L’Oreille trouve enfin un pouce

Le premier courriel provenait d’un lecteur du Dictionnaire québécois instantané. Le second, de l’agent de l’Oreille tendue qui a infiltré la capitale de la Belle Province. Les deux parlaient du nouveau sens de l’expression faire du pouce

(Nouveau sens ? Au Québec, faire du pouce ou partir sur le pouce revient habituellement à pratiquer l’autostop.)

L’Oreille tendue avait noté la chose, mais elle n’avait jamais rencontré elle-même cette nouvelle acception. Depuis un tweet de @cvoyerleger du 4 janvier, c’est chose faite : «Le spécialiste, c’est vous! Vraiment? http://t.co/tpHVU0ys La Fondation Chagnon fait du pouce sur un lieu commun.» Voilà : faire du pouce sur. Mais qu’est-ce à dire ?

Les deux épistoliers de l’Oreille lui proposaient des définitions semblables : dans une réunion, qui fait du pouce sur quelqu’un reprend l’idée d’un autre, la prolonge, voire se l’approprie. C’est précisément à cela que pense Catherine Voyer-Léger dans ses réflexions sur la publicité de la Fondation Chagnon, celle à laquelle renvoie son tweet : «C’est que cette publicité fait du pouce sur un des lieux communs les plus nocifs à avoir cours dans l’espace public actuellement : l’idée que toutes les opinions, et, par le fait même, toutes les expertises, se valent.»

Un synonyme ? Surfer, peut-être, que Catherine Voyer-Léger utilise plus loin dans son texte : «Cette légitimation de la parole expérientielle au détriment de la parole spécialiste, c’est exactement ce sur quoi surfe le Sénateur Boisvenu dans le cadre du projet de loi C-10.»

En matière de pouce, l’Oreille avait besoin d’autres oreilles que la sienne. Merci à ces petites mains.

 

[Complément du 7 janvier 2011]

Cela est immortalisé sur YouTube : l’Oreille tendue n’est pas vite sur ses patins — au sens littéral du terme. Elle ne pourra jamais rejouer la fabuleuse séquence d’ouverture du film Mystery, Alaska (1999), et elle le déplore.

Au sens figuré, elle espère ne pas l’être. Pourtant.

Partie hier en expédition de patin — ça ne s’invente pas — dans la nature, avec sa progéniture, elle a eu une illumination tardive, sur l’autoroute. Un synonyme hexagonal de faire du pouce sur ? Bon sang : rebondir fait parfaitement l’affaire.

Le proverbe le dit : vieux motard que jamais.

 

[Complément du 22 janvier 2016]

Variation entendue en réunion cette semaine : «Je vais faire du millage sur ce qui vient d’être dit.»

 

[Complément du 28 juillet 2019]

Entendu hier soir pendant la télédiffusion du match de l’Impact de Montréal — c’est du soccer, donc du football — sur les ondes de TVA sports : «Je vais faire du surf sur ça.» Variante estivalo-nautique.

 

Référence

Melançon, Benoît, en collaboration avec Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané, Montréal, Fides, 2004 (deuxième édition, revue, corrigée et full upgradée), 234 p. Illustrations de Philippe Beha. Édition de poche : Montréal, Fides, coll. «Biblio-Fides», 2019, 234 p.

Benoît Melançon, en collaboration avec Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané, 2004, couverture

M & M

La revue de théâtre Jeu consacre le dossier de son plus récent numéro à un thème inattendu : «Le théâtre m’ennuie.» (L’Oreille tendue y collabore, mais c’est une autre histoire.)

Jean-François Chassay y signe un texte, «Défection», sur les raisons pour lesquelles il fréquente maintenant si peu, lui qui les a beaucoup courus, les théâtres montréalais. Réfléchissant plus largement à la culture québécoise, il a ces mots :

Lors des années 70, une bande d’épais incultes cherchaient à convaincre le chaland que le patois québécois était une langue, beaucoup plus dynamique que le français de l’Hexagone, qu’on ramenait à l’étroitesse d’esprit de l’Académie française. Nous disions «marde» alors qu’eux ne disaient que «merde». Quelle richesse que la nôtre (p. 91).

L’ironie fait mouche. On aurait cependant tort de penser que cette remarque n’a de valeur qu’historique. Le mot marde fait encore partie du paysage linguistique québécois.

On l’a entendu dans le Bye Bye 2011, la lamentable revue télévisuelle de fin d’année que vient de diffuser la société Radio-Canada.

Le mot est fréquent sous la plume de la juvénile narratrice du roman Et au pire, on se mariera de Sophie Bienvenu (2011). Il est employé comme substantif («toute cette marde qui est arrivée après», p. 15), avec ou sans article («treize ans de marde », p. 121). Il y a des cas où la forme merde est préférée («sa guitare de merde», p. 56; «une idée de merde», p. 63); ça se défend. Un passage est même fondé sur l’alternance :

Merde, ça me donne des frissons rien que d’y penser. C’est mal, Aïcha. J’ai plus que deux fois ton âge ! Ça me mettrait dans marde, ça te fuckerait la tête… pis ma tête avec. T’as déjà réfléchi à ça ? Merde ! (p. 60)

Ça se défend tout autant.

Le mot est couramment employé, mais il peut néanmoins marquer la rareté (rare comme de la marde de pape). Qui est fou comme d’la marde ne se contient plus, alors que qui touche le bout d’la marde est découragé ou a atteint ses limites. Avec marde, on peut aussi jurer (Maudite marde), se plaindre (C’est d’la (grosse) marde, Ça ne vaut pas d’la marde), vitupérer quelqu’un (Je lui ai donné d’la marde) et mettre fin à une hésitation (D’la marde; j’y vas). Mange de la marde est une expression bien commune, mais qu’il n’est pas bon d’utiliser n’importe où : une des vedettes du palais de justice de Montréal (et du petit écran), Anne-France Goldwater, a été convoquée en novembre 2011 par le Conseil de discipline du Barreau du Québec, un de ses collègues lui reprochant d’avoir utilisé l’expression en Cour supérieure. (Me Goldwater est anglophone : elle aurait dit «mange la marde».) Marde a une riche descendance, de mardeux (être peureux; être chanceux), qui est usuel, à démarder, qui est rare (le Devoir, 11 mars 2010, p. A1).

La marde serait souvent transportée dans un char, d’où char de marde, parfois ramené à sa plus simple expression : «la législature du Massachusetts lui avait répondu de manger un char» (le Devoir, 27-28 mai 2000); «j’eusse aimé que Salé et Pelletier […] enjoignissent messieurs dames les bonzes de l’International Skating Union de manger un char» (le Devoir, 13 février 2002). Manger un steamer de marde est un équivalent idiosyncrasique et très expressif de cette locution figée (si l’on peut dire). On voit aussi, dans certaines familles, manger un steamer de marde avec une braoule en fer blanc pour pas qu’ça rouille. Cela a l’avantage de la taille (on imagine le steamer plus logeable que le char) et de la couleur locale (ainsi que le rappelait Léandre Bergeron en 1980, la braoule est une «pelle à fumier» [p. 96]).

Non moins poétiquement, Hervé Bouchard, dans son Mailloux (2002), a une fort jolie allitération jouant des variétés régionales du français : «tas de merde, t’es de marde» (p. 60).

L’utilisation la plus troublante du mot marde est cependant celle-ci.

«Mario à marde», publicité, 2011

Ça ne s’invente pas.

 

[Complément du 14 avril 2018]

Les mots composés avec marde sont très rares. L’Oreille tendue en découvre un dans la la Presse+ du jour : complimarde. Son sens ? «Dans En tout cas à TVA, les enfants de Danielle (Guylaine Tremblay), Chloé (Anne-Élisabeth Bossé) et Fred (Mickaël Gouin), ont inventé l’expression parfaite pour décrire les reproches déguisés en compliments que leur fait constamment leur maman : des complimardes. On l’adopte.»

 

[Complément du 16 janvier 2019]

Ce n’est pas au Mario de l’illustration ci-dessus que pensait Jean-Christophe Réhel dans Ce qu’on respire sur Tatouine (2018), mais à un psychologue : «Esti de Mario à marde» (p. 264).

 

[Complément du 25 mars 2023]

La chose est bien connue : l’écrivain Réjean Ducharme avait l’oreille. Il a donc repéré le steamer de marde dès 1968, dans son roman l’Océantume : «Notre steamer, qui s’appelle “Mange-de-la-merde”, est la dernière habitation du chemin» (éd. de 2022, p. 175). Serge Bouchard cite la phrase dans le texte «Marde, alors !» de son livre (posthume) la Prière de l’épinette noire (2022, p. 166).

 

[Complément du 24 mars 2024]

Toute chose n’est pas bonne à dire : «Je viens de dire de la marde, là» (La soif que j’ai, p. 61).

 

Références

Bergeron, Léandre, Dictionnaire de la langue québécoise, Montréal, VLB éditeur, 1980, 574 p.

Bienvenu, Sophie, Et au pire, on se mariera. Récit, Montréal, La mèche, 2011, 151 p.

Bouchard, Serge, la Prière de l’épinette noire, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 2022, 222 p. Préface de Jean-Philippe Pleau.

Chassay, Jean-François, «Défection», Jeu. Revue de théâtre, 141, 4e trimestre 2011, p. 88-91. https://id.erudit.org/iderudit/65625ac

Ducharme, Réjean, Romans, Paris, Quarto Gallimard, 2022, 1951 p. Ill. Édition établie et présentée par Élisabeth Nardout-Lafarge. Vie & œuvre par Monique Bertrand et Monique Jean.

Dufour-Labbé, Marc-André, La soif que j’ai. Roman, Montréal, Le Cheval d’août, 2024, 139 p.

Mailloux, histoires de novembre et de juin racontées par Hervé Bouchard citoyen de Jonquière, Montréal, L’effet pourpre, 2002, 190 p.

Melançon, Benoît, «Les effets surprenants de l’ennui», Jeu. Revue de théâtre, 141, 4e trimestre 2011, p. 38-41. https://id.erudit.org/iderudit/65615ac

Réhel, Jean-Christophe, Ce qu’on respire sur Tatouine. Roman, Montréal, Del Busso éditeur, 2018, 283 p.

Modeste suggestion de mise en garde

À la radio de Radio-Canada, entre 11 h et midi, le 30 décembre, on a pu entendre l’émission «Une saison dans la vie de Claude Legault». On y a appris que, pour ce comédien, «Aimer, c’est pas juste fourrer», qu’il préfère le goût du Coca-Cola (il refuse de boire du Pepsi, a-t-il longuement expliqué) et qu’il sacre abondamment (il l’a prouvé par l’exemple).

L’an dernier, à la même époque, dans une émission du même réalisateur, Francis Legault, il était question des érections de Paolo Noël.

Dans la vie de tous les jours, l’Oreille tendue jure sans retenue excessive, elle utilise des gros mots et elle aborde à l’occasion les choses de la reproduction en termes peu choisis. (Pour le Coca-Cola, elle est sans religion.) Quand il lui arrive de parler à la radio, elle ne fait rien de tout cela. Pourquoi ? Parce qu’elle essaie de distinguer ce qui se passe dans sa cuisine de ce qui est diffusé sur les ondes de la radio. Au choix, on appellera cela pudeur, politesse, distance, culture ou civilisation.

Il ne s’agit évidemment pas d’empêcher Claude Legault ou Paolo Noël de parler comme ils parlent dans la vie de tous les jours, ni de penser ce qu’ils pensent. En revanche, si Radio-Canada tient à imposer à ses auditeurs ce genre d’émissions pipeul, pourquoi ne pas expliquer à certains de ses invités que le micro placé devant eux est là pour permettre de les enregistrer et que les propos qu’ils tiennent seront non seulement enregistrés mais rediffusés par la suite, parfois en heure de grande écoute, sur les ondes de la radio, et pas n’importe quelle radio, la radio d’État ? Peut-être parleraient-ils autrement, et d’autre chose.

C’est le début de l’année : on peut toujours rêver.

P.-S. — Au micro d’Antoine Perraud, l’animateur de Tire ta langue, Jérôme Bouvier, le médiateur de Radio France, déclarait le 6 novembre 2011 que, dans le service radiophonique public, il faut «combattre en permanence» ce qu’il appelle l’«entre-soi». C’était dans le cadre d’une émission intitulée «Quelle langue pour une radio de service public ?». Voilà une citation à méditer.

 

[Complément du 2 janvier 2012]

Annuellement, la télévision de Radio-Canada diffuse une revue de fin d’année dont on dit qu’elle devrait faire rire. Celle de 2011 était navrante — ce qui n’est guère étonnant — et elle souffrait du mal décrit ci-dessus — ce qui ne l’est pas plus. Stéphane Baillargeon, du Devoir, déplorait «l’entre-nous» de ce Bye Bye 2011. Sur son blogue, Jean-François Lisée, lui, se posait la question suivante : «Et si on disait Bye-Bye à la vulgarité ?» Il ne paraissait pas exagérément optimiste.

Péril en la demeure ?

On s’inquiète périodiquement de la place du français à Montréal. Un article du Devoir du 28 décembre (p. A2) laisse croire qu’il y a peut-être plus d’espoir qu’on ne le dit généralement.

Dans la nuit du 26 au 27, à Pointe-aux-Trembles, à l’extrémité est de l’île, un incendie a endommagé ce que ses utilisateurs appellent «un lieu d’activités socioculturelles où l’on prie aussi». Le journal, plus simplement, parle de «mosquée».

Le président du «centre», Abdelrhaffar Naim, raconte : «Nous avons vu la boucane monter et nous sommes sortis.»

Parler de boucane, au lieu de fumée, dans une mosquée montréalaise : tout n’est peut-être pas perdu. La langue populaire pénètre partout.

 

[Complément du 13 mars 2024]

Il fut un temps, dans l’histoire linguistique du Québec, où ce mot n’allait pas de soi. C’est le cas chez André Belleau en 1971 : «On était revenu vers le centre par la Côte-des-Neiges. En bas, toutes blanches au-dessus du fleuve, les fumées — j’aimerais dire les boucanes — de Montréal grimpaient puis s’ouvraient comme de grands palmier» (p. 5).

 

Référence

Belleau, André, «Discours de Marcel Duchamp ivre sur la condition des filles du boulevard Saint-Laurent», Liberté, 76-77 (13, 4-5), décembre 1971, p. 5-10. Repris dans Montréal en prose. 1892-1992. Anthologie présentée par Nathalie Fredette, Montréal, l’Hexagone, coll. «Anthologies», 5, 1992, p. 288-294. https://id.erudit.org/iderudit/30676ac

Mais comment l’écrire ?

Cela va de soi : en sa version soft, le mot désigne une personne habile, rusée, malicieuse, sous des apparences anodines; en sa version hard, il peut signifier quelqu’un à qui on ne confierait pas ses enfants. Mais comment l’écrire ?

L’Acadien Jean Babineau choisit «snoreau» dans son roman Gîte (1998, p. 29). Le Petit Robert (édition numérique de 2010) et Léandre Bergeron (1980, p. 460) font de même; l’un et l’autre disent du snoreau que c’est un «enfant espiègle» (ça se discute). Pour le premier, le mot est épicène; pour le second, il est masculin.

D’autres préfèrent snorrot, snoro, voire snôro ou snôrô, ce qui serait peut-être plus juste sur le plan phonétique.

Ainsi, en page B4 du Devoir du 12 août 2005, la notice nécrologique d’Arthur Prévost (1910-2004) commençait par ces mots : «“Cric ! Crac ! Couteau ! Cuiller à pot !… Plus je vous en dirai plus je vous mentirai…” Sans en faire un plat, pas question d’oublier, d’enterrer notre héros, notre “snoro, en trois coups de cuiller à mots” à la Ducharme.» L’allusion renvoie à l’incipit du roman Gros mots (1999) de l’écrivain québécois Réjean Ducharme : «Ça n’a pas l’air de s’arranger mais je ne vais pas me ronger. C’est mon histoire. On est ici chez moi. On ne va pas me déloger comme ça. Se débarrasser du héros en trois coups de cuiller à mots» (p. 9).

Ledit Ducharme emploie lui aussi la graphie snoro. Mieux encore, il donne une étymologie au mot : «du yiddish shnoerer, bourdon, parasite enjôleur» (p. 283). Il n’est pas sûr, cependant, que le yiddish des personnages ducharmiens soit tout à fait au point.

Le féminin du mot se construisant parfois en -de, il vaudrait peut-être mieux préférer quelque chose comme snauraud — à l’exemple de Claude-Henri Grignon et Albert Chartier (éd. de 2010, p. 118 et p. 149) — ou snoreaud — d’où la phrase suivante : «elle a pris le menu, a appelé la réception, et a dit : “apportez-moi un de chaque”, la snoreaude» (le Devoir, 8 mai 2003).

En cette matière comme en tant d’autres, Léandre Bergeron ne sait où faire son lit. En 1980, il dit de «snoreaude» que c’est le féminin de «snoreaud», mais il n’y a pas d’entrée à ce mot; il faut aller à «snoreau» (p. 460). En 1981, le féminin de «snoreau» est désormais «snoroune» (p. 152), ce qui a l’avantage, il est vrai, de bien s’insérer dans la série des québécismes en -oune.

Proverbe du jour, en hommage à Pascal : «L’homme est un snôro pensant» (Pierre Popovic).

P.-S. — On le croira ou non : dans la sixième livraison des Cahiers Voltaire (2007), l’Oreille tendue a longuement analysé la notice nécrologique d’Arthur Prévost.

 

[Complément du 15 février 2020]

Dans le Devoir du jour : «tout est possible pour Norah la snoraude».

 

Références

Babineau, Jean, Gîte, Moncton, Perce-Neige, coll. «Prose», 1998, 124 p.

Bergeron, Léandre, Dictionnaire de la langue québécoise, Montréal, VLB éditeur, 1980, 574 p.

Bergeron, Léandre, Dictionnaire de la langue québécoise précédé de la Charte de la langue québécoise. Supplément 1981, Montréal, VLB éditeur, 1981, 168 p.

Ducharme, Réjean, Gros mots. Roman, Paris, Gallimard, 1999, 310 p.

Grignon, Claude-Henri et Albert Chartier, Séraphin illustré, Montréal, Les 400 coups, 2010, 263 p. Préface de Pierre Grignon. Dossier de Michel Viau.

Melançon, Benoît, «Enquête sur les voltairiens et les anti-voltairiens (IV). Coordonnée par Gérard Gengembre», Cahiers Voltaire, 6, 2007, p. 215-216; repris, sous le titre «Nécrologie voltérienne», dans Nos Lumières. Les classiques au jour le jour, Montréal, Del Busso éditeur, 2020, p. 100-103.