du pâté chinois, du baseball, et autres lieux communs, 1995, couverture

«Ce pays demeurera toujours incompréhensible à qui n’apprécie pas le lien profond unissant la neige et le sable. Nos ancêtres ont toujours côtoyé l’intolérable et ont survécu dans un milieu qui n’a jamais été conçu pour la vie humaine. Quelques arpents de neige, un vaste désert de neige, au moins, cette fois, Voltaire avait raison. Les gens d’ici ne devraient plus jamais se croire français, latins, ni même nordiques ou américains. Leurs véritables interlocuteurs, les seuls amis en mesure de vraiment les comprendre devraient tout naturellement se retrouver chez les Touaregs ou parmi les Bédouins.»

Bernard Arcand, «La neige», dans Bernard Arcand et Serge Bouchard, Du pâté chinois, du baseball, et autres lieux communs, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1995, p. 55-70, p. 64.

 

Au début du vingt-troisième chapitre de Candide (1759), le conte de Voltaire, «Candide et Martin vont sur les côtes d’Angleterre; ce qu’ils y voient», Candide discute avec Martin sur le pont d’un navire hollandais : «Vous connaissez l’Angleterre; y est-on aussi fou qu’en France ? — C’est une autre espèce de folie, dit Martin. Vous savez que ces deux nations sont en guerre pour quelques arpents de neige vers le Canada, et qu’elles dépensent pour cette belle guerre beaucoup plus que tout le Canada ne vaut.»

 

Voltaire est toujours bien vivant.

Autopromotion (indirecte) 854

Anthony Glinoer, les Classiques littéraires, 2025, couverture

Dans son essai Défense de la littérature, en 1968, Claude Roy s’intéressait au statut des œuvres classiques :

Une chose pourrait rendre les classiques profondément embêtants, mortels : ce serait de les croire immortels. Heureusement, ils ne sont pas immortels. Chaque génération enterre des classiques, en ressuscite d’autres. Tout se passe avec eux exactement comme dans la compagnie des vivants : les gens entrent, sortent, on préfère les uns, ignore les autres, et dans chaque être, ce qui vient à la lumière bouge, change, varie (p. 97).

C’est précisément aux mécanismes de l’évolution des classiques que s’intéresse Anthony Glinoer dans un livre qui paraît ces jours-ci, les Classiques littéraires. Introduction à une sociologie.

L’Oreille tendue ne peut pas ne pas vous recommander la lecture de cet ouvrage; elle en a été l’éditrice conseil.

P.-S.—Oui, c’est cet Anthony Glinoer-là.

 

Références

Glinoer, Anthony, les Classiques littéraires. Introduction à une sociologie, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, coll. «Espace littéraire», 2025, 147 p.

Roy, Claude, Défense de la littérature, Paris, Gallimard, coll. «Idées», 161, 1979, 187 p. Édition originale : 1968.

Curiosité voltairienne (et linguistique)

Marie-Ève Thuot, la Trajectoire des confettis, 2019, couverture

«— De toute façon, maugréa Louis, pourquoi on aurait la mission de protéger la langue des Français, quand ils nous ont envoyés dans un climat merdique pour avoir de la fourrure de castor, avant de nous domper au premier problème ?

— Tu t’en viens soûl, Louis.

— C’est notre langue… protesta Jacques. Tu comprends tout de travers.

— Qu’est-ce que tu chantais, Zack ? demanda Cécilia, qui peinait à suivre la conversation et s’accrochait de nouveau aux mélodies.

— Attention, Louis nous sort les deux trucs qu’il se rappelle de ses cours d’histoire du secondaire.

— C’était Jean Leloup, répondit Charlie à Cécilia.

— Qui se soucie de ces quelques arpents de neige ?

— Ben Louis, il les a pas compris, ses cours d’histoire du secondaire, pour nous sortir des affaires de même. Le français, c’est notre langue.

La langue de Voltaire ! s’écria Zack en coupant court à la cacophonie, son téléphone en main. Tiens, écoutez ce qu’il pensait de notre beau pays : “Quand deux ou trois marchands de Normandie, sur l’espérance d’un petit commerce de pelleterie, établirent une colonie dans le Canada, pays couvert de neiges et de glaces huit mois par année, habité par des barbares, des ours et des castors.” Ça ferait une bonne pub de voyage, en fait…

— Lâche ton cell, Zack.»

Marie-Ève Thuot, la Trajectoire des confettis. Roman, Montréal, Les Herbes rouges, 2019, 615 p.,  p. 73-74.

 

Au début du vingt-troisième chapitre de Candide (1759), le conte de Voltaire, «Candide et Martin vont sur les côtes d’Angleterre; ce qu’ils y voient», Candide discute avec Martin sur le pont d’un navire hollandais : «Vous connaissez l’Angleterre; y est-on aussi fou qu’en France ? — C’est une autre espèce de folie, dit Martin. Vous savez que ces deux nations sont en guerre pour quelques arpents de neige vers le Canada, et qu’elles dépensent pour cette belle guerre beaucoup plus que tout le Canada ne vaut.»

Les barbares, les ours et les castors ? Cela est tiré du 151e chapitre de l’Essai sur les mœurs et l’esprit des nations (1756), des «Des possessions des Français en Amérique», et de Wikipédia.

 

Voltaire est toujours bien vivant.