De l’article Boulonnage
De l’article le Chandail de hockey (de Roch Carrier)
De l’article Décéder
De l’article Football (mots du ~)
De l’article Jouer cochon
« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
De l’article Boulonnage
De l’article le Chandail de hockey (de Roch Carrier)
De l’article Décéder
De l’article Football (mots du ~)
De l’article Jouer cochon
L’Oreille tendue ne fréquente pas beaucoup les pages du Journal de Montréal : elle n’a guère d’atomes crochus avec les chroniqueurs de la maison.
Ça ne risque pas de changer. Pourquoi ?
Le quotidien publie des notices nécrologiques (en échange de quelques centaines de dollars). Quand, dans une notice, le client, en l’occurrence l’Oreille, écrit «X est mort», le journal remplace d’office «mort» par «décédé», sans consultation — entre autres corrections inutiles.
Vous savez quoi, le Journal de Montréal ? Mêlez-vous de vos affaires.
P.-S.—Non, mourir et décéder ne sont pas des synonymes.
P.-P.-S.—«Bis» ? Oui, «bis».
P.-P.-P.-S.—Merci à la Presse+ de respecter la volonté des familles.
L’Oreille tendue est bien prête à le croire : tout le monde, dit-on, va mourir un jour. Elle n’en disconvient pas.
Cela étant, elle a beaucoup de mal à comprendre pourquoi de plus en plus de gens refusent d’employer le verbe mourir. Si tout le monde doit y passer, n’y aurait-il pas moyen de le dire simplement ?
Dès 2009, elle demandait une chose simple : «Laissez-les mourir.» Elle n’a pas été entendue. (Elle s’y attendait.)
Sur Twitter, elle a découvert, hier, que le mal est le même en français et en anglais : dans ces deux langues, l’euphémisme fleurit.
You know what fell out of fashion? Dying. Over the past 20 years, death announcements have mostly replaced the word "died" with euphemisms like "passed" or "departed". Source: https://t.co/IJWMbx29yb pic.twitter.com/AyBS3Zbdrc
— Simon Kuestenmacher (@simongerman600) May 2, 2019
Cela l’attriste, sans l’étonner.
C’est «une qualité qu’on doit reconnaître aux bourgeois à l’ancienne de ne pas recourir à cette langue de bois et de dire qu’on est mort, pas décédé ou parti».
Emmanuel Carrère, D’autres vies que la mienne, Paris, P.O.L, 2009, 309 p., p. 95.
Les médias — on s’en tiendra à eux aujourd’hui — n’aiment pas appeler la mort par son nom. Ce n’est pas la première fois qu’on le déplore ici.
Exemples nouveaux, tirés de l’actualité d’hier.
Sur le site Web de la Presse : «Claude Léveillée s’éteint.» Sur Twitter : «Décès de Claude Léveillée»; «Mes hommages à Claude Léveillée, décédé»; «Claude Léveillée est parti sur son cheval blanc»; «Claude Léveillée a enfourché son cheval blanc»; «Même si on l’avait vu venir, le départ de Claude Léveillée est triste…»; «Léveillée peut enfin s’endormir (en paix)»; «Le Québec vient de perdre un grand homme»; «Le grand Claude Léveillée nous a quitté» (on appréciera le singulier de quitté).
La situation est plus complexe au Devoir. Son site Web est clair, s’agissant du chanteur : «Claude Léveillée est mort.» (Merci.) Pour un poète et essayiste, dans l’édition papier, c’est beaucoup plus affecté : «Le jardin de l’écriture se referme sur Jean-Pierre Issenhuth» (9 juin 2011, p. B7).
«Le jardin de l’écriture se referme» ? L’Oreille tendue ne connaissait pas cette euphémisation particulièrement lyrique de la mort. Il y a des cas où elle préférerait — presque — décéder.