Regret sportif

Victoire des Canadiens hier soir. En troisième période, sauf erreur de la part de l’Oreille tendue, l’entraîneur de l’équipe, Jacques Martin, n’a pas fait jouer du tout Marc-André Bergeron et Sergei Kostitsyn, et presque pas Benoît Pouliot et Glen Metropolit. En termes de hockey, cela s’appelle couper son banc (ne pas se servir de tous les joueurs qui se trouvent sur icelui). Or aucun commentateur, à la télévision, n’a employé l’expression.

Les traditions se perdent.

 

[Complément du 26 avril 2010]

Claude Quenneville, à la radio de Radio-Canada, racontait tout à l’heure que Scotty Bowman, l’ex-entraîneur des Canadiens de Montréal, avait un jour demandé à un employé du Forum, là où jouait l’équipe, de raccourcir (à la scie) le banc de l’équipe adverse, les Bruins de Boston, histoire de les embêter pendant un match. Couper son banc, mais au sens littéral.

La banlieue à la ville

Carte du Québec adjacent, Dictionnaire québécois instantané, 2004

Tous les Québécois le connaissent : le Plateau Mont-Royal — plus simplement : le Plateau —, ce quartier montréalais autour duquel tournerait l’univers connu. Les Québecquois — les habitants de la ville de Québec — ne l’aimeraient pas, dit-on, car l’univers connu tournerait autour.

Sa composition serait en train de changer, si l’on en croit le quotidien la Presse de ce samedi : «La sociologie du Plateau change» (13 mars 2010, p. A10). Le monarcoplatal ne serait plus ce qu’il était : «Il y a trois sources d’immigration principales : les Français, les anglophones francophiles attirés par la culture du quartier et les plateausards, les gens qui sont en moyens et qui sont à gauche, mais une gauche un peu caviar.»

Plateausard ? Un banlieusard établi en ville. Il n’est pas sûr que ce soit un mélioratif.

 

Référence

Melançon, Benoît, en collaboration avec Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané, Montréal, Fides, 2004 (deuxième édition, revue, corrigée et full upgradée), 234 p. Illustrations de Philippe Beha. Édition de poche : Montréal, Fides, coll. «Biblio-Fides», 2019, 234 p. La «Carte du Québec adjacent» reproduite ci-dessus se trouve p. 13.

Benoît Melançon, en collaboration avec Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané, 2019, couverture

Extension du monarcoplatal

Carte du Québec adjacent, Dictionnaire québécois instantané, 2004

La Presse de ce samedi s’interroge : «Le prochain “Plateau”. Hochelaga-Maisonneuve ou le Sud-Ouest ?» (cahier Mon toit, p. 2)

La question n’est pas nouvelle : «Saint-Henri, nouveau plateau ?» (la Presse, 6 janvier 2004, cahier Arts et spectacles, p. 3); «Un Plateau à Longueuil ?» (la Presse, 3 octobre 2005, p. A15)

Plateau ? En fait, Plateau Mont-Royal : quartier de Montréal en demande, car jugé branché, jeune, pluri-tout. Constitue le centre de l’univers connu, et au-delà. A même droit à son mot — substantif et adjectif —, créé par Pierre Popovic : monarcoplatal.

On se l’arrache, intra et extra muros.

 

Références

Melançon, Benoît, en collaboration avec Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané, Montréal, Fides, 2004 (deuxième édition, revue, corrigée et full upgradée), 234 p. Illustrations de Philippe Beha. Édition de poche : Montréal, Fides, coll. «Biblio-Fides», 2019, 234 p. La «Carte du Québec adjacent» reproduite ci-dessus se trouve p. 13.

Popovic, Pierre, Liberté, 280 (50, 2), avril 2008, dossier «Dictionnaire culturel & politique du Québec», p. 21-24. https://id.erudit.org/iderudit/34680ac

Les vraies affaires ?

Moment de trouble, hier, devant ceci :

Collège Villa-Maria, rue Monkland, Montréal, 25 août 2009
Rue Monkland, Montréal, 25 août 2009

Dans un premier temps, il a fallu que l’Oreille tendue décode l’organisation des informations. «Propriété privée», ça allait, mais ça se corsait par la suite.

Fallait-il lire de façon indépendante «Défense d’entrer sans affaires» et les trois pictogrammes ou fallait-il plutôt imaginer d’invisibles deux-points entre les mots et les images ?

Dans le premier cas, il y aurait eu des «affaires», non définies, en plus d’une interdiction de promener son chien, de fumer une cigarette et de jeter des détritus (ou de semer trois graines de quelque chose).

Dans le second, les «affaires» auraient été le chien, la cigarette et les détritus (ou les graines). Cette hypothèse paraissait peu plausible.

Dès lors, retour à la case départ : des «affaires», certes, mais quelles «affaires» ? Heureusement qu’il y a l’anglais, pour rappeler que «business» et «affaires», dans certains cas, sont synonymes — mais pas dans celui-ci.

Ironie de l’histoire (de l’affaire ?) : cela se trouve à l’entrée d’un collège huppé (et bilingue) de Montréal.

 

[Complément du 17 mai 2018]

Autre explication du pictogramme mystérieux, gracieuseté de Twitter : «Another juggler gives up on his dreams

«Another juggler gives up on his dreams.»