Le français populaire québécois au musée

Photo de Wim Remysen prise au musée McCord-Stewart de Montréal, décembre 2025

Sur Bluesky, le 6 décembre 2025, Wim Remysen a mis en ligne une photo prise au musée McCord-Stewart de Montréal. Description : «Les expressions québécoises du @museemccordstewart.bsky.social.»

En cette matière, l’Oreille tendue a-t-elle bien servi ses bénéficiaires ?

Elle a déjà abordé tire-toi une bûche, lâche pas la patate, niaise pas avec la puck, pas de chicane dans ma cabane, virer sur un 10 cennes.

Il lui manque donc pelleter des nuages, fou comme un balai, partir sur une go.

Cela viendra.

Qu’en est-il de tomber en amour ? Usito marque l’expression comme «Particularisme de l’usage québécois et canadien» et la définit ainsi : «Être en amour, tomber en amour (de l’anglais to be in love ou to fall in love (with somebody)) : être amoureux, tomber amoureux.» Une remarque suit : «L’emploi de être en amour, tomber en amour est parfois critiqué comme synonyme non standard de être amoureux, tomber amoureux

Cela est juste et bon. On notera toutefois qu’on trouve aussi tomber en amour dans des endroits inattendus en France, par exemple ici.

À votre service.

Truculence de l’Oreille tendue

«Quelle est l’expression québécoise la plus truculente ?», la Presse+, 23 novembre 2025, manchette

«Quelle est l’expression québécoise la plus truculente ?» se demande la Presse+ du 23 novembre.

L’Oreille tendue tient à rassurer ses bénéficiaires : elle a déjà dit un mot des quatre expressions retenues.

Rien qu’à voir, on voit bien («Yinqu’à woèr, on woé ben !», en graphie folklorique)

Accrocher ses patins

Patente à gosse

Être habillé comme la chienne à Jacques

À votre service.

P.-S.—La semaine suivante, dans le même quotidien, des lecteurs offrent la leur. L’Oreille, sans être parfaite, continue à bien s’en tirer : rare comme de la marde de pape, le crayon le plus aiguisé de la boîte, avoir le cordon du cœur qui traîne dans la marde, les bottines doivent suivre les babines, assez fou pour mettre le feu, mais pas assez fin pour l’éteindre.

La clinique des phrases (127)

La clinique des phrases, Charles Malo Melançon, logo, 2020

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit la phrase suivante, tirée d’un quotidien montréalais :

Si l’on fait abstraction des morts accidentelles, «la très grande majorité des personnes décèdent de mort naturelle» au Québec, indique la Commission des soins de fin de vie dans son rapport 2018-2023.

L’Oreilleon le sait — préfère mourir à décéder. Passons, pour nous intéresser plutôt aux causes de décès évoquées dans cette phrase.

On peut, semble-t-il, «décéder de mort» («décèdent de mort naturelle»); cela fait un brin pléonastique.

Précisons : on peut mourir de «morts accidentelles» ou de «mort naturelle». Cela couvre en effet la très grande majorité des cas, sauf exceptions (suicides, catastrophes naturelles). On ne saurait le contester, mais cela ne semble pas être une découverte révolutionnaire.

Enfin, sauf erreur, la situation évoquée n’est pas propre au Québec.

Y a-t-il moyen de rescaper ce passage ? Essayons ceci :

Au Québec comme ailleurs, la très grande majorité des personnes meurent de causes naturelles.

À votre service — et merci au lecteur qui a mis l’Oreille sur la piste de cette perle.