«le vieil homme teste ma patience
et l’insonorisation»
Philippe Chagnon, le Triangle des berceuses. Poésie, Montréal, Del Busso éditeur, 2019, 96 p., p. 85.
P.-S.—Pour lire un poème de ce recueil, on clique ici.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
«le vieil homme teste ma patience
et l’insonorisation»
Philippe Chagnon, le Triangle des berceuses. Poésie, Montréal, Del Busso éditeur, 2019, 96 p., p. 85.
P.-S.—Pour lire un poème de ce recueil, on clique ici.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
«Quand mon souffle se calme, je lui dis qu’il me rappelle l’abbé de Pradts chez Montherlant, qui se risquait à parler d’âme à propos du petit Souplier quand il voulait juste le baiser. Qu’il m’évoque toute son afféterie lorsque le chœur des collégiens dans la maîtrise répète un motet et que ce pauvre abbé de mes deux tend l’oreille et susurre, comme on suce un doigt : “Je ne distingue pas sa voix dans le chœur des autres voix.”»
Grégoire Delacourt, Mon Père. Roman, Paris, JC Lattès, 2019. Édition numérique.
«C’est la première fois que tu la voyais ne serait-ce qu’un peu indisposée, elle qui est toujours pétillante, souriante, impeccable, dégoulinante de kale et de bons sentiments.»
Jean-Philippe Baril Guérard, Royal. Roman, Montréal, Éditions de Ta Mère, 2018, 287 p., p. 64. Édition originale : 2016.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
«Tâtonnant les murs froids dans une demi-nuit,
Elle tendait l’oreille au moindre petit bruit.
Tout-à-coup des pas sourds lui font lever la tête,
Quelqu’un monte à la tour et paraît sur le faîte;
Il incline son corps sur l’abîme profond,
Et son regard errant semble chercher au fond.»
Alphonse de Lamartine, la Chute d’un ange, épisode, Paris, Charles Gosselin et W. Coquebert, 1838, tome premier, viii/294 p., p. 160.
Illustration : portrait de Lamartine déposé sur Wikimedia Commons
Soit la phrase suivante, tirée de Royal, de Jean-Philippe Baril Guérard (2016) :
Mon mec est en train de me domper. Ce savant mélange de québécois et de français que seule une Stanislasienne utiliserait (éd. de 2018, p. 153).
La phrase n’est peut-être pas compréhensible pour tous les lecteurs de l’Oreille tendue. Essayons d’y voir plus clair.
La Stanilasienne est une (ex)élève du Collège Stanislas de Montréal. Cet établissement offre «l’enseignement de programmes et l’emploi de méthodes pédagogiques conformes aux directives du ministère français de l’Éducation nationale, en les adaptant au contexte québécois et aux préalables nécessaires à l’admission dans les universités québécoises» (dixit «Stan» lui-même). On pourrait notamment y acquérir un «accent faussement français» (p. 29).
Le «québécois» serait une langue différente du «français». Ce n’est évidemment pas vrai : au Québec, on parle français, pas québécois.
Le «savant mélange» ferait se rencontrer du français réputé hexagonal («mec» : compagnon, conjoint) et un anglicisme du cru («domper», to dump : jeter, se débarrasser de, laisser tomber, abandonner).
Bref, c’est le récit, banal encore que montréalais, d’une rupture amoureuse en cours.
Référence
Baril Guérard, Jean-Philippe, Royal. Roman, Montréal, Éditions de Ta Mère, 2018, 287 p. Édition originale : 2016.