Les campus sont des lieux dangereux

L’Oreille tendue enseigne à l’université. Depuis des années, sans succès, elle essaie de convaincre ses étudiants de prendre comme objet d’étude le genre des romans universitaires (les campus novels).

Au fil des ans, elle a constitué une courte liste de pareils textes : en prose (roman, nouvelle), en français, décrivant un milieu québécois (cégep, université). Voici cette liste.

Les suggestions d’ajouts ou de corrections sont bien sûr les bienvenues.

Version du 14 juin 2018 (voir aussi les commentaires ci-dessous)

Baril Guérard, Jean-Philippe, Royal. Roman, Montréal, Éditions de Ta Mère, 2018, 287 p. Édition originale : 2016.

Bernié, Jean-Philippe, J’attendrai le temps qu’il faudra, Montréal, La courte échelle, 2013, 199 p.

Bernié, Jean-Philippe, Quand j’en aurai fini avec toi, Montréal, La courte échelle, 2012, 199 p.

Bismuth, Nadine, Scrapbook. Roman, Montréal, Boréal, coll. «Boréal compact», 176, 2006, 393 p. Édition originale : 2004.

Biz, la Chaleur des mammifères, Montréal, Leméac, 2017, 160 p.

Boisvert, France, Professeur de paragraphe, Montréal, Lévesque éditeur, 2017, 164 p.

Brochu, André, Adéodat 1. Roman, Montréal, Éditions du Jour, coll. «Les romanciers du jour», R-91, 1973, 142 p.

Chabin, Laurent, Le corps des femmes est un champ de bataille, Montréal, Coups de tête, 2012, 240 p.

Charland, Jean-Pierre, la Souris et le rat. Petite histoire universitaire, Gatineau, Vents d’Ouest, coll. «Azimuts», 2004, 240 p.

Chassay, Jean-François, Requiem pour un couple épuisant et autres nouvelles, Montréal, Leméac, 2015, 163 p.

Delalande, Arnaud, le Piège de Lovecraft, Paris, Grasset, 2014, 368 p.

Drainville, A.C., Les carnets jaunes de Valérien Francoeur, qui a crevé quelques enflés, Montréal, L’Effet pourpre, 2002, 217 p. Traduction de Michel Saint-Germain.

Gagnon, Robert, la Mère morte, Montréal, Boréal, 2007, 272 p.

Gourdeau, Gabrielle, Clins d’œil à Romain Gary, Notre-Dame-des-Neiges, Éditions Trois-Pistoles, 2001, 223 p.

Grégoire, Mélissa, l’Amour des maîtres, Montréal, Leméac, 2011, 248 p.

Hébert, François, le Rendez-vous. Roman, Montréal, Quinze, coll. «Prose entière», 1980, 234 p.

La Charité, Claude, le Meilleur Dernier Roman, Longueuil, L’instant même, 2018, 177 p. Ill.

LaRue, Monique, la Gloire de Cassiodore, Montréal, Boréal, 2002, 296 p.

Lepage, François, le Dilemme du prisonnier, Montréal, Boréal, 2008, 151 p.

Martel, Jean-Philippe, Comme des sentinelles. Roman, Montréal, La mèche, 2012, 177 p.

Mathieu, Claude, la Mort exquise et autres nouvelles, Montréal, Le Cercle du livre de France, 1965, 143 p.

Moutier, Maxime Olivier, Journal d’un étudiant en histoire de l’art, Montréal, Marchand de feuilles, 2015, 457 p.

Ouellette-Michalska, Madeleine, la Parlante d’outre-mer, Montréal, XYZ éditeur, coll. «Romanichels», 2012, 167 p.

Richer, Ghislain, Meurtre sur le campus, Chicoutimi, JCL, 2001, 264 p.

Robitaille, Martin, les Déliaisons. Roman, Montréal, Québec Amérique, coll. «Littérature d’Amérique», 2008, 240 p.

Rousseau, Jacques, ROM. Read only memory, Montréal, Tryptique, 2010, 214 p.

Théoret, France, Les apparatchiks vont à la mer Noire, Montréal, Boréal, 2004, 246 p.

Turcotte, Élise, le Parfum de la tubéreuse, Québec, Alto, 2015, 128 p.

 

[Complément du 29 août 2015]

Le quotidien le Devoir publiait aujourd’hui deux articles sur la représentation des professeurs en littérature québécoise, le premier de Catherine Lalonde, «Visages de prof», le second de Louis Hamelin, «Prochain semestre». À lire pour compléter la liste ci-dessus.

Longue citation pédagogique du jour

En 1971, le réalisateur Jacques Godbout tourne, pour l’Office national du film du Canada, le long métrage IXE-13. Description tirée du site de l’ONF, où l’on peut commander le film :

Comédie musicale mettant en vedette les quatre membres du collectif humoristique, Les Cyniques. André Dubois tient le rôle titre de IXE-13, «l’as des espions canadiens». Il est entouré de Marc Laurendeau, Serge Grenier et Marcel Saint-Germain. Un film tout en musique, une joyeuse parodie des aventures du personnage légendaire issu d’un populaire roman-feuilleton des années 1950 signé Pierre Saurel.

Une des chansons du film, «La chanson très vulgaire», est était visible sur YouTube. Elle peut être utile à qui veut se familiariser avec les jurons québécois et leur prononciation. On y trouve ostie, tabarnak, câlisse, cibouère, criss, sacrament, calvaire.

Pour l’entendre :

Pour la lire (l’Oreille tendue s’est essayée à sa transcription) :

Fais pas d’grimace
Ça porte malheur
Grouille ta carcasse
C’est pas ta sœur
Si je t’embrasse
Toi tu m’écœures
Tu me fracasses
Mon doux seigneur
T’es une lavasse
Un amateur
Je te terrasse
Maudit faiseur
T’as les oreilles comme un chou-fleur
Prends ta bouteille vieil enfant d’chœur
Mon ostie d’tabarnak
Tu vas manger ma main dans face
M’as t’en fourrer une claque
M’as t’casser les deux échasses
Mon câlisse de baveux
Y a pus personne pour me r’tenir
Mas t’moucher mon morveux
Tu vas crier pis dire martyre
Ostie
Ostie
Ostie
Ostie
Cibouère
J’te mords les couilles
Lève ton nombril
Ostie d’citrouille
Criss de fifi
T’as pas connu
Yvon Robert
Là t’aurais eu un adversaire
I a Gorgeous George
I était cochon
Ça ça t’égorge un cornichon
Larry Moquin i lâchait pas
L’huile de ricin
Mouman poupa
Mon ostie d’tabarnak
Tu vas manger ma main dans face
M’as t’en fourrer une claque
M’as t’casser les deux échasses
Mon câlisse de baveux
Y a pus personne pour me r’tenir
Mas t’moucher mon morveux
Tu vas crier pis dire martyre
Ostie
Ostie
Ostie
Enwèye accouche
Mont’ qu’t’es un homme
[Inaudible] une fausse couche
Pis chique d’la gomme
Tu [Inaudible]
J’te casse les dents
J’te décapite
Mon sacrament
Pis fait pas d’bluff
Avec bibi
Nous on joue tough
T’as pas fini
Mas t’faire manger d’la marde en tas
M’en vas t’crever sur le matelas
Mon ostie d’tabarnak
Tu vas manger ma main dans face
M’as t’en fourrer une claque
M’as t’casser les deux échasses
Mon câlisse de baveux
Y a pus personne pour me r’tenir
Mas t’moucher mon morveux
Tu vas crier pis dire martyre
Ostie
Ostie
Ostie
Ostie
Cibouère
Ostie
Tabarnak
Ostie
Ostie
Calvaire
[Etc.]

 

[Complément du 29 juin 2018]

Commentaire de spectateurs, rapporté par Jacques Godbout dans un livre de souvenirs, De l’avantage d’être né (2018) : «les enfants adorent, surtout la chanson “très vulgaire”, qui contient son lot de sacres et qu’ils apprennent par cœur». Il est vrai que les enfants sont comme ça.

 

Référence

Godbout, Jacques, De l’avantage d’être né, Montréal, Boréal, 2018, 288 p. Édition numérique.

Le travail, y a que ça de vrai

Le sujet peut être animé : qui fait la job (toujours au féminin, toujours à prononcer djobbe) fait son travail.

«J’ai fait la djobbe» (une collègue de l’Oreille tendue le jour de la Saint-Valentin).

«RT @cgenin : @fbon j’espère que tu signales à tes étudiants qu’il y a un beau site sur Claude Simon http://associationclaudesimon.org/ | on fait la job !» (@fbon)

Peut-être sous l’influence de l’anglais («that will do the job»), l’expression s’emploie également avec un sujet inanimé.

Une poutine, ça fait la djobbe.

Dans un cas comme dans l’autre, la satisfaction est palpable. Voilà qui est fait ! Reste à espérer que ce soit bien fait.

 

[Complément du 2 mars 2014]

Le romancier François Blais donne une entrevue au Devoir : «Mark Twain, c’est un cas : tous ses romans et récits se résument à une superposition d’épisodes; il ignore même le concept d’arc dramatique, ça fait la job pareil» (1er-2 mars 2014, p. F3).

Le sacre de l’hiver

Martin Robitaille, les Déliaisons, 2008, couverture

«Je me surpris à crier : “Y fait fret, tabarnak !” C’est fou ce que ça fait du bien de sacrer. Encore plus en pays étranger. C’est une belle soupape, les sacres. C’est tout ce qu’on avait, avant, comme système d’autodéfense.»

Martin Robitaille, les Déliaisons. Roman, Montréal, Québec Amérique, coll. «Littérature d’Amérique», 2008, 240 p., p. 19.