Les zeugmes du dimanche matin et de Marie-Andrée Gill

Marie-Andrée Gill, Uashtenamu, 2025, couverture

«où scintillent les mouettes et une notification oubliée» (p. 18)

«et tu m’attendras avec une soupe à l’oignon gratinée et la simplicité de tes beaux yeux qui me font revenir de n’importe quoi» (p. 21)

«On chante comme des geais bleus et des weedeaters» (p. 79)

Marie-Andrée Gill, Uashtenamu. Allumer quelque chose, Saguenay, La Peuplade, 2025, 102 p.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Capitanat et langue à Montréal

Portrait de Nick Suzuki durant sa première entrevue en français

Depuis 1975, cinq francophones ont été capitaines des Canadiens de Montréal — c’est du hockey : Yvan Cournoyer, Serge Savard, Guy Carbonneau, Pierre Turgeon, Vincent Damphousse. Un anglophone pouvait s’exprimer en français : Bob Gainey. Au cours de ces cinquante ans, dans plus de la moitié des saisons, le représentant officiel du Tricolore ne parlait pas la langue de la majorité de ses fans. C’est le cas depuis plus de 25 ans. (Les autres joueurs ? N’en parlons pas.)

Pour les entraîneurs, la situation est un peu différente. Il est attendu d’eux qu’ils parlent français. L’embauche d’un unilingue anglophone en 2011, Randey Cunneyworth, avait d’ailleurs causé un scandale politicosportif.

La question refait surface dans l’actualité ces jours-ci. Nick Suzuki, qui entreprend sa septième saison à Montréal et sa quatrième comme capitaine de l’équipe, vient d’accorder une très brève entrevue en français, sa toute première.

Qu’en penser ? Plus tôt aujourd’hui, l’Oreille tendue est allée discuter de la question au micro d’Annie Desrochers, dans le cadre de l’émission le 15-18 de la radio de Radio-Canada. Ça s’écoute ici.

La prochaine étape ? Que plusieurs joueurs des Canadiens de Montréal maîtrisent la langue de puck.

P.-S.—On ne peut évidemment pas aborder ce sujet sensible sans avoir une pensée pour mademoiselle Miron.

P.-P.-S.—Dans le CH et son peuple (2024), Brendan Kelly aborde à plusieurs reprises le statut changeant du français au cours de l’histoire de l’équipe montréalaise. Le livre se termine d’ailleurs sur un appel aux joueurs à apprendre la langue majoritaire de leur ville (p. 211-212).

 

Références

Kelly, Brendan, le CH et son peuple. Une province, une équipe, une histoire commune, Montréal, Éditions de l’Homme, 2024, 211 p. Ill. Préface de Claude Legault.

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso.

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture

La maison du hockey

Publicité de Réno Dépôt et des Canadiens de Montréal, 2013

Plusieurs équipes de la Ligue nationale de hockey sont en reconstruction. La chose est plus complexe qu’il n’y paraît.

Pareille reconstruction suppose de travailler sur des bases solides. Or que faire si ces bases se dérobent ? Écoutons l’entraîneur des Canadiens de Montréal, cité dans la Presse+ du 16 septembre 2025 :

«La chose la plus difficile pour un jeune, a ajouté l’entraîneur-chef Martin St-Louis, c’est d’aller chercher de la constance. Cette année, c’est ça qu’il faut améliorer. Notre “bon” est “très bon”. On sait que ça ne sera pas comme ça tous les matchs. Mais peut-on monter notre plancher avec [une meilleure] constance ?»

Au-dessus, ça se passe comment ? Prenons une autre équipe, les Penguins de Pittsburgh :

Trois des meilleurs espoirs de l’organisation avant le repêchage de 2025, Rutger McGroarty, Ville Koivunen et Harrison Brunicke, n’ont pas un grand plafond, eux non plus (la Presse +, 6 septembre 2025).

Un plancher qui bouge. Un plafond trop petit. L’Oreille tendue ne confierait pas ses travaux de rénovation à des «hommes de hockey».

P.-S.—Oui, c’est de la langue de puck.

 

Référence

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso.

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture

Nature morte

Benoit Bordeleau, Rosettes, 2025, couverture

Soit cette «nature morte» (p. 130), tirée de Rosettes (2025), de Benoit Bordeleau :

Une fois le seuil franchi, nous déposons les trouvailles dans un tas de brindilles lâchement assemblé sur le plancher de la cuisine pour former une sorte de nid : des fleurs de tapis, des pattes d’oie, un tout petit flacon de sang de cochon et un autre rempli d’huile de coude. J’observe Pomme qui se tient, perplexe, dans la lumière crue. Elle ouvre les bras et j’y vois deux mains pleines de pouces, au moins un pouce vert et des doigts croches. Elle a les pieds de celles ayant perdu pied (p. 129).

Certaines expressions, en français de référence, n’ont pas besoin d’explication : «pattes d’oie», «huile de coude», «ayant perdu pied».

D’autres, familières au Québec, demandent peut-être à être définies.

Nous avons déjà croisé les «fleurs de tapis», le «sang de cochon» et le «pouce vert». Les «mains pleines de pouces» désignent la maladresse : un par main, ce devrait être assez. Les «doigts croches» sont tordus.

À votre service.

P.-S.—«Rosettes» ? Il y a notamment celle-ci.

 

Référence

Bordeleau, Benoit, Rosettes, Montréal, Les éditions de la maison en feu, 2025, 159 p.