Fil de presse 012

Logo, Charles Malo Melançon, mars 2021

La langue fait écrire; ça ne se dément pas.

Regardez derrière :

• Nyrop, Christophe, Grammaire historique de la langue française, Genève, Slatkine reprints, 2011, 6 vol., 3020 p. Réimpression de l’édition de Paris et Copenhague, 1914-1930.

• Ayres-Bennett, W. et M. Seijido, Remarques et observations sur la langue française. Histoire et évolution d’un genre, Paris, Classiques Garnier, coll. «Histoire et évolution du français», 2012, 348 p.

• Walter, Henriette et Pierre Avenas, la Fabuleuse histoire du nom des poissons, Paris, Robert Laffont, 2011, 500 p.

• Guyotat, Pierre, Leçons sur la langue française, Paris, Léo Scheer, 2011, 681 p.

• Lusignan, Serge, France Martineau, Yves Charles Morin et Paul Cohen, l’Introuvable Unité du français. Contacts et variations linguistiques en Europe et en Amérique (XIIe-XVIIIe siècle), Sainte-Foy (Québec), Presses de l’Université Laval, coll. «Les voies du français», 2012, 328 p.

• Brissaud, Édouard, Histoire des expressions populaires relatives à l’anatomie, à la physiologie et à la médecine, Genève, Slatkine reprints, 2012, 350 p. Réimpression de l’édition de Paris, 1899.

• Thurot, Charles, De la prononciation française depuis le commencement du seizième siècle, d’après le témoignage des grammairiens, Genève, Slatkine reprints, 2012, 2 vol., 1540 p. Réimpression de l’édition de Paris, 1881-1883.

• Philippe, Gilles, le Français, dernière des langues. Histoire d’un procès littéraire, Paris, Presses universitaires de France, coll. «Perspectives critiques», 2010, 306 p.

Regardez ici :

• Blondeau, Hélène, Cet «autres» qui nous distingue. Tendances communautaires et parcours individuels dans le système des pronoms en français québécois, Sainte-Foy (Québec), Presses de l’Université Laval, coll. «Les voies du français», 2011, 270 p.

• Martineau, France et Terry Nadasdi (édit.), le Français en contact. Hommages à Raymond Mougeon, Sainte-Foy (Québec), Presses de l’Université Laval, coll. «Les voies du français», 2011, 460 p.

• Bouchard, Chantal, Méchante langue. La légitimité linguistique du français parlé au Québec, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, coll. «Nouvelles études québécoises», 2012, 178 p.

Regardez ailleurs :

• Berrouët-Oriol, Robert, Darline Cothière, Robert Fournier et Hugues St-Fort, l’Aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions, Montréal et Port-au-Prince, Éditions du CIDIHCA et Éditions de l’Université d’État d’Haïti, 2011. Avant-propos de Jean-Claude Corbeil. Introdiction de Bernard Hadjadj. Postface de Joseph-G. Turi.

• Bastin, Georges L. et Monique C. Cormier, Profession traducteur, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, coll. «Profession», 2012, 66 p. Ill. Édition revue et mise à jour. Édition originale : 2007.

• Pennebaker, James W., The Secret Life of Pronouns : What Our Words Say About Us, Bloomsbury Press, 2011, 368 p.

Regardez sur votre liseuse :

• Deplace, Guy-Marie, Observations grammaticales sur quelques articles du Dictionnaire du mauvais langage, édition numérique, Project Gutenberg, 2012. Édition originale : 1810.

Revue critique de fixxion française contemporaine, revue numérique, 3, décembre 2011 : «L’écrivain devant les langues». Numéro dirigé par Dominique Combe et Michel Murat.

Regardez le long de la route :

• Bloch, Kevin, Avoir des bornes au compteur. Petit dictionnaire grivois des transports, Paris, Balland, coll. «Les dicos d’Agnès», 2011, 128 p.

Regardez Alain Rey :

• Gaudin, François (édit.), Alain Rey, vocabuliste français, Limoges, Éditions Lambert-Lucas, coll. «La Lexicothèque», 2011, 106 p.

• Rey, Alain, la Langue sous le joug, Rouen, Publications des universités de Rouen et du Havre, 2011, 54 p.

Regardez.

Avec ou sans ?

Sur Twitter, le 10 février, Larousse faisait de maganer son #motdujour : «Au Québec, abîmer, user (familier).» Le Dictionnaire de la langue québécoise de Léandre Bergeron (1980, p. 302) et le Petit lexique d’Ephrem Desjardins (2002, p. 101) ont cette orthographe. Si vous l’aviez interrogée là-dessus, l’Oreille tendue vous aurait répondu la même chose : pas de h.

Il est pourtant des gens qui en mettent un. Ainsi, le Devoir des 28-29 janvier 2012 contient le mot «maghanant» (p. B2). Avant lui, Réjean Ducharme a intitulé une de ses pièces le Cid maghané; une affiche d’une production québecquoise de 1977, visible sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, confirme la présence de cette consonne. Les spécialistes de Ducharme, par exemple Józef Kwaterko, Élisabeth Haghebaert et Michel Biron, ont suivi son exemple.

Qui nous dira l’étymologie du mot et réglera la question ?

D’ici là, ça fait désordre.

 

[Complément du 15 mars 2013]

Les jeunes ne devraient pas fumer. D’où, à la subtile adresse https://www.facebook.com/degueu, cette mise en garde.

Magane pas tes poumons

Merci à OffQc | Quebec French Guide.

 

[Complément du 25 août 2013]

L’emploi du mot n’est pas récent. On en trouve deux occurrences, à la fin du XIXe siècle, dans les Mystères de Montréal d’Hector Berthelot, d’abord sous la forme maganer (p. 123), puis sous la forme maganner (p. 159).

 

Références

Bergeron, Léandre, Dictionnaire de la langue québécoise, Montréal, VLB éditeur, 1980, 574 p.

Berthelot, Hector, les Mystères de Montréal par M. Ladébauche. Roman de mœurs, Québec, Nota bene, coll. «Poche», 34, 2013, 292 p. Ill. Texte établi et annoté par Micheline Cambron. Préface de Gilles Marcotte.

Biron, Michel, la Conscience du désert. Essai sur la littérature au Québec et ailleurs, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 2010, 212 p.

Desjardins, Ephrem, Petit lexique de mots québécois à l’usage des Français (et autres francophones d’Europe) en vacances au Québec, Montréal, Éditions Vox Populi internationales, 2002, 155 p.

Haghebaert, Élisabeth, Réjean Ducharme, une marginalité paradoxale, Québec, Nota bene, coll. «Littérature(s)», 34, 2009, 337 p.

Kwaterko, Józef, «Ducharme essayiste ou “Sartre maghané”», Littératures (revue de l’Université McGill), 6, 1991, p. 21-38; repris dans Pierre-Louis Vaillancourt (édit.), Paysages de Réjean Ducharme, Montréal, Fides, 1994, p. 147-166.

Périple laurentien, prise trois

De samedi en samedi, l’Oreille tendue poursuit ses aventures familiales sur l’autoroute des Laurentides (la 15, pour les intimes).

On a vu qu’on peut s’y sustenter et s’y amuser tard le soir.

On peut aussi habiter ses environs. Dès qu’on entre à Laval, un panneau publicitaire annonce en effet la construction de «condominiums urbains».

De deux choses l’une.

Ou Laval est une ville — et «condominium urbain» est un pléonasme.

Ou Laval n’est pas une ville — mais elle aimerait en devenir une : en attendant, elle donne un cachet urbain à ses condos.

Tout bien considéré, restons montréalais.

Des ursidés sonores

Samuel Archibald, Arvida, 2010, couverture

Le Petit Robert (édition numérique de 2010) donne la prononciation «ourss» et «ourss brun» (mais on pourrait aussi, semble-t-il, dire «ourz brun»), sans distinguer la prononciation au singulier de celle au pluriel.

Claude-Henri Grignon et Albert Chartier, dans leur Séraphin illustré (2010), préféraient «Un ourre !» (p. 74). Ils rejoignaient par là Léandre Bergeron qui, dans son Dictionnaire de la langue québécoise (1980), classait les ursidés à «our» et non à «ours» (p. 357). (À «ours», il est plutôt question de l’«Organe sexuel féminin».)

Pour les personnages d’Arvida (2011) de Samuel Archibald, c’est plus complexe : «On prononçait à l’envers sur les terres du Seigneur. On disait un our et des ourses» (p. 136). Mais «à l’envers» de qui ?

 

[Complément du 23 février 2012]

Compliquons un peu les choses en citant deux vers d’une comédie de 1784, le Concours académique, signée par Cubières de Palmézeaux :

«Ses dehors sont peu doux ainsi que ses discours.
Il a beaucoup moins l’air d’un homme que d’un ours» (acte I, scène III, p. 226).

 

[Complément du 26 août 2014]

S’il faut en croire le journaliste Jean-François Nadeau, les étudiants de la Faculté de droit de l’Université Laval (Québec) ont trouvé une solution à cette question. En période d’initiation — de bizutage —, ils sont forcés de chanter «Cours avant qu’t’je fourre avec ma grosse graine d’ours» (le Devoir, 25 août 2014, p. A3). La rime ne saurait mentir.

 

[Complément du 14 février 2016]

«Le chum à Chabot», le personnage créé par Fabien Cloutier, dans son spectacle Scotstown, choisit lui aussi our (DVD, 2015, 4e minute).

 

[Complément du 14 février 2016, bis]

Autre occurrence, en chanson cette fois, gracieuseté de @revi_redac : «On a essayé l’tunnel d’amour, fait noir comme dans l’cul d’un ours» (Richard Desjardins, «Kooloo Kooloo»).

 

[Complément du 12 février 2017]

Et vous, comment prononceriez-vous ceci : «Retour aux ours» (Autour d’Éva, p. 390) ?

 

Références

Archibald, Samuel, Arvida. Histoires, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 04, 2011, 314 p. Ill.

Bergeron, Léandre, Dictionnaire de la langue québécoise, Montréal, VLB éditeur, 1980, 574 p.

Cloutier, Fabien, Scotstown et Cranbourne, Montréal, TVA Films et Encore management, DVD, 2015.

Cubières de Palmézeaux, le Concours académique, ou le Triomphe des talents, dans Théâtre moral ou pièces dramatiques nouvelles, Paris, Belin, Veuve Duchesne et Bailli, 1784, tome premier, p. 197-327.

Grignon, Claude-Henri et Albert Chartier, Séraphin illustré, Montréal, Les 400 coups, 2010, 263 p. Préface de Pierre Grignon. Dossier de Michel Viau.

Hamelin, Louis, Autour d’Éva. Roman, Montréal, Boréal, 2016, 418 p.