Il existe dorénavant, dans le personnel politique québécois, une nouvelle espèce : la belle-mère.
La belle-mère est un ancien membre du gouvernement qui aime bien / trop se mêler des affaires de ses successeurs et ne pas leur épargner ses conseils.
Elle est surtout audible au Parti québécois, du moins pour l’instant, mais on peut se demander si l’étiquette ne pourrait pas aussi coller à quelques représentants fédéraux.
Principales belles-mères de l’heure : les anciens premiers ministres Jacques Parizeau et Bernard Landry.
L’emploi est péjoratif : traiter quelqu’un de belle-mère ne doit pas être interprété, la plupart du temps, comme une marque d’affection.
Une exception, néanmoins, dans le Devoir du 20 juillet, sous la rubrique «Libre opinion» : une lettre ouverte d’André Ségal, «Amenez-en des belles-mères !», dans laquelle on peut lire «C’est pourquoi nous avons besoin de toutes les “belles-mères” qui veulent bien parler» (p. A6). Suit une liste de onze noms de belles-mères potentielles.
Cette exception confirme la règle.
[Complément du 19 mars 2012]
Extension du domaine de la belle-mère, du PQ au Nouveau parti démocratique du Canada : «Ainsi donc, Ed Broadbent, ancien chef du NPD de 1975 à 1989, décrit comme la “conscience” du parti de gauche, s’est déguisé en Bernard Landry pour jouer à la belle-mère» (la Presse, 17 mars 2012, p. A12).
[Complément du 2 octobre 2015]
Il existe aussi des belles-mères dans le domaine culturel. À l’émission de télévision les Francs-tireurs, l’ancien animateur de l’émission de radio matinale de Radio-Canada, René Homier-Roy, critiquait cette semaine celle qui l’a remplacé un temps, Marie-France Bazzo. Réaction de l’intéressée :
[Complément du 8 novembre 2017]
On craindrait sa variante municipale :
[Complément du 22 novembre 2017]
Existerait en version hockeyistique :
(Via @OursMathieu.)
[Complément du 26 janvier 2018]
Dans le Journal de Montréal du 23 janvier, Karina Marceau propose une étymologie de belle-mère : «Michel C. Auger m’a rappelé que c’est le libéral Claude Ryan qui avait utilisé la première fois cette expression en 1981 alors que Robert Bourassa voulait faire un retour en politique lors d’une élection partielle.»
[Complément du 9 septembre 2019]
L’ancienne première ministre du Québec Pauline Marois souhaite participer au débat sur la langue au Québec. Commentaire d’un éditorialiste du quotidien montréalais la Presse+ : «C’est une façon de continuer de servir l’État, même après avoir cessé de le diriger. Bref, d’être utile en tant que “belle-mère” — ou “beau-père”, comme elle le dit en renversant la formule sexiste. Heureusement, les anciens premiers ministres peuvent servir à autre chose qu’à alimenter les chicanes du jour.»