La clinique des phrases (gggg)

La clinique des phrases, logo, 2020, Charles Malo Melançon

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit une phrase tirée d’une chronique récente parue dans un quotidien montréalais.

Cette pédagogie est donc aussi fondée sur une philosophie de l’enfance qui la définit moins en fonction de ce qu’elle est qu’en fonction de ce qu’elle doit permettre l’avènement.

Entendant l’Oreille lire cette phrase à haute voix, des sources conjugales proches d’icelle ont tout de suite pensé qu’il manquait quelque chose à ce texte :

Cette pédagogie est donc aussi fondée sur une philosophie de l’enfance qui la définit moins en fonction de ce qu’elle est qu’en fonction de ce qu’elle doit permettre l’avènement de.

En effet, il y a manifestement ici un problème de pronom relatif. Corrigeons :

Cette pédagogie est donc aussi fondée sur une philosophie de l’enfance qui la définit moins en fonction de ce qu’elle est qu’en fonction de ce dont elle doit permettre l’avènement.

À votre service.

N’achetons pas local

Gilles Guilbault, joué par Michel Forget, dans Lance et compte

Soit la phrase suivante, tirée de la Presse+ : «La majorité achète ces bonnes paroles.» Pourtant, il n’y avait pas de «bonnes paroles» à vendre.

D’où vient alors ce «achète» ? Directement de l’anglais : «The majority buys that argument» (traduction volontairement très libre).

Par quoi le remplacer ? Accepte, fait siennes, etc.

P.-S.—Les amateurs de séries télévisées québécoises se souviendront évidemment du Gilles Guilbault de Lance et compte : «J’achète pas ça.»

Les zeugmes du dimanche matin et de Marc Cassivi

«Puis il y a Carlos, qui dévoile dans ses monologues intimistes comment il a été endurci dès le plus jeune âge par son père, à coups de préjugés masculinistes et de claques sur la gueule.»

«Un petit caïd de banlieue en devenir, qui finira par frapper un mur, perdant tout, son travail, son logement, sa blonde et sa dignité.»

Marc Cassivi, «Élevés par des mononcles», la Presse+, 24 octobre 2021.

P.-S.—Le «mononcle» ? À votre service.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

La clinique des phrases (eeee)

La clinique des phrases, logo, 2020, Charles Malo Melançon

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

On le sait : l’Oreille est volontiers tatillonne en matière d’énumérations; elle les aime rigoureusement construites.

Elle a donc tiqué devant cette phrase :

Je me réjouis que l’on veuille développer la pensée critique et la capacité à dialoguer en ces heures de dangereuse polarisation; que l’on veuille faire connaître les nouveaux médias et leurs périls et mettre en garde contre eux; que l’on veuille parler de sexualité; faire connaître nos institutions politiques; parler de liberté d’expression et de liberté de conscience.

Son rédacteur semble s’être lassé en cours de route de l’anaphore que l’on veuille. Il n’aurait pas dû.

Deux corrections sont possibles.

Je me réjouis que l’on veuille développer la pensée critique et la capacité à dialoguer en ces heures de dangereuse polarisation; que l’on veuille faire connaître les nouveaux médias et leurs périls et mettre en garde contre eux; que l’on veuille parler de sexualité; que l’on veuille faire connaître nos institutions politiques; que l’on veuille parler de liberté d’expression et de liberté de conscience.

Je me réjouis que l’on veuille : développer la pensée critique et la capacité à dialoguer en ces heures de dangereuse polarisation; faire connaître les nouveaux médias et leurs périls et mettre en garde contre eux; parler de sexualité; faire connaître nos institutions politiques; parler de liberté d’expression et de liberté de conscience.

Convenons-en : il reste encore des répétitions de mots (faire connaître, parler). Essayons de régler cela.

Je me réjouis que l’on veuille développer la pensée critique et la capacité à dialoguer en ces heures de dangereuse polarisation; que l’on veuille faire connaître les nouveaux médias et leurs périls et mettre en garde contre eux; que l’on veuille discuter de sexualité; que l’on veuille présenter nos institutions politiques; que l’on veuille parler de liberté d’expression et de liberté de conscience.

Je me réjouis que l’on veuille : développer la pensée critique et la capacité à dialoguer en ces heures de dangereuse polarisation; faire connaître les nouveaux médias et leurs périls et mettre en garde contre eux; discuter de sexualité; présenter nos institutions politiques; parler de liberté d’expression et de liberté de conscience.

À votre service.

La clinique des phrases (dddd)

La clinique des phrases, logo, 2020, Charles Malo Melançon

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit le texte suivant, tiré d’un quotidien montréalais :

La crise que nous traversons montre bien tout cela. Le virus mue, des variants que l’on ne connaît pas encore bien apparaissent; la situation évolue, parfois dans des directions qu’on n’avait pas prévues, avec pour conséquence que les faits pertinents ne sont pas tous bien connus. Nos décisions doivent aussi arbitrer entre des valeurs importantes.

Attachons-nous à la dernière phrase.

Volontiers chichiteuse, l’Oreille tendue n’est pas très portée sur les constructions où des inanimés font des choses concrètes (voir ici). Comment des «décisions» pourraient-elles «arbitrer» ? L’Oreille ne voit pas non plus comment on pourrait «arbitrer entre des valeurs», qu’elles soient «importantes» ou pas. Que vient faire le «aussi» dans cette phrase ?

Simplifions :

Nous devons choisir entre plusieurs valeurs.

À votre service.