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« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
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«Bof, on déboulonne pas un mythe en quelques jours.
Ça prend du temps.»
Découvrant que Jacques Prud’homme, le personnage plus grand que nature du roman Épique (2010), de William S. Messier, avait «du vrai feu dans les yeux» (p. 56), l’Oreille tendue s’est dit qu’il y avait du Maurice «Rocket» Richard là-dessous.
Comme de fait, dans ce roman sur une légende de Brome-Missisquois, le mythe par excellence du hockey québécois fait trois apparitions, dont une indirecte.
La première se trouve dans un beau passage olfactif.
Le truck de Jacques sentait la vieille paire de gants de travail : c’est une odeur qui ne pourra jamais me déplaire. Elle parle de job, de muscle et de terre. Elle émane des vêtements de Jacques, comme de ceux de mon père, du père de Valvoline et d’une bonne quantité de bonshommes qui venaient me voir quand je travaillais au Rona et de collègues qui travaillaient chez McStetson Canada Inc. Je suis convaincu que des hommes outrevirils et jobbeurs comme Babe Ruth, Maurice Richard, Woodry Guthrie, Marlon Brando, Bruce Springsteen, Roy Dupuis, Tom Selleck et Jos Montferrand sentent ou sentaient régulièrement comme l’intérieur du truck de Jacques (p. 64).
À côté de ceux de sportifs (Ruth), de chanteurs (Guthrie, Springsteen), de comédiens (Brando, Dupuis, Selleck) et d’un homme fort, lui-même légendaire (Montferrand), le nom de Richard n’étonne pas. (Ledit Roy Dupuis a d’ailleurs joué trois fois le rôle du Rocket.)
Quand il lit «Prud’homme récolte la première, la deuxième et la troisième étoiles» (p. 189), tout lecteur féru d’anecdotes sportives pense à la soirée du 23 mars 1944. Ayant marqué les cinq buts de son équipe dans une victoire de 5 à 1, Maurice Richard a reçu, ce soir-là, les trois étoiles du match.
Dans la dernière occurrence, Jacques Prud’homme parle du moteur de son camion : «Avant que ça pète, il va te pousser une corne dans le front, des ailes dans le dos, une queue dans le cul et tu vas vouloir qu’on t’appelle Maurice Richard» (p. 62).
Cette allusion est pas mal plus inattendue que les deux autres.
Référence
Messier, William S., Épique. Roman, Montréal, Marchand de feuilles, 2010, 273 p.
L’Oreille tendue s’intéresse aux représentations du hockey dans la bande dessinée (voir la rubrique BDHQ). Voilà pourquoi un historien de ce sport a attiré son attention sur deux des cinq aventures de la série The Amazing Spider-Man (1990-1993).
Skating on Thin Ice ! (STI) et Double Trouble ! (DT) ont paru en février 1990.
Ces fascicules ont une portée éducative : l’alcool et la drogue, chez les jeunes, ce n’est pas bien. Les textes le disent : «Thanks for talking to me about substance abuse» (STI, p. [27]). Les publicités itou : «Hey kids ! Let everyone know you make your own choices, and if anyone tries to change your mind… don’t even give them the time of day !» (STI, p. [5]); «And remember these words from CP Rail… Drugs are the wrong track !!» (STI, p. [18]); «And remember these words from CP Express & Transport… Drugs are the wrong road to take !!» (DT, p. [18])
Spider-Man doit combattre des vilains, Electro (STI) et The Chameleon (DT). Si vous croyez savoir qui triomphera, vous avez raison.
Quel est le contenu hockeyistique de ces publications ?
Dans Skating on Thin Ice !, un jeune joueur de hockey cède (temporairement) à la tentation de la bière et de la cigarette (du cannabis ?!?!?), et on lui propose même des substances plus dangereuses, importées de New York à l’intérieur de (fausses) rondelles. Alan résistera et, grâce à la force de son tir, il aidera à vaincre Electro («He shoots ! He scores !», p. [26]), avant d’aider son équipe sur la glace («He scores !», p. [29]). L’action se déroule à Winnipeg, mais Alan porte un maillot des Oilers d’Edmonton. Pourtant, en 1990, il y avait une équipe de la Ligue nationale de hockey en ville, les Jets. En troisième de couverture, enfin, Wayne Gretzky, qui est alors récemment passé des Oilers aux Kings de Los Angeles, boit un Coca-Cola.
Dans le deuxième épisode, qui se déroule à Frederiction durant une expo-science, la présence du hockey est encore plus ténue. Outre la publicité mettant en vedette Gretzky, on n’y trouve qu’une allusion à ce sport. Spider-Man remercie un personnage d’une formule souvent entendue sur la glace : «Got him, Herb, thanks for the assist» (p. [26]).
Ce «Herb» est un personnage réel, Herb Carnegie (1919-2012). Il apparaît à la fois dans Skating on Thin Ice ! et Double Trouble ! Cet ancien joueur de hockey et de golf aide les jeunes par l’intermédiaire de son programme Future Aces. De quoi s’agit ? Version courte : «What does ACES stand for ? Attitude, Cooperation, Example and Sportsmanship» (STI, p. [11]). Version longue : «Attitude Ability Action Advancement Achievement / Cooperation Courage Confidence / Education Example / Service Sportsmanship» (DT, p. [31]).
Pourquoi avoir choisi ce «great Canadian» comme personnage ? Excellent hockeyeur, Carnegie, qui était noir, n’aurait pas eu accès à la Ligue nationale de hockey à cause de la couleur de sa peau. Cela ne l’a pas découragé, bien au contraire : «Far from being deterred, Herb took that block as a challenge that went far beyond hockey» (p. [31]).
La morale de The Amazing Spider-Man passe aussi par là.
P.-S.—Les «kookie Canadian cavortings» de Peter Parker / Spider-Man comprendront trois autres livraisons : Hit and Run ! (1991) se déroule à Toronto et il y est question de son équipe de baseball, les Blue Jays; dans Chaos in Calgary (1992), on assiste au Stampede de la ville; Deadball (1993) porte sur Montréal et ses Expos — c’est encore du baseball. Il existe des versions françaises de ces bandes dessinées.
En 1971, chez Prentice-Hall of Canada, dans une traduction de Louis Rémillard, paraît le livre Les Canadiens sont là ! La plus grande dynastie du hockey. En couverture, deux noms pour un seul auteur, «par Maurice “Rocket” Richard et Stan Fischler» : Maurice Richard est un joueur de hockey; Stan Fischler, un très prolifique journaliste sportif. (Il est arrivé, à l’occasion, à l’Oreille tendue de parler de Richard.)
Dans sa livraison de juillet 1971, le Magazine Maclean publie une publicité pour l’ouvrage (p. 39).
Comment l’éditeur entend-il appâter le chaland ?
En proposant une «version authentique» de la «belle carrière» de Richard, parfois ramené à son seul prénom, «Maurice».
En promettant un texte enlevant : «Captivant, le récit bondit au rythme du hockey lui-même; rapide, imprévisible, tout comme l’équipe; tout comme le plus grand de ses joueurs»; «Plus de 20 grandes illustrations et 300 pages pleines de mouvement vous placeront au beau milieu de la patinoire.»
En offrant la possibilité à l’acheteur de retourner le livre pour quelque raison que ce soit : «J’examinerai ce livre chez moi pendant dix jours. Si je décide de ne pas le conserver, je pourrai vous renvoyer le livre, et mon argent [6,95 $] me sera intégralement remboursé.» Il n’y a rien à craindre : «COMMANDEZ VITE ! OFFRE SÛRE !»; «sans aucun risque !»; «votre commande est entièrement garantie !»; «Examinez ce livre pendant 10 jours sans risque !»; «GARANTIE DE REMBOURSEMENT !»
Surtout, en suggérant un plaisir solitaire : «“Les Canadiens sont là” est un livre passionnant, que vous tiendrez à lire vous-même.» Personne ne le lira à votre place ! C’est toujours bon à savoir.
Référence
Richard, Maurice et Stan Fischler, Les Canadiens sont là ! La plus grande dynastie du hockey, Scarborough, Prentice-Hall of Canada, 1971, vii/296 p. Ill. Traduction de Louis Rémillard.
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