Onomastique de puck

Contrairement à la plupart des professeurs d’université, les sportifs ont très souvent droit à un surnom. Au hockey, Maurice Richard était Le Rocket; Jean Béliveau, Le Gros Bill; Georges Vézina, Le Concombre de Chicoutimi.

Une publicité lancée il y a deux jours évoque deux de ces surnoms.

 

Patrick Roy parle d’un petit contenant de frites ? Bien sûr : Casseau est son surnom. Mario Tremblay se délecte par avance d’une tarte aux bleuets ? Qu’attendre de plus du Bleuet bionique ?

P.-S.—Pourquoi rassembler ces deux joueurs ? Parce que.

 

[Complément du 25 décembre 2021]

Version romanesque, chez Maxime Raymond Bock : «Morel a perdu son intérêt pour le hockey l’an dernier quand Peanut a échangé Casseau contre une caisse de pucks, lequel Casseau s’est empressé d’aller gagner la coupe dans les Rocheuses, avec feu les Nordiques par-dessus le marché. Un beau duo de perdants, Peanut et son Bleuet de coach» (2021, p. 281). Peanut est, bien sûr, Réjean Houle.

 

Référence

Raymond Bock, Maxime, Morel. Roman, Montréal, Le Cheval d’août, 2021, 325 p.

De l’utilité télévisuelle du Haddock illustré

Albert Algoud, le Haddock illustré, 2004, couverture

Dès le début de la série télévisée le Bureau des légendes, l’oreille du tintinophile se tend : un personnage est surnommé Moule à gaufres.

Dans la deuxième saison, le chat sort du sac, quand Guillaume Debailly, joué par Mathieu Kassovitz, livre un secret à sa fille. Tous les agents de la Direction générale de la Sécurité extérieure, son employeur, ont un surnom venu de l’œuvre d’Hergé : Malotru, Phénomène, Cyclope, Escogriffe, Rocambole, Anacoluthe, Coloquinte, Boit-sans-soif, Bachi-bouzouk, Doryphore, Mille sabords…

Pour s’y retrouver, la consultation du Haddock illustré est bien sûr recommandée.

P.-S.—Vous trouverez d’autres allusions tintinesques ici.

P.-P.-S.—L’Oreille tendue a dit un mot du vocabulaire de cette série .

 

Référence

Algoud, Albert, le Haddock illustré. L’intégrale des jurons du capitaine Haddock, Bruxelles, Casterman, 2004 (édition revue et corrigée), 93 p. Ill. Édition originale : 1991.

Changer d’identité familiale

Charles-Philippe Laperrière, Gens du milieu, 2018, couvertureEn 1760, Jean-Philippe Rameau, «le grand compositeur et célèbre théoricien de l’harmonie» (p. 9), se transforme, du moins brièvement, en «RAMEAU, l’oncle» (p. 96). C’est André Magnan qui raconte la chose dans son ouvrage Rameau le neveu. Textes et documents (1993). La réputation du neveu, Jean-François, a entraîné un changement d’identité familiale chez l’oncle, Jean-Philippe. (Voir ici.)

Soit la phrase suivante, tirée de Gens du milieu. Légendes vivantes, que fait paraître ces jours-ci Charles-Philippe Laperrière au Quartanier : «Sofika considère aussi qu’à la base de la politique officielle du multiculturalisme de 1971, dont Trudeau père est l’illustre porte-couleurs, il y a cette idée [etc.]» (p. 41). Il s’appelait Pierre Elliott Trudeau; il a été premier ministre du Canada; son patronyme suffisait. Il a eu des enfants; un de ceux-ci, Justin, est devenu premier ministre du Canada; son patronyme ne suffit plus; il est devenu «Trudeau père».

Parlera-t-on de conversion onomastique rétroactive ? De rétroconversion onomastique ?

 

Références

Laperrière, Charles-Philippe, Gens du milieu. Légendes vivantes, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 121, 2018, 178 p.

Magnan, André, Rameau le neveu. Textes et documents, Paris et Saint-Étienne, CNRS éditions et Publications de l’Université de Saint-Étienne, coll. «Lire le XVIIIe siècle», 11, 1993, 246 p. Ill.

Demande solennelle au Devoir

Josée Yvon et Josée Hivon dans le Devoir du 1er-2 octobre 2016

En page C8 du quotidien le Devoir du jour, on peut lire deux textes sur la «vie littéraire» québécoise.

En colonne de gauche, «Dix ans de folie et de parasitisme à Trois-Rivières. L’Off-FPTR est rapidement devenu le porte-voix d’une autre poésie québécoise». (Il y est question notamment d’une «une nouvelle génération de poètes complètement décomplexés».)

Juste à côté, «La Médiathèque littéraire Gaëtan Dostie devra fermer».

Dans les deux articles (voir la photo ci-dessus), on parle de la même poète, Josée Yvon. À gauche, son nom est écrit correctement; à droite, non («Josée Hivon», par contamination avec Véronique Hivon ?).

L’Oreille tendue demande solennellement au Devoir de ne plus confondre la PQ (poésie québécoise) et le PQ (Parti québécois).

Merci à l’avance.

Histoires de chien et de politique

Il arrive à l’Oreille tendue de s’intéresser aux P.Q., les périphrases québécoises.

Ainsi, elle notait un jour que, le 27 mars 2012, Michel David, dans les pages du quotidien le Devoir, consacrait un texte à Thomas Mulcair, qui venait d’être élu chef du Nouveau parti démocratique du Canada. Il l’appelait le «pitbull de Chomedey» (p. 3).

Dans la Presse+ du jour, c’est Martin Coiteux qui devient «le pitbull de Nelligan».

Un esprit tordu pourrait se demander qui, du chien ou du politique, souffre le plus de la comparaison. Heureusement, l’Oreille n’est pas tordue.