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L’ami Laurent Turcot a sa chaîne sur YouTube, L’histoire nous le dira.

En 2018, l’Oreille tendue y a causé de Voltaire et du Canada, puis de Maurice Richard — c’est du hockey. En février dernier, il y était question du Siècle des lumières, en l’occurrence de l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert. En juin, l’Oreille y présentait son livre Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue).

Aujourd’hui, elle chante les louanges de Jackie Robinson — c’est du baseball — en le comparant à Louis Cyr et à Maurice Richard.

Pour ceux qui préfèrent l’écrit, c’est ici. La radio ? Par .

P.-S.—L’Oreille a aussi sa chaîne vidéo. Elle est bien plus modeste.

 

Référence

Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill.

Instruisons-nous

Frère Jean-Ferdinand, f.m., Instruisons-nous, 1945, couverture

Le frère mariste Jean-Ferdinand voulait du bien à ses lecteurs. En 1945, il publiait Instruisons-nous; en 1949, Cultivons-nous; en 1952, Connaissons-nous le Québec ? En 1951 paraissait Refrancisons-nous : on ne confondra évidemment pas la première et la seconde édition.

Instruisons-nous, ce «modeste ouvrage», est une «encyclopédie en raccourci» destinée à acquérir la «science universelle» et il s’adresse au «savant», au «professeur», à l’«industriel», à l’«homme d’affaires», à l’«ouvrier», au «jeune homme» comme à la «jeune fille», à l’«enfant» : «Prenez et lisez simplement ce livre;.. il vous instruira;.. il vous récréera;.. il vous reposera» (p. 3, ponctuation certifiée d’origine).

Dix-huitiémiste de son état, l’Oreille a d’abord été un peu tendue en parcourant l’ouvrage. À la rubrique «Qui a été surnommé», il y a «Le barde d’Avon» (Shakespeare), mais pas «Le patriarche de Ferney» (p. 13). Parmi les «Pseudonymes», il y a celui de Jean-Baptiste Poquelin (Molière), mais pas celui de François-Marie Arouet (p. 24). «À quels ouvrages sont associés les caractères» comporte Homais (Madame Bovary), mais pas Candide (p. 31). Sous «Qui a dit», on trouve «J’avais pourtant quelque chose là !» (André Chénier), mais pas «il faut cultiver notre jardin» ni «le meilleur des mondes possibles» (p. 32).

Le frère Ferdinand en aurait-il contre Voltaire, qu’il ne cite pas alors que tant d’occasions se présentent à lui ?

«Le patriarche de Ferney», celui qui se fait appeler Voltaire à partir de 1718, l’auteur de Candide apparaît enfin — ouf — à la rubrique «De qui sont ces mots historiques» : «Quand cessera-t-on de se battre pour quelques arpents de neige ?» Réponse : «Voltaire» (p. 91).

(Voltaire n’a pas dit ça. Au début du vingt-troisième chapitre de Candide, «Candide et Martin vont sur les côtes d’Angleterre; ce qu’ils y voient», au moment où Candide discute avec Martin sur le pont d’un navire hollandais, on lit : «Vous connaissez l’Angleterre; y est-on aussi fou qu’en France ? — C’est une autre espèce de folie, dit Martin. Vous savez que ces deux nations sont en guerre pour quelques arpents de neige vers le Canada, et qu’elles dépensent pour cette belle guerre beaucoup plus que tout le Canada ne vaut.» Pour une vidéo explicative sur l’expression «arpents de neige», c’est ici. Pour un florilège, .)

À la question «Nommez deux écrivains philosophes du XVIIIe siècle ?» («Littérature française»), Instruisons-nous retient deux noms : «Jean-Jacques Rousseau et Voltaire» (p. 127).

Quand on pense que l’année où paraît cet ouvrage, Marcel Trudel lance les deux volumes de l’Influence de Voltaire au Canada, on se dit que ces deux apparitions du nom de Voltaire, c’est bien peu.

P.-S.—Le frère Ferdinand n’est pas indifférent aux sports. «Nommez trois bons joueurs du “Canadien” en 1945» («Les sports») : «Richard, Blake, Lach» (p. 82). On aura reconnu les trois joueurs de la Punch Line : Maurice Richard, Toe Blake, Elmer Lach.

 

[Complément du 25 janvier 2023]

 

Références

Frère Jean-Ferdinand, f.m., Instruisons-nous, Lévis, Des ateliers de Le Quotidien, Ltée, 1945 (quatrième édition), 139 p.

Trudel, Marcel, l’Influence de Voltaire au Canada, Montréal, Fides, les Publications de l’Université Laval, 1945, 2 t. Tome I : de 1760 à 1850, 221 p.; tome II : de 1850 à 1900, 315 p.

Frère Jean-Ferdinand, f.m., Instruisons-nous, 1945, table des matières (partielle)

Supplément alimentaire

Soit la phrase suivante, de l’excellent Olivier Bouchard, sur Athlétique Montréal, le 28 juin :

«Caufield a […] des mains de fée dans des gants de soie et un tir du Tonnerre de Zeus. Pardon, des tirs : revers, tir du poignet, tir frappé sur réception… Le Tonnerre de Zeus, la Foudre d’Odin, la Lance d’Athéna, alouette et un chausson avec ça.»

Un non-amateur de hockey — Cole Caufield est un jeune joueur récemment repêché par les Canadiens de Montréal — pourrait avoir du mal avec la variété de ses tirs. C’est de la langue de puck et c’est expliqué ici.

Un non-amateur de mythologie ira voir sur Wikipédia pour Zeus, Odin et Athéna.

Et le «chausson» dans tout ça ?

Dans le Dictionnaire québécois instantané qu’elle cosignait en 2004 et qui vient de paraître en livre de poche, l’Oreille tendue offrait la définition suivante de chausson aux pommes :

Pour des raisons qui se perdent dans la nuit de l’histoire de la boulangerie et de la restauration rapide, le chausson aux pommes est le symbole du superflu et de la demande (jugée) exorbitante. L’expression a quitté le domaine alimentaire pour conquérir le terrain culturel. Emma trompe son bon mari Charles avec Léon Dupuis, puis avec Rodolphe Boulanger. Et elle voudrait être heureuse ! Un chausson aux pommes avec ça ? (p. 38)

Autre exemple (p. 186) : «Aujourd’hui, ils se donnent la main pour promouvoir une culture rave propre, saine et sans drogue. Un chausson aux pommes avec ça ?» (la Presse, 10 juillet 2001)

À votre service.

 

Références

Melançon, Benoît, en collaboration avec Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané, Montréal, Fides, 2004 (deuxième édition, revue, corrigée et full upgradée), 234 p. Illustrations de Philippe Beha. Édition de poche : Montréal, Fides, coll. «Biblio-Fides», 2019, 234 p.

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p. Préface de Jean Dion. Illustrations de Julien Del Busso.

Benoît Melançon, en collaboration avec Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané, éd. de 2019, couverture