Citation ornithologique du jour

Canaris«Le ministre Flaherty ferait un piètre canari dans une mine» (la Presse, 17 février 2010, p. A24).

Qu’on se rassure : le ministre des Finances du Canada ne veut pas changer d’espèce. Ariane Krol ne s’en prend qu’à son absence de (pré)vision.

Explication : «Les mineurs emportaient autrefois un canari en cage, qui lorsqu’il s’agitait, ou même mourait, ou encore donnait des signes de suffocation était le signe qu’il fallait remonter.» (Merci Wikipédia.)

Illustration : oiseaux, photo déposée sur Wikimedia Commons

Michael Ignatieff n’a pas faim

Un lecteur pressé du Devoir pourrait penser que le chef du Parti libéral du Canada a un petit creux : «Ignatieff dépose sa liste d’épicerie», titrait en effet le quotidien hier (p. A4).

Il est vrai que la liste d’épicerie est prisée au Québec.

Certains, tel Ignatieff, la «déposent». D’autres la «présentent» : «Infrastructures. La Ville présente une liste d’épicerie de 306 millions» (la Presse, 14 juin 2001); «L’industrie agroalimentaire présente sa liste d’épicerie» (la Presse, 17 octobre 2001).

Avant cela, elle a été «dressée» : «Le maire Tremblay dresse sa liste d’épicerie» (la Presse, 7 février 2007, p. A8); «Montréal invité à dresser sa liste d’épicerie» (la Presse, 15 janvier 2009, p. A11).

Après, on la «reçoit» : «Scott reçoit la liste d’épicerie des autochtones» (le Devoir, 23 juillet 2004).

Quand il y en a plusieurs, on les regroupe pour en discuter : «Le sommet des listes d’épicerie» (le Devoir, 31 mai 2002).

Dans tous les cas, la liste d’épicerie désigne une énumération de demandes dont il est attendu que certaines seront excessives. C’est la règle du jeu : on sollicite aux quatre vents, puis on croise les doigts.

Risque d’imbibition scolaire ?

La ministre de l’Éducation du Québec, Michelle Courchesne, vient de proposer un nouveau calendrier scolaire.

La proposition est mal reçue de la Fédération des commissions scolaires du Québec. Sa présidente, Josée Bouchard, déclare que ce calendrier érigerait «en système quelque chose d’exceptionnel» et lancerait «le message que oui, le bar est ouvert» (le Devoir, 12 février 2010, p. A2).

Attention : l’expression bar ouvert, au Québec, ne désigne pas (toujours) la gratuité des troquets. Elle renvoie plutôt à une générosité indue, souvent d’origine gouvernementale. C’est une des formes du buffet à volonté. Il n’y a donc pas lieu de craindre la beuverie généralisée dans les écoles du Québec.

Avancez en arrière

«Deux hommes penchés sur un vélo sur une route de Pontoise», photographie attribuée à Delizy, 1897

Sur Twitter, @mkh531 décrit le mot pbook comme un rétronyme.

Pbook ? Rétronyme ? De la même façon qu’on a inventé la guitare acoustique quand est apparue la guitare électrique, on en serait aujourd’hui, à cause de l’apparition du livre numérique, à inventer un nouveau mot pour désigner le livre papier (paper book, donc pbook).

On n’arrête pas le progrès.

 

[Complément du 2 avril 2021]

L’apparition de la signature électronique a mené, en anglais, à l’invention de «wet-signed» (signé à l’encre, cette chose humide, mouillée, liquide). C’est encore Twitter qui le dit.

 

[Complément du 10 avril 2023]

Il y eut le vélo. Puis il y eut le vélo électrique. Il y a dorénavant le vélo musculaire.