Divergences transatlantiques 020

Soit la citation suivante, tirée de «Le voleur et le roi», de Pierre Lefevbre :

Comme beaucoup de personnages qui peuplent la mythologie grecque, le roi Midas n’est plus tellement une référence aujourd’hui. C’est dommage, surtout que son histoire commence par une brosse. Une vraie, une grosse (p. 55-56).

Qu’est-ce que cette brosse qui serait à l’origine d’un mythe grec ? S’agit-il d’une variété de celles dont parle le Petit Robert (édition numérique de 2010) ?

1. Ustensile de nettoyage, formé d’un assemblage de filaments (poils, fibres végétales ou synthétiques, fils métalliques) fixés sur une monture perpendiculaire.

2. Pinceau de peintre.

3. Balai.

4. Rangées de poils sur les pattes ou le torse de certains insectes (notamment pour recueillir le pollen).

Que nenni. Revenons au texte de Pierre Lefebvre :

C’est Silène, un satyre, un soûlon, le père adoptif de Dionysos qui la prend (p. 56).

Récapitulons : on prend une brosse; cela arrive à un soûlon. Voilà la clé de l’affaire : qui prend une brosse, donc, s’enivre. Même chez les Grecs.

 

Référence

Lefebvre, Pierre, «Le voleur et le roi. Troisième confession d’un cassé», Liberté, 295 (53, 3), avril 2012, p. 48-59. https://id.erudit.org/iderudit/66337ac

Beauté du mais

Daniel Grenier, Malgré tout on rit à Saint-Henri, 2012, couverture

Certains ont le mais sexiste, par exemple au XVIIIe siècle : «Mais, mais….. oh ! voilà le mais éternel des jolies femmes, & des Auteurs» (la Manie des arts, p. 43-44); «Mon Frere est comme les femmes, il a toujours en réserve un perfide mais» (la Cinquantaine dramatique, p. 24).

En revanche, d’autres ont le génie du mais.

C’est le cas de P. Landry.

Ou de Daniel Grenier : «On leur avait fait comprendre que ce niveau de français était excellent mais inacceptable et que des cours offerts par le ministère de l’Immigration étaient souhaitables mais obligatoires» (Malgré tout on rit à Saint-Henri, p. 113).

 

[Complément du 23 juin 2016]

L’Oreille tendue a consacré un court article à la Cinquantaine dramatique dans le dossier «Enquête sur les voltairiens et les anti-voltairiens (XI). Coordonnée par Gérard Gengembre» des Cahiers Voltaire, 11, 2012, p. 217-220.

 

Références

Grenier, Daniel, Malgré tout on rit à Saint-Henri. Nouvelles, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 07, 2012, 253 p.

La Cinquantaine dramatique de M. de Voltaire, suivie de l’Inauguration de sa statue, intermède en un Acte, orné de Chants & de Danses, par l’Auteur du Poeme du Luxe, Aux Fossez; et se trouve à Paris, Chez Durand, Libraire, rue Galande, Despilly, Libraire, rue S. Jacques, 1774, 68 p. Texte d’Alexandre-Jacques Du Coudray.

Rochon de Chabannes, la Manie des arts, ou la Matinée à la mode, comédie en un acte et en prose, Paris, Sebastien Jorry, 1763, 66 p.