De l’article À un moment donné
De l’article Imbibition
De l’article Malaisant
De l’article Oui
De l’article Pogo (dégelé)
De l’article Querelle (de Roberval, de Paris)
« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
De l’article À un moment donné
De l’article Imbibition
De l’article Malaisant
De l’article Oui
De l’article Pogo (dégelé)
De l’article Querelle (de Roberval, de Paris)
«L’année de mes huit ans, le verglas s’empare de l’hiver et de la mort de mon grand-père. La première personne de mon entourage qui meurt. De ses funérailles, il ne me reste que la fraîcheur surréelle de sa joue, l’odeur accablante de l’encens et les pleurs de ma sœur à l’église, terrorisée par le son vertical de l’orgue.»
«Je vais retirer quarante dollars qui se transforment en six bouteilles. Je fulmine. Pas de pourboire ce soir. Pour faire passer la colère et les calories, je danse comme je n’ai jamais dansé, férocement.»
Fanie Demeule, Déterrer les os. Roman, Québec, Hamac, 2016. Édition numérique.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
«Le drummer et poète Patrice Desbiens a le front plissé et l’œil malicieux de qui a survécu de peine et de misère à l’exploitation des mines de nickel de l’Ontario et aux émanations toxiques de l’anglais, à la tristesse des pauvres à Sudbury et à la mélancolie de la taverne Coulson.
Tendons l’oreille.»
François Hébert, Miniatures indiennes. Roman, Montréal, Leméac, 2019, 174 p., p. 136.
«John Stavropoulos, physique d’acteur, avec sa sempiternelle gabardine beige et ses cheveux blonds ondulés qui tiraient sur le roux, avait un physique démodé et presque anachronique. Il portait de fines moustaches, relevées aux extrémités, qu’il devait enduire de gel pour façonner souplement entre ses doigts le tranchant effilé des crocs. Les lèvres boursouflées, le teint pâle et le visage hautain, il avait une allure de monarque espagnol peint par Vélasquez, avec cette morgue molle dans le menton, cette lassitude boudeuse, distante, aristocratique, cette rouerie un peu éteinte. Parfois, quand il vous regardait fixement de ses yeux globuleux, on pouvait craindre qu’il n’allât tenter de vous hypnotiser sur le sofa. Puis, ses traits se relâchaient, et il vous adressait un sourire enjôleur qui faisait fondre l’expression de dureté qui recouvrait ses traits quelques instants plus tôt.»
Jean-Philippe Toussaint, la Clé USB. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 2019, 190 p., p. 37.
(Accouplements : une rubrique où l’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)
Petite, l’Oreille tendue a séjourné en Wallonie. Entre autres choses, elle en a rapporté une phrase fort utile pour elle (à l’époque) : «Wice qui l’brèsseû passe, li boldjî n’passe nin» (Où le brasseur passe, le boulanger ne passe pas).
Le narrateur de Querelle de Roberval (2018), de Kevin Lambert, ne pense pas autrement : «Judith, Bernard et une couple d’autres se sont aussi pris des bières; une 50, c’est aussi nourrissant qu’une tranche de pain» (p. 49).
[Complément du 7 janvier 2021]
Variation bruxelloise : «Une bière, ça vaut trois tartines.»
[Complément du 8 décembre 2022]
Les publicitaires l’ont compris depuis longtemps.

Source : le Nationaliste, 1916.
Référence
Lambert, Kevin, Querelle de Roberval. Fiction syndicale, Montréal, Héliotrope, 2018, 277 p.