Le zeugme du dimanche matin et de Serge Bouchard

Bernard Arcand et Serge Bouchard, Quinze lieux communs, 1993, couverture

«D’abord, cela [le baseball] se joue en pyjama. Bien sûr, avec les années, la mode est passée au collant, pour le plus grand plaisir des voyeurs et des voyeuses qui ne tarissent pas d’éloges sur les fesses des frappeurs ou sur les cuisses des voltigeurs. Mais qu’à cela ne tienne, l’uniforme de ces athlètes n’a rien à voir avec les accoutrements guerriers des joueurs de football ou de hockey. C’est le chandail léger de la détente où rien, hormis la tradition, ne saurait vous intimider. Les Yankees, en effet, revêtent un pyjama sacré qui transcende les saisons ainsi que les mentalités.»

Serge Bouchard, dans Bernard Arcand et Serge Bouchard, «Le sport», dans Quinze lieux communs, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1993, p. 11-22, p. 20.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Quelques ajouts au lexique numérique

Boîte de câbles informatiques

Les GAFAM ne vous plaisent pas ? Tournez-vous vers l’alternumérisme (radical).

Dans quel monde vivons-nous ? Réponse d’Adrien Tallent : «Formé de algo, apocope d’algorithme, et du suffixe -cratie (qui vient du grec kratos, le pouvoir), algocratie est un terme qui émerge depuis quelques années pour désigner le nouveau système politique dans lequel nous serions entrés.»

Vous souhaitez pimenter vos ébats ? Les choix ne manquent pas : érobotique («Agents conversationnels, robots sexuels, réalité virtuelle : l’érobotique se manifeste à travers une variété d’interfaces et de relations, de la simple amitié à l’amour profond», dixit la Presse+ du 14 mai 2023), botsexualité («L’avantage d’une relation “botsexuelle” est qu’elle tient dans la poche de son pantalon et qu’on peut lui donner la forme de son choix», avance coquinement le Devoir du 15 avril 2023), swouple («on nous promet que ce nouveau mot qui est une contraction de “swiping” et “couple” va entrer dans l’imaginaire collectif pour désigner “les couples qui ont fait connaissance par l’intermédiaire d’une application de rencontre”, écrit Olivier Niquet, qui a cependant «des doutes là-dessus»).

Vous voulez que vos enfants, qu’ils le sachent ou non, soient le plus rapidement possible sur le Web ? Vous êtes un adepte du sharenting.

Vous préférez cultiver la terre ? France Culture a repéré, et décrie, les termes ageekulteur et de digiferme.

Internet, au contraire, vous rend malade ? Peut-être êtes-vous seulement cybercondriaque.

Ça se soigne.

Il y a zigner et zigner

Le meilleur ami de l’homme
Le meilleur ami de l’homme

L’Oreille tendue vit dans une maison quasi centenaire. Au moment d’y emménager, elle s’est ouverte à son électricien favori d’un souci : l’intensité des appareils d’éclairage variait considérablement dans certaines pièces. «Les lumières zignent ? Je vais vous arranger ça.» Il le fit, au grand plaisir d’une maisonnée qui retrouva ses lumières chéries.

Ce n’est pas à ce sens du verbe zigner que pensait le critique de cinéma Marc Cassivi dans un article récent, quand il écrivait ceci : «Et la scène finale (avertissement au divulgâcheur) met en scène un chien incontinent qui zigne un pingouin sans défense. Vous avez bien lu.»

L’Oreille doit l’avouer : elle ne savait pas qu’il était possible de zigner un animal. Le Wiktionnaire est venu — Dieu merci — à sa rescousse : «Simuler l’accouplement, en parlant d’un animal, plus précisément un chien.» L’Oreille vous laisse aller apprécier les exemples; disons qu’ils ne correspondent pas tous à la définition donnée.

Avec son habituel sens de l’approximation, Léandre Bergeron propose deux fois une définition du verbe. En 1980 : «Se masturber» (p. 525). En 1981 : «Action de va-et-vient du bassin du mâle dans l’acte copulatoire. Ex. : Ton chien arrête pas de me zigner contre la jambe» (p. 168).

À votre service.

P.-S.—On ne confondra pas un chien qui zigne et fucker le chien.

 

Références

Bergeron, Léandre, Dictionnaire de la langue québécoise, Montréal, VLB éditeur, 1980, 574 p.

Bergeron, Léandre, Dictionnaire de la langue québécoise précédé de la Charte de la langue québécoise. Supplément 1981, Montréal, VLB éditeur, 1981, 168 p.

Le zeugme du dimanche matin et d’Andrew Forbes

Andrew Forbes, De l’utilité de l’ennui, 2017, couverture

«Une quantité considérable d’Américains persistent à croire que le cœur de la nation bat à un rythme qui est plus rural qu’urbain. Le baseball s’inscrit dans cette croyance, et il est facile de projeter une sentimentalité pastorale sur le diamant verdoyant et impeccable au centre de nos villes postindustrielles de verre et de béton et d’espoirs déçus.»

Andrew Forbes, De l’utilité de l’ennui. Textes de balle, Montréal, Éditions de Ta Mère, 2017, 196 p. Édition originale : 2016. Traduction de Daniel Grenier et William S. Messier. Édition numérique.

 

P.-S.—L’Oreille tendue a présenté ce texte le 1er août 2023.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)