Histoires de chien et de politique

Il arrive à l’Oreille tendue de s’intéresser aux P.Q., les périphrases québécoises.

Ainsi, elle notait un jour que, le 27 mars 2012, Michel David, dans les pages du quotidien le Devoir, consacrait un texte à Thomas Mulcair, qui venait d’être élu chef du Nouveau parti démocratique du Canada. Il l’appelait le «pitbull de Chomedey» (p. 3).

Dans la Presse+ du jour, c’est Martin Coiteux qui devient «le pitbull de Nelligan».

Un esprit tordu pourrait se demander qui, du chien ou du politique, souffre le plus de la comparaison. Heureusement, l’Oreille n’est pas tordue.

Les sons de la famille Boulay

Le compositeur Pierre Boulez vient de mourir. Annonçant la nouvelle, le quotidien la Presse+ du jour commet toute une boulette.

«Boulay» pour «Boulez», la Presse+, 7 janvier 2015

La boulette est évidemment orthographique : Boulay pour Boulez.

Elle est cependant intéressante, en quelque déprimante sorte, sur le plan phonétique. Selon la Presse+, on ne dirait pas Boulaize, mais Boulai, voire Boulé.

Comme pour Les sœurs Boulay, auteures-compositrices-interprètes québécoises de leur état.

P.-S. — L’Oreille tendue s’en veut de ne pas avoir pensé à boulette quand elle a annoncé icelle sur Twitter. Sa collègue @LucieBourassa a eu l’oreille plus fine. Il est vrai qu’elle est mélomane, elle.

 

[Complément du 8 janvier 2015]

«Précision» parue dans la Presse+ du 8 janvier 2015

Cette «Précision», publiée dans la Presse+ du jour, devrait être, évidemment, un «Rectificatif».

Onomastique estivale

Sauf erreur de l’Oreille tendue, ce devait être ici, au cours de l’entretien donné par Sébastien Fréchette, alias Biz, du groupe Loco Locass, à René Homier-Roy, dans le cadre de l’émission radiophonique la Bibliothèque de René, le 30 mai 2014.

L’animateur voulait savoir : pourquoi «Biz» ? Réponse de l’intéressé : au Québec, trois métiers supposent l’emploi d’un surnom, danseuse topless, moniteur de camp de jour et rappeur. Or Biz fait partie de la troisième catégorie.

L’Oreille prolongerait doublement cette fort pertinente remarque.

Ne faudrait-il pas ajouter à ces catégories socioprofessionnelles les motards criminels (pas criminalisés) ?

Le fils aîné de l’Oreille, à leur grand plaisir, est moniteur dans un camp de jour cet été. Malheureusement, du moins pour lui, on n’utilise pas de surnom dans ce camp. Padthaï, ce sera donc pour une autre fois.

Religion et onomastique du 450

L’Oreille tendue ne veut pas se vanter, mais il lui arrive de quitter son île et de s’aventurer dans le 450. Pas plus tard que l’autre jour, elle s’est ainsi retrouvée dans une église de la Couronne nord pour y assister à un baptême. (Ce serait trop long de vous expliquer.)

Elle en tire deux remarques (il faut bien que le 450 serve à quelque chose).

Satan, si l’Oreille en croit le diacre-clown qui officiait (le mot est fort), existerait. Il faudrait en effet y renoncer publiquement. (Dans un autre baptême, tenu il y a cinq lustres, un prêtre a demandé à l’Oreille de renoncer à Satan «et à ses pompes». Il attend toujours sa réponse.) Y a-t-il d’autres moments dans la liturgie où il est question aujourd’hui de Satan ? L’Oreille s’interroge.

Comme il fallait bien s’occuper, elle en a profité pour lire le Semainier paroissial. Quelle belle mine onomastique ! Une brève étude de cet édifiant document révèle que la lettre a est de toutes la plus populaire dans l’immédiate banlieue francophone montréalaise, tant chez les garçons (deux Noah, Mikaël, Dilan, Mattéo, Malik, Xavier) que chez les filles (Camille, Alessia, Koralie, Julianna, deux Léa, Charlie, Rosalie, Annabella, Camélia, Jade, Adèle). En matière de consonnes, on les aime dures, c ou k (Camille, Mikaël, Koralie, Kyle, Loïc, Camélia, Malik). Les noms avec trait d’union sont rares (une seule occurrence : Emma-Rose), ce qui ne veut pas dire que les noms composés le soient (Mélyanne; parmi les parents, une Alexianne). Le prénom favori de l’Oreille ? Makayla : trois a, un k.

C’est une fille.

P.-S. — À côté de ces petits noms fleuris, il y avait aussi une Florence, un Olivier, une Émilie. Cela détonnait.

 

[Complément du 14 janvier 2016]

Qu’aurait pensé Diderot de cette vague onomastique, lui qui écrivait à Grimm, le 6 novembre 1769, qu’«on abaisse l’âme de ses enfants en leur donnant des noms bas et saugrenus» ?

 

Référence

Diderot, Denis, Correspondance, Paris, Éditions de Minuit, 1955-1970, 16 vol. Éditée par Georges Roth, puis par Jean Varloot.

Le néologisme du jour

Les pseudonymes des vedettes de la porno ne sont pas choisis au hasard. La linguiste Marie-Anne Paveau étudie la motivation de quelques-uns ici.

Comment les désigne-t-elle ? «Je parlerai pour ma part de pornonymes ou anthropornonymes […]».

Joli.

 

Référence

Paveau, Anne-Marie, «Signes, sexe and linguistique 6. Anthropornonymie : de “Justine” à “Clara Morgane”, les noms des pornstars», Pensée du discours, 25 octobre 2011.